« Le 23 mars , Karim Wade a été déclaré coupable d’enrichissement illicite par la Cour de répression de l’enrichissement illicite, présidée par Henry Grégoire Diop. Suivant presque le réquisitoire du Procureur spécial, Cheikh Tidiane Mara, qui avait requis 7 ans de prison ferme avec une amende de 250 milliards de francs CFA, la Cour l’a condamné à 6 ans de prison ferme et une amende de 130 milliards. Placé sous mandat de dépôt depuis le 17 avril 2013, il lui reste plus de trois ans à purger.
1- Titulaire d’une double nationalité sénégalaise et française
Karim Wade est un métis. Il est né d’un père noir, Sénégalais, et une mère blanche, française. Né le 1er septembre 1968 à Paris, il est l’ainé et l’unique garçon de sa famille. Il n’a qu’une seule sœur, Sindjély.
2- Il a coécrit son mémoire de Dess avec sa soeur Sindiély
Né à Paris, Karim Wade débute ses études primaires à Dakar. Il fréquente d’abord l’école franco-sénégalaise de Fann, puis les Cours Sainte-Marie de Hann. En classe de seconde, il devient interne dans un établissement privé français, Saint Martin de France, à Pontoise. C’est là qu’il obtient son baccalauréat en 1988, dans une filière dédiée aux sciences économiques (B). À la sortie du lycée, Karim Wade entreprend des études supérieures à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où, après une maîtrise en sciences de gestion, il prépare un Dess en ingénierie financière qu’il obtient en 1995 avec un mémoire intitulé “utilités et perspectives de développement du corporate governance en France” et coécrit avec Syndiély Wade, sa sœur cadette.
3- Veuf, père de trois enfants
Etant à la Sorbonne, Karim Wade fait la connaissance d’une jeune Française du nom de Karine, qu’il va épouser par la suite. Cette dernière va se convertir à l’Islam. De cette union, sont nées trois filles âgées respectivement de 8, 10 et 12 ans. Son épouse est finalement décédée 10 avril 2009. Elle est enterrée au cimetière musulman de Yoff.
4- Cadre de banque, il conseille des gouvernements africains
Dans le cadre de son Dess, Karim a effectué un stage de 6 mois à Paris, à la Société de banque suisse. A l’issue de cette première expérience professionnelle, la banque lui propose un poste de cadre au département fusion-acquisition qu’il occupe pendant un an. Il finit par être recruté à Londres par la banque d’affaires Ubs Warburg, une filiale de l’Ubs (en 1998 la Société de banque suisse fusionne avec l’Union de banques suisses pour former l’Ubs : Ndlr). Ses activités se situent dans le secteur des mines, dans le conseil à plusieurs gouvernements africains, mais aussi en relation avec des sociétés multinationales telles que De Beers (diamants), Anglo American (mines) ou Texaco (pétrole).
5- Son père élu, il rentre au bercail pour savourer les délices du pouvoir
En 2000, son père accède au pouvoir après avoir battu Abdou Diouf à la présidentielle. Karim Wade revient au bercail. Quelque temps après, il retourne à Londres où il est promu directeur associé, avec de substantiels avantages, au sein de Ubs Warburg. Entre temps, sa soeur est nommé conseiller personnel du Président. Karim fait la navette entre Dakar et Londres et finit par s’installer définitivement au Sénégal pour gouter aux délices du pouvoir. Nous sommes en 2002.
6- Bras droit de Wade, il gère les grands projets de l’Etat
Après avoir été nommé conseiller personnel du président de la République, Karim est chargé de la mise en œuvre de grands projets, tels que l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) de Diass, la restructuration des Industries chimiques du Sénégal (Ics) ou la mise en place d’une zone économique spéciale intégrée dans la capitale. Il devient ainsi l’homme de confiance, l’expert financier, “le meilleur de tous les Sénégalais” pour son père.
7- Binôme d’Abdoulaye Baldé
Jusque-là chargé de dossiers plutôt techniques, Karim Wade franchit une étape. En juin 2004, il est nommé président de l’Agence nationale de l’Organisation de la conférence islamique (Anoci), avec pour mission de préparer et d’organiser le onzième sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) devant réunir, à Dakar, les responsables de 57 pays musulmans. Une occasion pour son père d’attirer les investisseurs arabes afin de mieux prendre ses distances à l’égard de la France et des États-Unis. Sans doute, voit-il aussi dans l’événement une remarquable «rampe de lancement politique» pour son fils qui négocie les contrats, voyage et devient l’interlocuteur privilégié des pays du Moyen-Orient.
Pour mener à bien sa mission, son père lui flanque Abdoulaye Baldé qui connaît les rouages de l’administration.En 2006, piqué par le virus de la politique et voyant ses ambitions en grand, il crée l’association «Génération du concret», avec son ami Abdoulaye Baldé, qui vise à assurer l’adhésion populaire aux grands chantiers budgétivores qui bouleversent le paysage dakarois (Corniche ouest, tunnel de Soumbédioune… À la fin de l’année 2008, la France, par exemple, a dû consentir à l’État sénégalais un prêt de 125 millions d’euros, soit l’équivalent d’une année d’aide publique au développement pour les projets de…Karim.
Petit à petit, ce nouveau slogan omniprésent donnera naissance à un nouveau mouvement politique. Cependant, les travaux prennent du retard et l’opacité de leur gestion n’est pas du goût du président de l’Assemblée nationale, Macky Sall, qui demande des explications à Karim Wade et le convoque en octobre 2007.
8- Source de la disgrâce de Macky Sall
Il a fallu que Macky Sall, alors Président de l’Assemblée nationale, décide de convoquer Karim Wade, devant les députés pour s’expliquer sur sa gestion de l’Anoci, que sa descente aux enfers soit enclenchée.
Wade s’oppose catégoriquement à la “comparution” de son fils et somme Macky Sall de “lui rendre ce qu’il lui avait donné” c’est à dire la Présidence de l’Assemblée nationale. Macky lui tient tête et Wade active sa majorité parlementaire. En faveur de “la loi Sada Ndiaye” Macky Sall est éjectée de son siège. Il démissionne du Pds (et perd immédiatement sa casquette de député) suivi par d’autres comme Alioune Badara Cissé, Mbaye Ndiaye, Moustapha Cissé Lô. C’est le début de la descente aux enfers.
Macky est convoqué à la police pour “blanchiment d’argent” et est vilipendé par ses anciens camarades de parti. Il finit par créer son parti, l’Alliance pour la République (Apr) en 2008, et sillonne le pays pour noyer son amertume. Ce qui lui sera d’un grand secours, quatre ans plus tard.
9- Premier fils de président de la République à être ministre d’Etat
Au moment où Macky Sall végète, Karim prend du galon. Il est investi sur les listes pour lesélections régionales, municipales et rurales du 22 mars 2009. Son père qui lui avait taillé un costard de présidentiable, voulait d’abord qu’il ait une légitimité populaire. Il voulait donc qu’il gagne la mairie de Dakar. Mais le Pds est battu à plate couture. Karim perd même dans son propre bureau de vote.
Wade n’abdique pas pour autant, son fils doit devenir quelqu’un dans ce pays. Il le fait entrer dans le gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye. Petit à petit, Karim devient un super ministre d’État. Il est chargé de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures, en mai 2009. Plus tard, le 5 octobre 2010, alors que le pays était paralysé par des coupures intempestives d’électricité, Samuel Sarr est limogé et Karim Wade nommé à sa place. A ses attributions déjà gigantesques s’ajoute celui de ministre de l’Energie. Il devient ainsi ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie. Il voyage en jet privé, au moment où le Premier ministre fait ses déplacements à l’extérieur du pays dans des compagnies commerciales. Il en est ainsi jusqu’à la chute de Wade, battu par… Macky Sall qui a pris du galon au moment où le fils de Wade végète dans une cellule de la Maison d’arrêt de Rebeuss.
10- Il parle maintenant assez bien le Wolof
Inculpé pour enrichissement illicite par la commission d’Instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) le 17 avril 2013 et placé sous mandat de dépôt, Karim Wade occupe depuis lors la cellule qu’occupait Idrissa Sek (arrêté dans l’affaire des chantiers de Thiès) puis Cheikh Béthio Thioune (incarcéré pour l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam) à la prison de Rebeuss. Une cellule sans numéro, installée près du «chemin de ronde» (long couloir longeant le mur de la prison, côté Corniche Ouest) où les détenus qui viennent d’être placés sous mandat de dépôt ou qui ont été en contact avec le monde extérieur sont conduits pour être fouillés avant qu’ils ne regagnent les cellules, équipée d’un lit avec matelas, de toilettes intérieures, de deux plafonniers (ventilateurs), d’une télévision écran plat 72 cm et d’une table en caoutchouc blanche avec des chaises assorties. Il passe son temps à lire, faire du sport et prendre des notes qui alimenteront surement son futur livre-mémoire. Aussi, il apprend le wolof et a amélioré grandement le maniement de la première langue locale du pays. Un passage obligé s’il maintient ses ambitions présidentielles. Des ambitions présidentielles hypothéquées par le réquisitoire du Procureur spécial de la Crei.
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