“Dieu nous ouvre des portes”, s’est exclamé le gardien Bruno Fernandes en signant mardi dans un club de deuxième division brésilienne après avoir passé 7 ans en prison pour le meurtre sordide de son ancienne maîtresse. “Dieu nous ouvre des portes”, s’est exclamé le gardien Bruno Fernandes en signant mardi dans un club de deuxième division brésilienne après avoir passé 7 ans en prison pour le meurtre sordide de son ancienne maîtresse.
Le portier de 32 ans vient de signer un contrat de deux ans avec Boa Esporte, équipe de la petite ville de Varginha, dans son État natal de Minas Gerais (sud-est), qui a été sacrée championne de troisième division à la surprise générale l’année dernière.
En 2010, Bruno gardait les buts de Flamengo, le club le plus populaire du Brésil. Il était sur les tablettes du Milan AC et aux portes de l’équipe nationale.
Mais tout a dérapé avec la disparition en juin de cette année-là d’Eliza Samudio, son ex-maîtresse et la mère de son fils. Sorti de prison le 24 février dernier après avoir purgé moins d’un tiers de sa peine, ce dernier avait avoué que le corps de la victime avait été découpé en morceaux par ses hommes de main et jeté à des rottweilers. Le cadavre n’a jamais été retrouvé.
Reconnu coupable d’avoir commandité cet assassinat brutal, il était en prison depuis 2010 et la décision de le relâcher a été prise par la Cour Suprême. Condamné en 2013 à plus de 22 ans de prison, il peut désormais attendre en liberté son jugement en appel.
“Le plus détesté au monde”
Si sa libération avait déjà déclenché un tollé au Brésil, son recrutement par Boa Esporte n’a fait que redoubler la pluie de commentaires acerbes sur les réseaux sociaux. “Bravo Boa Esporte, vous êtes à présent le club le plus détesté au monde”, s’est insurgé un internaute sur la page Facebook du club, qui a perdu pratiquement tous ses sponsors, soucieux pour leur image de marque.
Pas de quoi décourager les dirigeants, forts de ce coup médiatique, qui, selon eux, peut leur permettre d’attirer de nouveaux sponsors plus prestigieux. “D’ici à vendredi, nous annoncerons un nouveau sponsor maillot”, a assuré le président du club, Rone Moraes da Costa.
“Aujourd’hui, nous donnons une opportunité à un être humain qui a commis des erreurs dans le passé, mais que la justice a remis en liberté, pour que sa vie reprenne son cours”, a-t-il renchéri à l’AFPTV. “Les gens se détournent de moi à cause ce qui s’est passé par le passé, mais Boa Esporte m’ouvre ses portes. Je suis très heureux et motivé”, a assuré le gardien, qui a passé les examens médicaux d’usage et s’est déjà échauffé sur le terrain d’entraînement.
Des ovnis au féminicide
Pendant la conférence de presse, le joueur a soigneusement esquivé toutes les questions sur l’assassinat d’Eliza Samudio. Quand un journaliste lui a demandé comment il pourra jouer libéré malgré la possibilité de retourner derrière les barreaux après son jugement en appel, Bruno a répondu simplement: “Personne ne peut refermer des portes ouvertes par Dieu”.
Ville de 120.000 habitants, Varginha avait déjà défrayé la chronique en 1996, quand des témoignages indiquaient qu’un engin extra-terrestre s’était écrasé sur son sol.
Aujourd’hui, c’est un des personnages les plus détestés du Brésil qui atterrit après un périple de sept ans de turbulences. Un groupe d’habitantes a prévu de manifester dans la soirée de mardi pour protester contre l’arrivée qu’elles considèrent comme une provocation.
L’affaire Bruno symbolise tous les enjeux de la lutte contre le féminicide, meurtre d’une femme motivé par le fait qu’elle est une femme, circonstance aggravante d’un homicide qui figure dans la législation de plusieurs pays latino-américains. Selon un rapport d’Amnesty International, “la violence contre les femmes a augmenté de 24% au cours des dix dernières années au Brésil”.