Il y a dix ans jour pour jour, le patron du géant Apple, Steve Jobs, annonçait devant une salle enthousiaste la commercialisation du premier iPhone, un appareil qui allait révolutionner la téléphonie, Internet, et changer la vie de nombreux habitants sur la planète. Le cap du milliard de modèles vendus a été franchi. L’iPhone et ses concurrents sont devenus des outils incontournables.
Nenad Cetkovic, cadre dans une société spécialisée dans le commerce électronique à Paris, et passionné de technologie, se souvient avec émotion d’un colis venu en 2007 des Etats-Unis. A l’intérieur : son premier iPhone, qu’il avait fallu « bricoler » pour lui permettre d’accéder au réseau français. Un appareil « venu de nulle part », explique-t-il.
« Ce qui était innovant, c’était la capacité de mixer la musique, les applications, avec une interface et une ergonomie très originales, très loin des téléphones à clapet, des claviers en dur, des touches microscopiques. Ça donnait envie, on ne pouvait pas attendre. » Détail amusant : ce père de famille a récemment lâché l’iPhone pour un terminal chinois, plus adapté selon lui à ses besoins, notamment en terme d’autonomie de batterie.
Le smartphone, un « miroir de soi-même »
De version en version – quinze au total -, l’iPhone est devenu de plus en plus performant, avec des usages toujours plus nombreux : téléphone bien sûr, mais aussi mail, carnet d’adresse, ordinateur, appareil photo, vidéo, musique, console de jeux, GPS. Au total, des milliers d’applications plus ou moins utiles. Un vrai couteau suisse, qui peut nous occuper à plein temps.
C’est justement ce qu’a analysé Judith Aquien dans Peut-on vivre sans smartphone ? Cet outil « a même absorbé la fonction de tromper l’ennui, de se présenter au monde », analyse-t-elle. « On est sans cesse rivés à cette machine, les moments de contemplation sont de plus en plus rares, car en fait, on contemple ce miroir de soi-même ! C’est un outil qui semble mettre en lien avec tout, totalement fascinant, et qui rend accro. »
Dans nos sociétés, une autre relation à autrui
Le smartphone, un prolongement de nous-mêmes. Mais, et c’est tout le paradoxe, il a aussi révolutionné notre rapport aux autres. On ne communique plus nécessairement avec les personnes qui sont proches géographiquement, on s’ouvre sur le monde.
Cet outil a aussi changé notre rapport à l’écriture : le courrier classique enterré, on écrit sur son téléphone, comme on parle. L’iPhone a par ailleurs permis l’explosion du commerce en ligne. Le Chinois Ali Baba, les Américains Amazon ou encore Facebook, le roi des réseaux sociaux, peuvent dire « merci » à Apple et à ses concurrents.
Samsung, HTC, puis Huawei : la concurrence
Sauf que l’iPhone ne se vend plus aussi bien qu’avant. Il plombe même les résultats du groupe Apple. Le Chinois Huawei, troisième fabricant mondial de smartphones, vient de dévoiler à Las Vegas son ambition : envahir le marché américain avec son milieu de gamme, le Honor 6X, beaucoup moins cher que l’iPhone. Pour garder sa première place, Apple va donc devoir innover.
Valérie Fernandez, responsable du département des sciences économiques et sociales à l’école Télécom ParisTech, confirme que « la concurrence est présente ». Mais selon elle, « il reste à Apple une culture du design. Il lui reste quelques parts de marché intéressantes pour l’univers de consommateurs qui attendent d’abord et surtout des dispositifs faciles d’usage. »
Sortir de l’obsolescence programmée
L’un des défis pour les prochaines années, c’est aussi le modèle de fabrication de ces smartphones, conçus pour mourir rapidement, au mépris de l’éthique et de l’environnement. Le smartphone durable existe déjà, mais il est cher lui aussi, et il est loin d’être aussi performant.