Vidéo :Amour, s*xualité et vieillesse : “On ne perd pas son s*xe en devenant vieux”

« On en n’a pas assez conscience, mais une personne qui arrive en maison de retraite a eu une vie avant. Affective, relationnelle et sexuelle. » Celui qui parle est le professeur émérite de gériatrie Marc Berthel. Pendant de longues années, il a été à la tête de plusieurs services accueillant des personnes âgées, soit 500 lits. Il connaît la question et l’aborde sans détour.

Des sentiments amoureux et de l’attirance physique des personnes âgées

Salle à manger, ateliers, activités de chorale ou de théâtre, de jardinage sont les lieux où les personnes âgées se rencontrent en Epadh (Etablissement pour l’accueil des personnes âgées dépendantes). L’occasion pour elles de faire de nouvelles connaissances et parfois de flasher sur quelqu’un. « Les personnes âgées sont-elles concernées par les sentiments amoureux et l’attirance physique ? Sans aucun doute. Les soignants regardent en général les signes révélateurs avec tendresse », dit le professeur Berthel.

« Quels sont ces signes ? Il ou elle a changé de table dans la salle à manger, ils se sourient beaucoup, il lui fait un baisemain, on les voit ensemble aux différentes activités. Bref, ils cherchent à se rapprocher. » Autant de signes qui peuvent alerter le personnel et les inciter à tenir compte de ces nouveaux sentiments. Un besoin spontané et naturel. Tous ces rapprochements ne sont pas forcément suivis d’actes sexuels, mais ce n’est pas impossible du tout. Et si l’envie est là, est-ce bien possible ?

De l’importance de la porte et de la clé

L’intimité lorsque l’on vit en maison de retraite commence par le droit à un espace privé. En institution, c’est en général un lieu unique : la chambre. L’intimité est un droit dont les personnels soignants et de service doivent avoir conscience et tenir compte. Une personne qui a travaillé dans plusieurs Epadh précise que certains invoqueront volontiers le manque de temps, mais entrer sans frapper dans une chambre de résident ne doit pourtant pas arriver. Idéalement, explique le professeur Berthel : « Il faut frapper à la porte et attendre la réponse, si besoin frapper une deuxième fois et en l’absence de réponse entrouvrir doucement, pour que la personne ait le temps de comprendre qu’il va y avoir intrusion dans son espace privé. La personne peut être en train de se masturber; même âgée, la personne n’est pas asexuée. » Permettre au résident de fermer sa porte à clé est un signe de respect pour lui et son espace privé, même si la porte est ouvrable en cas de nécessité.

« La dame avait 106 ans et le monsieur 97 ans »

Les personnes âgées qui entrent en maison de retraite, peuvent déjà aimer en arrivant et subir une séparation d’avec le conjoint à cause de ce placement. Là, il faut tenir compte des besoins de rencontre des deux amants. Mais la personne âgée peut aussi tomber amoureuse d’une personne rencontrée à l’intérieur de l’établissement. Pas toujours évident pour le personnel de comprendre ou accepter. Et l’amour n’a pas de limite d’âge pour survenir.

Sheila Warembourg, diplômée en sexologie et santé publique raconte :« J’ai entendu l’histoire d’un couple très âgé, la dame avait 106 ans et le monsieur 97 ans et ils voulaient vivre ensemble. Les équipes ont eu du mal à l’accepter, mais c’est la vie », l’occasion pour elle de dire que la société évolue et que par conséquent les personnes qui entrent en maison de retraite évoluent aussi: « Ce qui est acceptable aujourd’hui, le sera difficilement pour les soixante-huitards…ils auront d’autres exigences« .

Les résidents (l’âge moyen d’entrée en Epadh en France est de 87 ans, les 2 tiers ont plus de 90 ans) peuvent aussi s’enticher d’un ou d’une soignante souvent beaucoup plus jeune. Des messieurs âgées se mettent parfois, sous l’effet de médicaments ou de pathologies, à « tripoter » de jeunes femmes qui s’occupent d’eux. C’est un autre cas de figure, qui nécessite d’autres réactions. Là ce sont des discussions et des lieux de paroles à mettre en place pour le personnel. Sans oublier qu’il peut être nécessaire et salutaire de recadrer le résident. Preuve que la sexualité en Epadh existe, les maladies sexuellement transmissibles y augmentent.

La question de la sexualité en établissement n’est pas à éluder. « Informer, ce n’est pas inciter. On n’a pas à retenir la parole par peur », conclut un des participant à la journée de discussions et d’échanges. Comme dans beaucoup de situations, il s’avère que, là aussi, en parler est la meilleure façon de réagir et d’agir, de sorte à mettre des nouvelles démarches et possibilités en place. L’amour et tout ce qui s’y rapporte, donc aussi la sexualité, font partie de la vie et cela jusqu’au bout.

france3-regions.francetvinfo.fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici