La volonté de la compagnie de distribution d’électricité de faire adopter à tous les consommateurs d’électricité le compteur prépayé Woyofal est illégale et devrait cesser. La Commission de régulation a mis la Senelec en demeure de cesser cette pratique. Mais en privé, des cadres de la maison estiment que sans Woyofal, leur compagnie serait «condamnée à mort». C’est dire si les enjeux sont importants.
Le combat engagé par un client de Senelec contre la volonté de la compagnie d’électricité de lui imposer une facturation en mode de prépaiement a mis en lumière les enjeux de ce système. En effet, après le bras de fer de M. Fofana, la Crse a mis en demeure la Senelec. D’ailleurs, la Commission de régulation du secteur de l’électricité révélait déjà dans un rapport datant de janvier de l’année dernière que la Senelec ne s’était concertée avec aucun de ses partenaires avant de décider de faire basculer sa clientèle au système prépayé, communément appelé «Woyofal».
A l’occasion déjà, dans son rapport sur la sécurisation des systèmes de comptage de Senelec, l’Autorité de régulation estimait à l’intention de l’opérateur que «la mise en œuvre du système prépaiement devrait permettre aux usagers de gérer leur consommation d’énergie. Toutefois, compte tenu de l’importance du projet, la Commission aurait dû être formellement saisie avant sa mise en œuvre». Non seulement la Senelec n’avait pas discuté de la mise en œuvre du projet Woyofal avec sa tutelle, elle n’avait non plus pas jugé nécessaire de consulter le régulateur sur l’opportunité de l’entrée en mesure de cette initiative.
Sans doute les dirigeants de la boîte ont-ils jugé que les enjeux couvraient largement les inconvénients. En effet, il n’y a pas longtemps, un cadre très haut placé dans la hiérarchie de la société expliquait en termes de confidences à une de ses connaissances que «si le Woyofal ne passe pas, la Senelec est morte». Malheureusement, cet argument n’est pas passé auprès de la Commission de régulation du secteur de l’énergie. La Crse a, en effet, décidé de mettre en demeure la boîte du Dg Makhtar Cissé, à la suite d’une plainte déposée par l’association de défense des consommateurs, l’Ascosen. Il lui est demandé de ne plus imposer le compteur prépayé aux consommateurs.
La structure de Momar Ndao a fait valoir que le Règlement de service dispose que «l’énergie électrique est vendue au compteur et payé par bimestre». Interpellée, la Crse a confirmé à Momar Ndao que cette disposition était toujours en vigueur et qu’aucun autre mode de paiement, notamment par système prépayé, n’avait pas été discuté à ce jour. D’ailleurs, dans son rapport d’enquête de janvier 2015, la Crse demandait à la Senelec de «solliciter l’approbation du ministre chargé de l’Energie et de la Commission de régulation, les conditions et modalités de passage des clients du mode post-paiement en prépaiement».
Les consuméristes reconnaissent néanmoins que pour la compagnie, comme l’a déclaré l’un de ses cadres, les enjeux du prépaiement sont importants. En effet, en plus des avances de trésorerie constituées par les crédits payés à l’avance par de nombreux clients, il y a l’annulation des charges créées par les milliers de démarcheurs chargés de relever les compteurs ou de couper le courant aux mauvais payeurs. Sans compter la fin de la hantise du courant volé.
Mais beaucoup de clients confortés dans leur refus par le président de l’Ascosen, indiquent que la Senelec ne peut souffrir de problèmes de trésorerie à l’heure actuelle. Momar Ndao révèle que «depuis la baisse du prix du baril de pétrole, la Senelec n’est plus subventionnée par l’Etat et a fini par se passer des 140 milliards annuels qui lui étaient versées en compensation de ses tarifs. C’est dire que la trésorerie de la boîte est bonne. L’enjeu est donc maintenant de maintenir la bonne santé financière». Mais pas en imposant aux consommateurs des mesures illégales, comme le Woyofal à ceux qui n’en voudraient pas.
D’autant plus que le prétexte de dire que les compteurs post-payés sont en rupture de stock ne tient pas. Le même compteur Woyofal est conçu de manière à pouvoir aussi faire du post-payé.
Source Le Quotidien