Le Président Macky Sall a pris acte de la décision du Conseil Constitutionnel et promet d’organiser les élections dans les meilleurs délais. Mais le chef de l’État ne risque-t-il pas de jouer sa dernière carte en se présentant lui-même à la place d’Amadou Ba pour maximiser les chances de son parti ?
Interrogé par le média Jeune Afrique, l’écrivain et philosophe sénégalais Felwine Sarr a abordé cette question. Selon lui, Macky Sall pourrait invoquer la stabilité du pays pour justifier sa candidature. Cependant, les Sénégalais semblent avoir anticipé cette éventualité et ont fermement réagi.
« Le président Macky Sall a certes assuré qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, mais en précisant que la Constitution lui en donne le droit. Ce qui n’est pas le cas. La Constitution sénégalaise est claire sur ce point. Il a justifié son renoncement par la volonté de respecter non pas la Constitution, mais la parole donnée. En entendant cela, on ne pouvait s’empêcher de penser qu’il se réservait le droit, un jour, dans des circonstances qualifiées d’exceptionnelles, de représenter sa candidature et de se poser en garant de la stabilité dans un Sénégal en plein chaos. C’est pour cette raison que, malgré les répressions et les violences policières, les Sénégalais ont décidé de ne pas braver les interdictions de manifester, d’attendre patiemment le jour du vote, pour ne pas lui permettre de justifier un état d’exception », a-t-il déclaré.
Cependant, même si Macky ne se présente pas, Felwine Sarr pense que le chef de l’État pourrait tenter de remplacer Amadou Ba. « Il apparaît que la candidature d’Amadou Ba n’a pas réussi à faire l’unanimité dans son camp, c’est évident ; l’union sacrée autour de lui semble difficile à réaliser. Les siens l’ont fragilisé, le comble étant cette accusation de corruption du PDS, non étayée, mais que les députés de Benno Bokk Yakaar ont votée alors que le Premier ministre est nommément cité. De toute évidence, ils souhaitent le remplacer par un candidat qui, selon eux, leur offrirait davantage de chances de l’emporter », a affirmé Felwine Sarr sur Jeune Afrique.