( 07 Photos ) Graves révélations Romelu Lukaku sur son enfance : « Nous étions si pauvres que ma mère prenait du…

Romelu Lukaku sur son enfance et la pauvreté: « Mon père et moi, on se partageait les chaussures de foot »

« Je me souviens très bien du moment où j’ai su que nous étions pauvres. Je revois le regard de ma mère devant le réfrigérateur. J’avais six ans et je quittais l’école à midi pour rentrer manger chez moi. Ma maman préparait la même chose tous les midis, à savoir du pain et du lait. Et puis un jour, je suis allé dans la cuisine et j’ai vu ma mère avec la brique de lait, comme d’habitude. Sauf que cette fois, elle le mélangeait à autre chose. Elle secouait le tout. Je ne comprenais pas ce qui passait. Puis elle m’a apporté mon lunch et elle souriait comme si tout allait bien mais j’ai immédiatement réalisé. Elle ajoutait de l’eau dans le lait. Nous n’avions plus assez d’argent pour avoir du lait pour toute la semaine. Nous étions fauchés. Pas seulement pauvres, totalement fauchés. »

A la fin de sa carrière professionnelle, le père de Romelu, Roger Lukaku (ex-joueur de Seraing, de Boom et Ostende notamment) n’avait plus d’argent.

« Je rentrais chez moi le soir et les lumières étaient éteintes. Il n’y avait pas d’électricité pendant deux, trois semaines. Je voulais prendre un bain mais il n’y avait plus d’eau chaude. Ma mère chauffait de l’eau dans une bouilloire sur la gazinière, je me mettais debout dans la douche et je me versais de l’eau chaude sur la tête avec une tasse », raconte-t-il. Nous n’avions plus la télé et j’ai raté toutes les finales de la Ligue des Champions, c’est pourquoi je regarde autant le football maintenant car j’ai raté beaucoup de grands moments. Le lendemain de Leverkusen-Real Madrid et la fameuse volée dans la lucarne de Zidane, tout le monde en parlait à l’école. Je ne savais pas de quoi ils parlaient ».

« Parfois, je rentrais de l’école et je trouvais ma mère en train de pleurer. Donc un jour, je lui ai dit: « Maman, les choses vont changer. Tu verras. Je jouerai bientôt au football pour Anderlecht. Nous serons bien. Tu n’auras plus à te soucier de quoi que ce soit ».

Il avait alors 6 ans et le jeune Romelu va demander à son père à quel âge il pourra devenir pro. 16 ans !

« Chaque match je l’ai joué comme si c’était une finale. Lorsque je jouais dans le parc, j’étais en finale. Quand je jouais dans la cour de récréation, j’étais en finale. J’étais on ne peut plus sérieux. A chaque fois que je tirais, j’essayais de déchirer la balle. De toutes mes forces. Pas de tir en finesse. Je n’avais pas le dernier FIFA. Je n’avais pas de Playstation. Je ne m’amusais pas. Je voulais tuer », révèle-t-il.

Force de la nature, il se rappelle que certains parents doutaient de son âge et se demandaient d’où il venait.  » Ils disaient: « Quel âge a ce gamin ? Où est sa carte d’identité ? D’où vient-il ? « Je me disais: « Comment ça d’où je viens ? Je suis né à Anvers. Je suis Belge ».

« Mon père n’était pas là parce qu’il n’avait pas de voiture pour me conduire en déplacement. J’étais tout seul et je devais me débrouiller seul. Je suis allé chercher ma carte d’identité dans mon sac et je l’ai montrée à tous les parents qui se la passaient et l’inspectaient et je me rappelle que je sentais le sang bouillir dans mes veines et que je me disais « Oh, maintenant, je vais encore plus me faire ton fils. J’allais le tuer mais maintenant je vais le détruire. Tu vas le ramener en larmes à la maison » ».

« A douze ans, j’ai marqué 76 goals en 34 matches. Je les ai tous marqués avec les chaussures de mon père. Une fois qu’on a eu la même pointure, on a pris l’habitude de se les partager. Un jour j’ai appelé mon grand-père – le père de ma mère. Il était l’une des personnes les plus importantes de ma vie. Il était ma connexion avec le Congo, dont mes parents sont originaires. Donc, j’étais au téléphone avec lui et je lui ai dit: « Oui, je vais très bien. J’ai marqué 76 goals et on a gagné le championnat. De grandes équipes me remarquent. Et d’habitude, il voulait toujours que je lui raconte comment ça se passait au foot. Mais cette fois-là il était bizarre. Il a dit « Oui, Rom. Oui, c’est bien mais est-ce que tu peux me faire une faveur ? » Je lui ai répondu: « Oui, laquelle? » Il m’a dit: « Peux-tu prendre soin de ma fille s’il te plaît ». Je me souviens que j’étais perplexe. Genre, qu’est-ce que grand-père veut dire ? Je lui ai répondu: « Maman ? Oui, ça va. On va bien ». Il m’a dit: « Non, promets-moi. Tu peux me promettre ? Occupe-toi d’elle. Prends soin d’elle pour moi, OK ? » Je lui ai dit : « Ouais, grand-père. J’ai compris. Je te promets » ».

Cinq jours plus tard, il est décédé. « Je voudrais juste qu’il soit là pour voir la vie que nous avons maintenant. Je voudrais pouvoir l’appeler et lui raconter… « Tu vois? Je te l’avais dit. Ta fille va bien. Il n’y a plus de rats dans l’appartement. On ne dort plus à même le sol. Plus de stress. On va bien maintenant. On va bien… » Ils n’ont plus à vérifier ma carte d’identité maintenant. Ils connaissent mon nom », conclut le Diable rouge.

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