Wird, Wazifa, Salatul fatihi, Jahwaratul Kamal : Les incontournables de la Tijania

Après la prière de l’aube ce jeudi 30 novembre 2017, jour du Maouloud, célébrant la naissance de Seydina Mouhamed, Tivaouane a tonné au son des « wazifa ». Le « wird » tidiane était à l’honneur. « Salatul Fatihi » et « Jahwaratul Kamal » ont fusé de partout, de toutes les mosquées de la cité religieuse. Seneweb vous familiarise avec « le lexique » Tidiane.

Mawlid (ou Maouloud) : La commémoration de la naissance du prophète

Mawlid (ou Maouloud) est la fête commémorant la naissance du Sceau des Prophètes, Mouhammad (Salalahou Aleyhi Wasalam). En quelque sorte, c’est l’anniversaire du Prophète (Psl). Au Sénégal, Gamou est le terme le plus utilisé pour remplacer la Mawlid. Elle est célébrée, selon le calendrier musulman, à la date du 12 de Rabia al Awal, qui correspond au troisième mois de l’année musulmane. Tout comme Noël, célébrant l’anniversaire de la naissance de Jésus, l’anniversaire de Mouhammad (Psl) n’a jamais été célébré de son époque. C’est donc une innovation, mais de l’avis de plusieurs soufis, c’est une innovation qui n’a d’autres buts que de célébrer le Sceau des Prophètes (Psl) et de ramener les fidèles vers ses enseignements, ce qui en fait une innovation acceptée et louable.

Le Wird : La première incantation transmise par le Prophète

Appelé aussi « lazim », le « wird » est la première des incant ations que le Prophète Mouhamad (PSL) a transmises à Sidi Ahmad Tijaan. Il était composé du « Iztihfaar » (demander pardon à Dieu) et de la prière sur le Prophète (Psl) avant d’être complété par la formule de l’unicité de Dieu (La ilaha illalah). Une fois que le talibé embrasse la Tariqa Tijaan, il est dans l’obligation de réciter les différentes invocations qui constituent l’acte d’engagement qui lie le talibé. Le Wird est fait deux fois par jour (matin et soir).

Le wird de la Tariqa Tijania comporte d’abord la formule de refuge contre Satan (« A-ûzu billâhi minach chaytânir rajîm », « Je me réfugie auprès de Dieu contre Satan le maudit »), la Fatiha (pas obligatoire, mais fortement recommandée), première sourate du Coran où la Basmala (Bismilahi-Rahmani-Rahimi), puis l’Istighfar (astahfouroulah, demander pardon à Dieu), et la Salatoul hala nabi (prière en l’honneur du prophète). Pour effectuer le wird, le talibé devra être en position assise, s’orienter vers la Qibla (la direction de La Mecque) comme pour la prière (sauf s’il est en voyage) et réciter les invocations à voix basse.

La Wazifa : Une obligation pour tout talibé tidiane

Elle est obligatoire pour tout talibé ayant reçu l’autorisation, comme le wird, à la différence qu’elle se fait une fois par jour. La wazifa peut être accordée à tout musulman, féminin ou masculin, fille ou garçon pubère. Mais, avec l’autorisation d’un muqqadam. Pratiquée dans la pénombre (matin ou soir), autour d’un tissu blanc (un linceul), la wazifa est l’un des rites les plus importants de la Tijaniya. Concernant l’utilisation de ce linceul, le Professeur Ben Abdelaziz Ben Abdallah nous apprend que sa pratique remonte du temps de Sidi Ahmad Tijaan : « Cela a été motivé par le fait que le promoteur de la tarîqa récitait la wazifa, avec ses talibés, dans le long couloir de sa demeure, la zaouïa n’ayant pas encore été construite. Il n’était, alors, destiné qu’à couvrir le sol, tel un tapis pour la prière. Il n’est donc pas obligatoire dans ces zikr. » Selon l’islamologue, le Professeur Abdoul Aziz Kéké, « la composition de la Wazifa ne s’est pas révélée sur Cheikh Ahmet Tidiane d’un seul trait. Au début de son institution, la wazifa était composée de deux séquences que sont l’Istikhfar ou invocation de pardon et de retour à Dieu (« Astaghfiroullah el ‘Adhim alladhi lê ilêha ila Houwa el Hayyou-l-Qayyoum ») et la prière sur le Prophète (salatu alaa Nabi). Ce n’est que 4 ans après qu’elle est complétée, car le Prophète Mouhamed (Psl) ordonne au fondateur de la Tidjanyya d’adjoindre à cette liturgie la formule attestant de l’unicité de Dieu et la Jahwaratoul Kamal. »

Salatul fatihi : La meilleure des prières sur le Prophète

La salatul fatihi est une prière sur le Prophète (Psl). Selon des savants, c’est la meilleure des prières sur le Prophète (Psl). Pr Kébé : « C’est la prière sur le Prophète par excellence. Car aucune autre n’atteint, dans sa valeur ésotérique, la hauteur de la salatul fatihi. Elle a été prescrite à Cheikh Ahmad Tijaan du fait de son caractère sublime. » Cette prière a été découverte par Mouhammad al Bakri Essadiki, mais ce dernier aurait reçu l’ordre de ne pas l’inclure dans ses rites, dans la mesure où elle était réservée à un des descendants du Prophète (Psl). Lequel descendant est donc Sidi Ahmad Tijaan.

Dans la « salatoul Fatihi », le Prophète, qui est l’objet de la salutation, est qualifié de promoteur d’ouverture de tout ce qui est obstrué et caché de tous les messagers antérieurs. IL est également qualifié de Réalisateur de droit par le Droit, c’est à dire par le pouvoir du droit, attribut de Dieu et Guide du croyant vers le chemin de Dieu. Salutations aussi aux descendants du Prophète, salutations à la hauteur de leur ancêtre, le Messager d’Allah. »

Jahwaratul Kamal : « La Perle de la Perfection »

C’est une des composantes de la wazifa au cours de laquelle, juste après la formule de l’unicité de Dieu, elle est récitée 12 fois (qui peuvent être remplacées par 20 salatul fatihi lorsqu’on est dans un moyen de locomotion). C’est une invocation des plus mystiques. A tel point que le Jahwaratul kamal ne doit pas être récité sans purification absolue du corps et du lieu et il n’est pas non plus recommandé de l’effectuer sur une monture. Cette invocation a été révélée à Sidi Ahmad Tijaan à travers une dictée divine. « La Perle de la Perfection » est aussi un code d’accès au Prophète (Psl) réservé aux initiés. Le Pr Kébé nous apprend que « le texte du Jahwaratoul kamal renvoie à des sphères célestes, à la dimension de Dieu et à la personnalité de son Envoyé… Mohamed (Psl), accompagné de ses fidèles dont Cheikh Ahmet Tidjane, s’invite à la ronde de la wazifa à la septième récitation de cette invocation. »

Hadra Juma’a : Le rendez-vous hebdomadaire des disciples

C’est un zikr collectif qui commence avant le coucher du soleil, le vendredi soir, et dure jusqu’à l’heure de la prière de Maghrib (entre les prières de takusaan et de timis). La Hadra se fait autour du pilier de la proclamation de l’unicité de Dieu (La illaha ilallah), que les fidèles peuvent réciter entre la prière de takusan jusqu’à celle de timis, sans contrainte d’atteindre un nombre précis, mais en arrivant au moins à 1000.

La Hadra est effectuée ainsi qu’il suit : Prononcer la formule de refuge contre Satan, réciter trois fois la formule de pardon comme dans la wazifa ( « Astaghfiroullah azim alazi la ila ila Houwa al Hayyoul-khayyoum »), trois fois la salatul fatihi, réciter la formule de clôture et enchaîner par la récitation continue du pilier qu’est la proclamation de l’unicité de Dieu (La illaha ilallah) avant de finir par la formule « Mouhamadou rassoulou llah ‘alaîhi sallamoullah », la formule de refuge contre Satan, la salatul fatihi, suivie du verset « Inna Allaha wa malaïkatabou […] » et des derniers versets de la Sourate Saffat ( « Soubhana rabbika rabbil ‘izzati […] »

Muqqadam / Wasila : Le guide spirituel

Le Muqqadam ou le Wasila est celui par lequel on accède à la tariqa tidiane. Au Sénégal, le mot Serigne est plus souvent usité pour désigner un wassila. C’est lui qui a l’autorisation de transmettre le wird, les enseignements, les obligations et les invocations (zikr) à réciter aux initiés de la Tariqa, les talibés. C’est un ambassadeur, un délégué agréé du Cheikh. Le Muqqadam désigne aussi un savant de la Tariqa qui fait office de représentant légitime de Cheikh Sidi Ahmed Tijaan dans une localité. Par la même occasion, il est donc un Wasila pour les talibés de cette même localité et peut donner une autorisation de pratiquer le wird à un talibé.

Zawiya : Le lieu de rencontre des fidèles

Ce terme désigne, de façon globale, un édifice religieux musulman. A l’origine, il exprimait un recoin, un angle, de l’édifice où les soufis se retiraient pour effectuer leurs invocations. Aujourd’hui, la zawiya désigne généralement un complexe religieux où l’on peut trouver une mosquée, une bibliothèque, des espaces de repos pour les voyageurs et autres pèlerins ou encore, pour certains cas, des mausolées. Au Sénégal, on trouve plusieurs zawiya comme sur l’avenue Lamine Guèye, en centre-ville à Dakar, ou encore sur l’avenue Malick Sy à la Médina, ou dans les cités religieuses comme Médina Baye (Kaolack), Tivaouane, Louga, etc.

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