Les Législatives du 30 juillet 2017 pouvaient être un test grandeur nature pour certaines personnalités désireuses d’accéder au plus haut destin politique pour avoir déjà dirigé des collectivités locales à l’échelon départemental. Malheureusement, dans bien des cas, on a mis les charrues avant les bœufs à cause d’une erreur d’appréciation qui frise l’empressement. Abdoulaye Badé, Aïda Mbodj, Modou Diagne Fada, Me Aïssata Tall Sall… ont-t-ils été perdus par le fait de vouloir se conférer une envergure nationale alors qu’il leur fallait, préalablement, consolider un leadership local dans un contexte où le vote est plus affectif qu’objectif? Il coule de source que ces présidentiables recalés devaient d’abord maitriser leurs départements respectifs, sachant que la majorité au pouvoir allait marcher sur leurs plates-bandes. Tous tant qu’ils sont, lors des Locales de 2014, ils avaient focalisé leurs forces sur leurs différentes localités pour remporter ces élections dans beaucoup de communes. Prenons l’exemple de Ziguinchor. L’Alliance pour la République, pour endiguer la concurrence de Abdoulaye Baldé, y a fixé un commando de leaders qui ont occupé le vide créé par le maire de Ziguinchor, obnubilé, depuis 2012, par la massification de son parti l’Union des centristes du Sénégal (Ucs). L’édile de Ziguinchor, après sa victoire de 2009, devait s’assurer qu’il avait le département « dans sa poche » avant de chercher une base nationale.
A rebours, Moustapha Guirassy, auteur de prouesses remarquable à Kédougou, a choisi de concentrer son énergie sur l’électorat local pour tirer son épingle du jeu. Selon nos sources, lors de la confection des listes de la coalition Kaddu Askan Wi, des éléments, de l’entourage de premier cercle de Guirassy, contestaient leurs positions. L’ancien ministre de la Communication, réputé pour son sens du management organisationnel, fera retirer leurs noms de la liste nationale pour, par souci d’efficacité, demander qu’on investisse ces derniers sur la liste départementale.
Sur ce registre toujours, les têtes de gondole de Benno Bokk Yakaar, comme le président Moustapha Niasse et des « super-ministres » de la République, ont été investies sur les listes départementales pour inciter à une meilleure proximité avec la base.
En définitive, si le statut occupé sous l’aile protectrice de vétérans de la trempe de Me Abdoulaye Wade ou de Ousmane Tanor Dieng peut conférer l’illusion d’être sur une rampe de lancement vers la Présidence de la République, les résultats partiels issus des Législatives de 2017 sont autant de ralentisseurs d’ambitions qui confirment l’adage selon lequel : « Un tiens, vaut mieux que deux tu l’auras ».