Au moins 3.000 membres de la minorité musulmane rohingya sont passés au Bangladesh ces trois derniers jours pour fuir la nouvelle flambée de violences en Birmanie, ont annoncé lundi les Nations unies.
« Le Haut-Commissariat aux réfugiés et les agences de l’ONU dans les camps agréés ont estimé que plus de 3.000 +nouveaux arrivants+ ont été recensés », a déclaré Joseph Tripura, porte-parole du HCR. « Nombre de ces nouveaux arrivants sont des femmes et des enfants », a-t-il ajouté.
Le Bangladesh estime à plusieurs milliers le nombre de membres de cette communauté paria qui se trouvent à proximité de sa frontière avec la Birmanie, où les Rohingyas sont persécutés de longue date.
Plus de 400.000 réfugiés rohingyas se trouvent déjà au Bangladesh après avoir fui des vagues de violences précédentes.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres est « profondément préoccupé » après des informations concernant la mort de civils lors d’opérations sécuritaires dans l’Etat Rakhine, dans l’ouest birman, a indiqué lundi dans un communiqué à New York son porte-parole. Il estime que les autorités birmanes doivent « assurer la sécurité de ceux qui en ont besoin et leur fournir de l’aide », selon la même source.
L’Etat Rakhine connaît depuis plusieurs années de fortes tensions entre musulmans et bouddhistes. Des opérations militaires et des attaques de rebelles rohingyas ont récemment enclenché un nouveau cycle de violences.
Une centaine de personnes ont péri depuis vendredi dans ces affrontements.
Mohammad Ziabul, un fermier de 27 ans, a raconté avoir fui la Birmanie après que des soldats ont tué son frère.
« J’ai pris deux balles: une dans la main gauche et une à la tête. Mon grand frère Dil Mahmud a aussi été atteint par une balle, il est mort sur le coup », a-t-il relaté à l’AFP.
Considérés comme des étrangers au sein de ce pays à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas sont apatrides même si certains vivent en Birmanie depuis des générations.
Ils n’ont pas accès au marché du travail, aux écoles, aux hôpitaux et la montée du nationalisme bouddhiste ces dernières années a attisé l’hostilité à leur encontre.
Mais les arrivées de Rohingyas ne sont guère vues d’un bon oeil par le Bangladesh, pays à majorité musulmane. La police les accuse de commettre des délits, comme le trafic de drogues.
« Reconnaissant l’accueil généreux procuré par le Bangladesh aux réfugiés en provenance de Birmanie depuis des décennies, le secrétaire général (de l’ONU) demande aux autorités (du Bangladesh) de continuer à laisser les Rohingyas fuir la violence et chercher la sécurité » dans leur pays.
« La plupart de ceux qui fuient sont des femmes et des enfants, dont certains sont blessés », a précisé Antonio Guterres, cité par son porte-parole.
Le Vatican a annoncé lundi une visite du pape François fin novembre en Birmanie et au Bangladesh, un déplacement au cours duquel le souverain pontife devrait évoquer le sort des Rohingyas dont il prend régulièrement la défense.
Avec courrierinternational.com