[ Video] À l’aide d’une caméra cachée, deux femmes filment leur calvaire sous Daech

Au nom de la liberté, Oum Omran et Oum Mohammad (noms d’emprunt, ndlr), ont mis leur vie en danger pour raconter leur quotidien à Raqqa, le fief de l’EI en Syrie. « Dans la vie, rien n’est plus important que la liberté », précise une des deux jeunes femmes. Deux femmes ont mis leur vie en danger afin de montrer leur réalité au monde entier. La vidéo, qui dure treize minutes, a été tournée à Raqqa, le fief de l’État Islamique en Syrie. Inutile de vous préciser qu’elles auraient été exécutées sur le champ si les djihadistes avaient mis la main sur leur caméra cachée.

Obéir et accoucher

« Le monde doit savoir ce qui se passe ici », lancent Oum Omran et Oum Mohammad (noms d’emprunt, ndlr). Leur promenade offre une image sombre de la ville de Raqqa, avec des terroristes armés et la vigilance de la police al-Hisha (chargée de faire respecter la loi islamique version EI). Par peur des frappes aériennes, la plupart d’entre eux dissimulent leurs armes. « Nous n’avons pas le choix » Le seul « droit » des femmes à Raqqa est obéir et donner naissance aux enfants. Celle qui ose montrer une petite partie de son visage s’expose à une punition.

Dans les magasins, même les produits capillaires affichant un visage de femme sont noircis (voir ci-contre). « Nous avons perdu notre fémininté », ajoute l’une des deux femmes, obligée de porter le niqab. « Nous n’avons pas le choix. » Plus tard dans la vidéo, un chauffeur de taxi expliquera qu’il a été forcé d’acheter un niqab à sa fille, sans quoi il risquait trente coups de fouet. Août 2014 La ville de Raqqa est tombée dans les mains de l’EI depuis août 2014, un épisode qu’Oum Omran et Oum Mohammad ne sont pas prêtes d’oublier. « Il était 13 heures.

J’ai regardé dehors et j’ai vu beaucoup de gens avec des drapeaux noirs. Ils criaient Allahu Akbar », précise Oum Mohammad. « Notre vie avait totalement changé le lendemain. » Tenues vestimentaires Dans les rues de Raqqa, les femmes n’ont pas le droit de se promener seules. Elles ne peuvent sortir dans la rue sans référent masculin (mari, frère, père) et sans porter le niqab. Même les hommes reçoivent des conseils vestimentaires, rapporte la chaîne qatari AlJazeera: pantalons amples retroussés aux chevilles ou rentrés dans les chaussettes sont recommandés.

« À chaque fois, nous recevons des nouvelles règles à respecter après la prière du vendredi. Rester à la maison est quasiment la seule chose qui nous reste à faire. Les écoles pour filles ont été fermées. Il ne reste plus rien de l’ancien système. À la place, l’EI a instauré des écoles et des leçons sur la sharia. » Exécution publique Il n’y a pas de place pour les mécréants et les homosexuels. Oum Mohammed a assisté en personne à l’exécution publique d’un soldat. « J’étais sur le chemin pour aller au marché quand le bus s’est arrêté. Il ne pouvait plus avancer car il y avait une exécution publique.

On pouvait descendre du bus si on le souhaitait car ça allait prendre du temps. Tout le monde était curieux, moi aussi. Il y avait un jeune soldat à genoux. Autour de lui, il y avait quatre ou cinq djihadistes prêts à le décapiter. C’est ce qu’ils ont fait avant de montrer fièrement sa tête à la foule. C’était terrible. Je n’ai pas pu regarder. » Elle a enlevé son niqab À la fin de la vidéo, Om Mohammad a accepté d’enlever son niqab et de montrer ses cheveux. « Comme avant, je veux choisir moi-même ce que je veux faire dans ma vie. Je veux marcher en rue en toute liberté, sans cette angoisse permanente et sans toutes ces armes. Je veux acheter ce que je veux. Dans la vie, rien n’est plus important que la liberté », conclut la jeune femme.

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