(12 photos)-Conseil Constitutionnel : Les riverains n’en peuvent plus

Un quartier complètement quadrillé, des ruelles bloquées avec des barrières mises en place par des dizaines d’éléments de la gendarmerie, le quartier zone 17 de Ngor-Almadies étouffe. La grande rue 96, qui abrite le siège du Conseil constitutionnel, a changé de visage, depuis quelques semaines avec la présence des forces de l’ordre. Ce, au grand dam de ses habitants qui dénoncent ce qu’ils comparent à « un état de siège ».

11 heures passées. L’ambiance est vivante aux alentours du siège du Conseil constitutionnel. Le décor fait peur. Les forces de l’ordre sont sur le qui-vive pour veiller à la sécurité des 7 Sages et des lieux. Une situation qui ne manque pas d’impacter le quotidien des populations de ce paisible quartier.

« Nous sommes fatigués, nous vivons un calvaire indescriptible depuis le 11 décembre (date de démarrage des dépôts de dossiers de candidature, ndlr), martèle Fama, cette mère de famille, la quarantaine environ. Les politiciens ont pris d’assaut notre quartier. Parfois même ils se battent. C’est vraiment dur pour nous. »

Tenant la main de son petit garçon, Fama, l’air dépité, s’indigne: « Même pour sortir, nous rencontrons d’énormes difficultés. Nos élèves sont aussi gagnés par la peur avec la présence massive et permanente de ces forces de l’ordre devant nos maisons. L’État doit revoir cela, la politique ne vaut pas toutes ces agitations. »

Trouvé devant la porte d’un immeuble imposant situé non loin du Conseil constitutionnel, Abdoulaye Tine, un vigile d’âge avancé, lit tranquillement son journal. Depuis deux ans qu’il officie dans le quartier, il n’a jamais vécu un tel calvaire.

« Nous sommes fouillés, palpés, alors que nous sommes devant chez nous. On ne comprend pas cette situation dans laquelle les hommes politiques nous sont mis, se désole-t-il. Hormis les gendarmes en tenue, il y a beaucoup d’autres en civil qui passent tout leur temps ici. A chaque fois, on te demande de t’identifier, de jour comme de nuit. Je les aperçois toutes les nuits en train de faire des rondes régulières. »

« Faire déménager le Conseil constitutionnel »
Sac à main au vent, Seynabou Ndiaye, de son côté, est jeune étudiante dans un célèbre institut de la place. Vivant à quelques mètres du siège du Conseil constitutionnel, elle n’a plus le droit de circuler librement dans son propre quartier. Une anecdote : « L’autre jour, je suis rentrée de mon école, une fois arrivée, ils ont ordonné au taxi de faire demi-tour. Je leur ai signifié que je suis du quartier, mais ils ne voulaient pas nous laisser passer. J’étais obligée de descendre pour marcher. C’est très difficile pour nous. »

Pour la demoiselle, la solution c’est de faire déménager les 7 Sages, et elle sait où : « Il faut envisager faire déménager le Conseil constitutionnel au Plateau, vers le palais présidentiel, ou bien au Pôle urbain de Diamniadio. Comme ça, ils ne léseront personne. C’est l’appel que nous lançons à l’endroit des autorités étatiques plus particulièrement au ministère de la Justice. »

Une idée que partage son ami qui l’accompagne. D’après cet autre étudiant, qui requiert l’anonymat, la présence policière inquiète plus d’un. Il décrit le tableau : « En regardant le dispositif mis en place, on a l’impression que nous sommes dans un pays de guerre. C’est l’état de siège. Ça inquiète. Nos amis ne veulent pas nous rendre visite, parce que les forces de l’ordre sont devenues nombreuses ici. »

Derrière ses lunettes claires, une cravate bien ajustée et assortie à l’eau uniforme de son établissement, le jeune homme ajoute : « On doit aménager le Conseil constitutionnel dans un entre site comme ça ils pourront le sécuriser davantage et nous laissons dans notre quiétude et notre tranquillité d’antan. »

Tenant un petit commerce, Boubacar Diallo se frotte les mains, mais ne cache pas son inquiétude : « C’est vrai qu’avec les sessions du Conseil constitutionnel, nos chiffres d’affaires connaissent une hausse. Je l’avoue, mais, ce n’est pas sûr, la violence est latente. A tout moment, la situation peut dégénérer et c’est nous qui paierons les pots cassés. »

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