Chez Christophe Hondelatte, Bahia Bakari raconte son histoire. En 2009, elle a survécu à un crash d’avion de la compagnie Yemenia lors d’un vol qui reliait le Yémen aux Comores.
HONDELATTE RACONTE
Bahia Bakari est une miraculée. Difficile de trouver un autre terme pour qualifier cette jeune Comorienne qui, en 2009, fut la seule survivante d’un crash d’avion survenu dans l’océan Indien, alors que l’engin s’approchait de Moroni, à l’est de l’île des Comores. Chez Christophe Hondelatte mardi, elle revient sur drame.
Le crash. Un matin de juin 2009, Bahia Bakari embarque avec sa mère dans un avion, direction le pays de ses ancêtres : les Comores. La jeune fille, née en région parisienne, s’y rend pour la première fois de sa vie. Elles voyagent toutes les deux à bord d’un Airbus A310 de la compagnie yéménite Yemenia Airways. À l’approche de Moroni, à l’ouest de l’île, une violente secousse traverse l’avion, suivie d’une deuxième. Les moteurs rugissent. Une troisième secousse secoue l’engin. De son siège passager, Bahia aperçoit les hôtesses de l’air non loin de là : elles sont terrorisées. Puis c’est le trou noir. Plus rien. L’avion vient de s’écraser en plein océan Indien.
Tombée de l’avion. Bahia se réveille en pleine mer, seule, accrochée à une bouée, chacun de ses mouvements lui font un mal terrible au dos. Il fait nuit noire. Au loin, elle aperçoit un grand débris blanc, sur lequel elle s’accroche. À ce moment-là, Bahia ne pense pas une seconde que l’avion s’est écrasé. Elle pense qu’elle en est tombée et que sa mère l’attend quelque part, aux Comores. Elle ne réalise pas. « Je ne voulais pas comprendre cette réalité », confie-t-elle. « Ce qui m’a fait tenir, c’est de m’accrocher à l’idée de retrouver ma mère qui était arrivée aux Comores », explique la jeune femme au micro d’Europe 1. Il fait encore nuit quand Bahia Bakari s’écroule de fatigue, en pleine mer.
Le lendemain, le jour s’est levé, elle peut apercevoir au loin les montagnes de la Grande Comore alors qu’elle est toujours cramponnée au morceau de débris. Elle se dit que le courant va la pousser vers la plage, que ce n’est plus qu’une question de temps avant de retrouver la terre ferme. Mais les heures passent et elle ne se rapproche pas de la côte. Ce que Bahia ne sait pas, c’est que la nouvelle du crash a fait le tour du monde. Aux Comores, on s’active pour tenter d’aller retrouver des débris ou des corps parmi les 153 personnes qui étaient à bord de l’Airbus A310.
Lorsque les secours arrivent sur zone, ils aperçoivent ce qu’ils pensent être un corps, sur un morceau de carlingue. Ils crient. Miracle ! La tête se relève, le corps répond. Bahia est sauvée, elle est récupérée par des marins. La nouvelle fait immédiatement le tour du monde. Bahia Bakari est désormais la miraculée du vol 626 de la Yemenia Airways. C’est à l’hôpital qu’on lui annonce qu’elle est la seule survivante du crash. Bahia est vivante, mais accuse le coup. Sa mère est morte dans le crash. « Au départ, on a un peu de mal à réaliser ce qui nous est arrivé, après il faut prendre conscience que je suis la seule qui ai survécu à cet accident. Et après, il y a la tristesse, car j’ai perdu ma mère », se souvient-elle, émue.
Aujourd’hui, Bahia Bakari est étudiante. « Je fais un master en immobilier », indique-t-elle. Pas un jour ne passe sans qu’elle ne pense à ce drame. « Cette histoire m’a rendue plus forte, je relativise beaucoup les choses », souligne-t-elle. Et Bahia Bakari n’aime pas le terme de miracle. « Je parle de destin », conclut-elle.