Le parrainage bat son plein. Les opérations sont toujours en cours et vont prendre fin le 13 décembre prochain. Il reste alors peu de temps aux potentiels candidats pour réunir les 65 mille voix nécessaires.
Malheureusement, pour nombre d’entre eux, on est encore loin du compte. Certains n’ont réuni que 3 mille, d’autres 7 mille, etc. La réalité est que l’on est loin du compte. Et pour cause !
Il indispensable pour tous d’avoir au moins 2 mille voix par région. Un maillage très difficile pour nombre de candidats qui ne sont en réalité connus que dans leurs fiefs.
Pis, 65 mille, c’est beaucoup. Et malheureusement, le ‘’piège’’ est en train de se refermer autour de potentiels candidats à la présidentielle. Comme au Cameroun où au moins 11 candidats ont été recalés du fait d’un parrainage plus radical encore que ce qui se passe au Sénégal, les candidats qui seront admis comme tels par le Conseil constitutionnel pourraient être moindre.
C’est vrai que jusqu’ici, chacun se bat comme un beau diable pour remplir les conditions, mais à l’impossible nul n’est tenu.
En dehors alors du cas de Me Mame Adama Guèye qui a été très réaliste, d’autres candidats pourraient emboucher la même trompette du désistement.
Car, que l’on ne se voile pas la face : Beaucoup de potentiels candidats sont inconnus du grand public et d’autres dirigent de petits partis ou des mouvements qui ne leur assurent aucune forme de popularité dans l’immédiat.
C’est peut-être pour cette raison que l’opposition s’était battue en son temps pour barrer la route au parrainage et que, de son côté, le pouvoir avait tout fait pour le maintenir.
C’est alors le moment, au lieu de continuer le processus, pour beaucoup de leaders, de discuter pour former des coalitions afin de soutenir le candidat de leur choix. Cela ne voudra pas dire une candidature unique, mais une forme de pluralité limitée des candidatures pour éviter de disperser les forces et surtout les énergies. Car, c’est ce à quoi l’on assiste actuellement. Cette forme de campagne électorale qu’instaure le parrainage est en train de vider les maigres ressources de la plupart des candidats contraints à descendre d’une façon permanente sur le terrain.
Or, il est clair que l’opposition, pour ne pas s’essouffler et perdre la face, pourrait se regrouper en trois blocs avec des candidats ciblés et réunir leurs forces autour de ces derniers.
Car, à l’épreuve de la pratique, on se rend compte qu’il n’est pas réaliste de demander à tous un tel nombre de parrains sur l’ensemble du territoire national. Ce n’est pas réalisable pour tous.
Une situation qui donne raison à ceux qui pensaient que le parrainage était loin d’être une loi consolidante. C’est une démarche discriminatoire qui inaugure une bipolarisation de l’espace politique. Les petits partis et les mouvements insignifiants, devront, à terme, se résoudre à entrer dans les rangs des grands partis et à se dissoudre faute de pouvoir valablement participer à des élections.
Au demeurant, si le processus continue ainsi jusqu’au 13 décembre, les candidats recalés pourraient ne pas accepter cette donne et s’inscrire dans une dynamique de contestation.
Mieux, on peut légitimement se demander comment le Conseil constitutionnel va assurer le contrôle de toutes ces signatures dans une société ou nombre de citoyens ne savent pas signer.
Des préoccupations qui pourraient en rajouter à la confusion générale que va susciter le parrainage, dans sa phase finale au Conseil constitutionnel.
Assane Samb