« Nos chagrins et nos déceptions sont, au fond, notre œuvre; le fait vient du dehors, l’effet vient de nous. Chaque vie se construit son tombeau, chacune de nos actions engendre un démon ou un ange chargé de la punir ou de la récompenser », disait Henri-Frédéric Amiel, parlant de la déception dans son journal intime.
En voilà une pensée qui justifie aisément et permet facilement de comprendre la colère noire, lisible dans le cœur de ces deux rappeurs du groupe Keur Gui de Kaolack, résolument distingués par leur rap engagé, qui va parfois au contre courant de ce que nous avons l’habitude d’écouter mais aussi d’entendre tous les jours…
Ces jeunes qui avaient combattu et qui étaient fortement impliqués dans ce combat, au côté de toute cette jeunesse qui en avait marre du règne du président Wade avec une opposition qui, au gré de tous les vents chauds d’un président accusé de tout bord et de tout côté de népotisme politique mais aussi et surtout d’un bradage des biens collectifs, par le biais d’une gouvernance vertigineuse et improductive, avaient finalement, selon certains d’entre eux, fait un mauvais choix…
Cette déception étant à l’origine de cette colère manifeste et visible de ces membres très actif du mouvement Y’en a marre, explique l’expression de ces visages colériques, bileux voire irascibles.
Ainsi, à l’image de ce que nous avons dit dans nos toutes premières lignes et de cette pensée du grand Pierre-Claude-Victor Boiste qui disait dans son dictionnaire universel « la colère est une bête cruelle et furieuse, l’homme en colère n’a plus aucune retenue » on comprend commodément, ces rappeurs qui ont joué leur rôle même si la manière n’a pas été des meilleures car l’on peut bien être audible sans besoin de vociférer.