La Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Tambacounda a condamné mercredi à huit ans de travaux forcés le jeune Bourama Bâ reconnu coupable du meurtre de son frère aîné qu’il avait poignardé, lors d’une bagarre au champ.
Les faits remontent au 29 septembre 2014, quand lors d’une bagarre aux champs, près du village de Lycounda entre les deux frères, Alpha et Bourama, le premier avait poignardé le second, qui décédera quelques heures plus tard à l’hôpital.
Le certificat de genre de mort du chirurgien, faisait état d’une ‘’éviscération grêlique à travers deux plaies communicantes à l’abdomen’’ et avait conclu à une mort par hémorragie interne.
Devant la barre, Bourama persiste à dire qu’il a donné un seul coup à son frère aîné, malgré l’insistance du président de la chambre Hippolithe Ndèye, lui faisant remarquer qu’ ‘’un seul coup de couteau ne peut pas provoquer deux plaies’’.
L’avocat général Demba Traoré est allé plus loin, en indiquant que les gendarmes ont fait cas de trois plaies. Pour lui, l’accusé donne l’impression de ne pas regretter son acte, continuant à mettre tout le tort sur le dos de son défunt frère, rapporte l’agence de presse sénégalaise.
Il a ajouté qu’à ce stade, l’accusé avait ‘’dépassé la légitime défense et était dans la vengeance’’, si tant est qu’il avait reçu des coups de bâton comme il l’a affirmé.
Vu les parties visées, à savoir l’abdomen et le flanc, ‘’il savait que son pronostic vital était engagé’’, a-t-il relevé, laissant entendre qu’il avait la volonté de tuer son frère.
Il a, par conséquent, requis 15 ans de travaux forcés contre Bourama Bâ.
Selon le procès-verbal d’interrogatoire, Bourama, tout en reconnaissant les faits, avait expliqué que le jour du drame, il avait eu une altercation avec Alpha qui lui reprochait de ‘’ne pas s’investir assez dans les travaux champêtres’’.
Le document ajoute que Bourama avait aussi rapporté que son grand-frère l’avait menacé de lui régler son compte s’il le trouvait au champ.
Mettant sa menace à exécution, Alpha l’avait frappé d’un coup de bâton au cou. Se relevant, il lui a planté un couteau dans le ventre, avait-il poursuivi, précisant qu’il n’avait pas délibérément choisi de l’atteindre au ventre.
‘’C’est à des cas exceptionnels qu’un frère tue un frère’’, a souligné Me Djiby Diagne l’un des conseil de l’accusé, demandant une requalification des faits en coups et blessures volontaires sans intention de la donner, étant donné que le couteau dont son client s’est servi pour s’en prendre à son frère, avait une fonction spécifique, celui de couper des épis de mil.
Me Diagne a invité la chambre à lui faire bénéficier de circonstances, l’accusé étant un ‘’presque-mineur’’, âgé de 18 ans, et qui est le ‘’bras séculier de sa famille’’.
Il a aussi appelé le juge, à travers son rôle de ‘’régulateur social’’, à aider son client à se réinsérer dans la société.
Me Djiby Diagne a aussi invoqué la légitime défense, dont le premier critère, à savoir le caractère injuste de l’agression, est établi, à son sens.
S’y ajoute qu’il a été attaqué avec un bâton par plus fort que lui, alors qu’ils étaient seuls en brousse. Il a en outre fait état d’excuse de la provocation. En être humain, Bourama ayant été traité de paresseux et battu, n’a pu se maîtriser.
Me Alassane Diallo a noté que l’accusé s’était bel et bien amendé, lors de l’interrogatoire devant les gendarmes, et avait dit regretter et son acte et demandé pardon à la justice.
Il a demandé la clémence de la chambre à l’égard de l’accusé qui est aussi ‘’victime, parce qu’il a perdu son grand-frère’’.
Après délibérations, la chambre a condamné Bourama Bâ reconnu coupable de meurtre à huit ans de travaux forcés.