Il a suffi de rendre le communiqué officiel pour que les langues se délient et se libèrent totalement pour parler de nouveau, de cette relation entre deux anciens dirigeants du Sénégal.
Depuis la semaine dernière, le débat entre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, particulièrement leur compagnonnage politique refait surface. Le secrétaire de l’ancien président Wade a sorti le communiqué sur le rendez-vous au téléphone avec Abdoulaye Wade. Mais que peut cacher cet entretien dans un contexte socio-économique et politique particulier, même si, la norme voudrait que d’anciens présidents puissent se parler fréquemment ?
« D’anciens adversaires politiques redoutables, le successeur de Léopold Sédar Senghor et le père du libéralisme au Sénégal ont marqué la politique sénégalaise depuis les indépendances. Dans la plupart de leurs confrontations en politique, les deux hommes ne se sont pas fait de cadeaux. D’avril 1991 à octobre 1992, l’ancien président Wade a été ministre d’État auprès du président de la République Abdou Diouf dans un gouvernement d’union nationale. De 1995 à 1997, il occupe le poste de ministre d’État auprès du président de la République du Sénégal dans le gouvernement de Habib Thiam.
Après vingt-six ans d’opposition politique tenace au régime socialiste, d’abord face à Léopold S. Senghor, ensuite à Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, « aidé » par la conjonction de plusieurs facteurs, entre autres la « situation économique difficile » mais aussi d’ordre politique, a donc su à la tête d’une importante coalition, mobiliser les masses populaires autour d’un slogan « détrôner le PS. » Ainsi, après des années d’âpres luttes face au régime socialiste qui l’a mis en prison plusieurs fois, Wade éjectera Abdou Diouf du palais en s’entourant d’une forte coalition pour réaliser la première alternance. Mais qu’est devenu le successeur de Senghor depuis 2000 ? Abdou Diouf ne s’est jamais prononcé sur la politique au Sénégal depuis la fin de son règne qui verra le flambeau du parti socialiste être porté par le défunt secrétaire général Ousmane Tanor Dieng. Dans un entretien qu’il avait eu dans une chaîne française, l’ancien président natif de Louga a même évoqué sa relation avec les deux chefs d’État qui se sont installés après lui : notamment Abdoulaye Wade et Macky Sall. « Quand j’ai quitté le Sénégal, je suis parti avec l’avion présidentiel que le président Wade avait mis à ma disposition pour aller le représenter au sommet Europe-Afrique au Caire. J’ai été invité par sa majesté le Roi du Maroc à venir passer quelques jours chez lui… » Diouf, parlant de ses relations avec Wade et Macky soutient en novembre 2014 : « J’ai des relations plus suivies avec Macky Sall et moins suivies avec Wade… »
Ces relations sont-elles toujours à l’ordre du jour ? Quel apport pour le Sénégal avec un rapprochement avec un ancien adversaire politique après un coup de fil annoncé par le parti libéral?
22 ans après « une longue distance », les deux hommes d’État du Sénégal se sont parlé au téléphone. Mais à quelles fins à quelques mois des élections présidentielles de 2024 ? « Deux anciens présidents qui se parlent au téléphone, tout comme un chef d’Etat en exercice et un ancien président ne devrait pas, dans l’ordre normal des choses poser problème. C’est simplement, selon le Professeur Ibrahima Bakhoum, qu’il s’est passé plusieurs choses au Sénégal et entre ces hommes politiques, que le fait qu’ils échangent au téléphone étonne les gens. En ces moments où les problèmes de rétablissement de droits à des opposants qui avaient perdu leurs droits se pose, au moment où la conjoncture, la situation économique inquiète, au moment où le débat sur un troisième mandat fait rage, quelles doivent être les conséquences d’un « début » d’échanges entre deux hommes politiques qui partagent presque le même terroir (Louga et Kébémer) ? Est-ce qu’ils ne sont pas en train de donner un message aux hommes politiques actuels? Mystère et boule de gomme…
Pour le moment, il a été simplement évoqué dans ce communiqué, que les deux anciens chefs d’Etat ont parlé de la paix au Sénégal, en Afrique et dans le monde sans oublier d’évoquer de vieux souvenirs
DAKARACTU