Exit Amady Diouf. Le nouveau procureur de la République près le tribunal de grande instance de Dakar c’est lui. Abdou Karim Diop, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était depuis 2021, l’adjoint de l’ex-patron du parquet.
Abdou Karim Diop est de la promotion 1999 du Centre de formation judiciaire. Il a entamé sa carrière dans les parquets à partir de 2000 où il a été affecté à Louga. Il y officiera jusqu’en 2003 en tant que substitut du procureur.
Ensuite, de 2004 à 2007, il a été affecté en qualité de substitut du procureur au tribunal régional hors classe de Dakar. De là, Abdou Karim Diop ira à la cour d’appel de Kaolack en qualité de substitut général où il officiera de 2008 à 2012.
En 2013, il reviendra au parquet de Dakar où il sera substitut du procureur, puis premier substitut du procureur, avant d’être muté en 2015 à la Cour d’appel de Dakar où il sera avocat général pour 3 ans.
De 2021 à 2022, il sera l’adjoint de Amady Diouf, en tant que procureur de la République adjoint près le tribunal de grande instance hors classe de Dakar.
Aujourd’hui, Abdou Karim Diop trouvera plusieurs dossiers sur son bureau. Les plus récents sont certainement le rapport de la Cour des comptes sur l’utilisation du fonds force covid-19, l’enquête sur la disparition et la mort des deux hommes de Tenue Didier Badji et Fulbert Sambou. Les nombreux rapports de l’Ofnac aussi l’y attendent, de même que l’affaire “Sweet Beauté” etc.
Le nouveau procureur général de la Cour d’appel de Dakar, il y a 16 ans, avait été suspendu de ses fonctions pour une durée de 5 ans.
Nous sommes en 2006. Des magistrats ont été épinglés suite à l’éclaboussement du scandale de corruption dans la justice. Momar War Seck, l’homme accusé d’avoir soudoyé des magistrats à hauteur de 15 millions de francs pour se tirer d’affaires. Dans ce dossier, le sieur Seck est poursuivi pour corruption et association de malfaiteurs.
Des sanctions disciplinaires sont tombées sur la tête de plusieurs agents de la justice. Parmi eux, l’avocate générale, Aminata Mbaye, le premier substitut du procureur de la République, Bamba Niang, le juge Turpin, le greffier, Yabal Guèye Dieng, qui avait fui.
Contrairement aux mis en cause cités supra, Ibrahima Bakhoum, alors prédécesseur de Bamba Niang au poste de 1er substitut du procureur de la République, a été rattrapé par le dossier.
En effet, il a été le premier à avoir enrôlé l’affaire opposant Mohamed Guèye à Momar War Seck en sa qualité de premier substitut du procureur de la République. Il sera, par la suite, remplacé à ce poste par Bamba Niang, également cité dans cette affaire de corruption, avant d’être affecté à Ziguinchor (sud). Une affectation qui, selon certaines indiscrétions, relèverait d’une mesure disciplinaire.
A l’instar des autres mis en cause, Me Bakhoum lui a été interdit d’exercer ses fonctions le temps que le conseil supérieur de la magistrature décide de son sort.
L’inspection général de l’administration de la justice fini par blanchir le juge Malick Lamotte qui avait hérité du dossier Khalifa Ababacar Sall et renvoie les autres prévenus devant le conseil de discipline de la magistrature qui s’est réuni en deux reprises en août 2006.
A la surprise générale, l’instance a décidé de ne pas s’autoflageller. Elle a juste envoyé Aminata Mbaye à la retraite anticipée avec maintien de ses droits. Une interdiction d’exercer pendant 5 ans de certaines fonctions pour Théophile Turpin et une suspension de 5 ans de ses fonctions de substitut général au parquet de la Cour d’appel de Ziguinchor et de premier substitut du procureur de la République pour le nouveau procureur général de la Cour d’appel de Dakar.
Il lui était en outre, interdit d’exercer ses fonctions de procureur de la république adjoint, de juge d’instruction, de chef de parquet, ou de juridiction .
A noter que tous ces magistrats impliqués dans cette affaire n’ont pas été sanctionnés pénalement.
Pour rappel, c’est sous le contrôle de l’opinion publique que la magistrature a soldé ses comptes avec ses pensionnaires indélicats. L’affaire ayant été portée sur la place publique à la faveur de l’enregistrement par Djiby Ndiaye, collaborateur de Youssou Ndour au moment des faits et complice de Momar War Seck et surtout la diffusion dans la presse, des conversations des différents intervenants dans la chaîne de corruption.