Le professeur Bassirou Dieng de la faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a été rappelé à Dieu la nuit du vendredi 23 au samedi 24 décembre et inhumé à Touba.
“Aider l’Afrique de l’Ouest à devenir soi.”
Le Sénégal vient de perdre un de ses plus dignes fils. Le professeur Bassirou Dieng de la faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a été rappelé à Dieu la nuit du vendredi 23 au samedi 24 décembre et inhumé à Touba. Un homme d’une dimension incommensurable.
Un homme d’une grande culture dira le Professeur Hamidou Dia à l’annonce de sa disparition. Depuis, samedi, les témoignages se succèdent et se ressemblent, la plupart mettent l’accent sur ses travaux destinés à mieux faire connaitre les fondements de la société ouest africaine et sénégalaise. Le Professeur Bassirou Dieng a contribué à montrer comment la société sénégalaise est passée du Ceeddo au talibé.
« Du Tiédo au Talibé » est d’ailleurs le titre qu’il donna à un de ses nombreux et importants ouvrages portant sur l’épopée autrement dit l’analyse du discours sur le pouvoir et les institutions sociales et politiques d’une ère culturelle. L’épopée de Songo Aminata Diop, héros de la Communauté Lébou, Dakar, PUD, 2008, « Contes et mythes Wolof » L’épopée de Boubou Ardo.
L’islamisation des traditions de l’Ouest africain, Médiévales n°34, Amiens, Université de Picardie Jules Verne, Presses du Centre d’Etudes Médiévales, 2004, 90 p. (en collaboration avec I.Wane), sont autant d’ouvrages que le professeur Directeur de la revue Ethiopiques de la Fondation Senghor depuis 2002, laisse comme héritage aux futures générations afin de les aider à mieux construire leur imaginaire.
Il a montré au cours de ses travaux que finalement les crises politiques depuis le 13 eme siècle en Afrique sont, à peu près, de le même nature nous donnant ainsi des clés pour résoudre les remous actuels et futurs. Son rappel constant de la Charte du Mandé est une invite formidable à la jeunesse d’aujourd’hui pour qu’elle croit davantage en soi.
Dans cette perspective, ses travaux sont éternels et participeront inéluctablement à la construction du Sénégal de demain.
En ces temps où le débat sur l’identité, sur la place de l’islam dans nos sociétés est mis en exergue, les travaux du Professeur Bassirou Dieng témoignent également de l’apport de l’Islam dans la transformation de la société Ceeddo en une société plus juste et plus libre.
Son ouvrage intitulé L’épopée de Cheikh Ahmadou Bamba de Serigne Moussa Ka (Jasaa u sakÓor u géej gi, Jasaa u sakÓor u jéerj ji), Dakar, PUD, 2006 (en collaboration avec D. Faye) est une illustration parfaite de ce témoignage.
Outre, l’abondance des ouvrages et des articles scientifiques qu’il a commis, le Professeur Bassirou Dieng, Directeur de la Formation doctorale Etudes Africaine à l’Université Cheikh Anta Diop a été véritablement un intellectuel de son temps.
Alors que l’immigration dite clandestine occupe la Une des médias, le Professeur, a consacré une grande partie de son temps, ses dernières années, à ce phénomène. C’est ainsi qu’il va publier en 2001 l’article « La culture de l’émigré : fondements historiques et transformations », in revue Sociologia urbana e rurale, n°64-65, Milan, 2001, p.35-63, avant de prendre part en mai 2004 à la Conférence prononcée à l’Université de Lecce (Italie) sur « Culture et migration nord-sud ».
Le Professeur Bassirou Dieng qui repose depuis samedi dernier à Touba la ville sainte a eu une vie utile et remplie. Utile à sa confrérie, utile à son pays, utile à son continent. Ne mérite-t-il pas un repos digne du travailleur acharné qu’il fut sur terre ?
Que Dieu l’accueille en lui disant » Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis›. » Sourate 89 intitulée l’Aube