Sondages présidentiels au Sénégal : le dernier outil de manipulation de l’opinion

Pas un seul jour au Sénégal sans que les journaux ne publient un sondage sur les prochaines élections présidentielles de février 2019. Il y a quelques jours, l’institut de sondage Sunuvote donnait le Président Macky SALL perdant et récoltant seulement 14% des voix au premier tour.

Ce mardi 28 août 2018, est sorti dans la presse un sondage sur lequel c’est le Président Macky SALL lui-même qui réplique et fait les commentaires. Le résultat lui donnerait 54% : « On va gagner, c’est sûr, mais il faut gagner avec la manière. Je ne voudrais pas gagner avec moins de 55% », a-t-il lancé aux membres de la coalition Macky 2012. Sauf que si on voulait regarder plus en détail pour analyser ces résultats, aucun élément ne filtre : quel est le nombre de personnes interrogées ? Quelles sont les questions posées ?

C’est presque trop beau pour être vrai. Ces sondages anticipent-ils un résultat très incertain pour un président sortant qui affiche toutes les difficultés à rassembler les Sénégalais et à défendre un bilan ? L’entourage du Président Macky SALL fait souvent fuiter des résultats favorables. Ce genre d’opérations est de plus en plus fréquent, souvent d’ailleurs sans qu’on puisse vérifier les informations avancées. Cela permet d’écarter des rivaux, de dissuader des candidats potentiels de se lancer. On peut facilement deviner ce que seront les conséquences politiques : couverture médiatique toujours plus intense du commanditaire, mobilisation de son camp et de ses soutiens et démoralisation des adversaires.

Du coup, attention à l’intox.

Les sondages, malgré tout, sont incontournables. S’ils sont honnêtement conçus, ils sont fiables pour les dynamiques de campagne présidentielle. Ils sont un instrument d’analyse, de connaissance et même de démocratie, à condition d’en faire bon usage. Ils sont en revanche à prendre avec des pincettes quand le corps électoral est difficile à anticiper et c’est le cas au Sénégal. A prendre avec encore plus de prudence, s’ils sont manipulés par des professionnels vendeurs de conseils, dont les seules préoccupations sont d’orienter des politiques, de manipuler l’opinion et d’essayer d’assurer une victoire à n’importe quel prix.

Il est difficile de montrer que la publication des sondages produit des effets sur les électeurs. Par contre leur influence sur les acteurs politiques et la manière dont ils mènent leur campagne reste avérée.

Comment, en tant qu’acteurs politiques, face à cette avalanche de données souvent contradictoires, ne pas se laisser manipuler ? Garder la tête froide, faire preuve d’une pédagogie élémentaire sur ces sondages et rappeler ces quelques points :

– Les sondages sont représentatifs des gens qui acceptent d’y répondre : une fraction très importante de la population se soustrait au questionnement sous des prétextes divers : éloignement, inaccessible…

– Une intention de vote déclarée n’a rien à voir avec un vote réel : comment être sûr, à 6 mois du scrutin, que les personnes qui répondent iront voter, et qui plus est pour le candidat qu’ils ont déclaré ? Feront-ils parti de ceux qui auront le privilège de recevoir leur carte d’électeur ? Dans cette cacophonie de révision des listes électorales qui dure depuis plusieurs mois, sont-ils surs d’être inscrits au bureau de vote choisi ?

– Une fraction importante des électeurs ne fait son choix qu’à la dernière minute. L’électorat se décide lors des derniers jours précédant le scrutin. Dans la plupart des grandes démocraties, des mouvements d’opinion de dernière minute ont souvent déjoué les anticipations des sondages. Il n’y a aucune raison que l’électorat sénégalais échappe à ce fait.

Dans ces conditions, il ne faut surtout pas succomber à l’illusion d’un quelconque caractère prophétique des sondages. Il serait dommage de ne pas tirer les leçons de toutes les tentatives du Président Macky SALL d’éliminer des candidats en utilisant la justice. Quand cela ne marche pas, ses fameux marchants de conseils essaient de détourner notre attention des véritables enjeux politiques de cette campagne.

L’heure est à la collecte des parrainages en vue de l’élection présidentielle de février 2019. Cette collecte a commencé ce lundi au Sénégal et dans la diaspora. Sachant que beaucoup de Sénégalais peinent à comprendre la portée de cette nouvelle réforme du code électoral, une forte mobilisation des patriotes s’impose notamment en région, pour bien informer et surtout convaincre que le seul atout et la seule alternative crédible pour le Sénégal en 2019, c’est le candidat Ousmane SONKO.

Abdou SONKO
Militant de PASTEF, Lyon

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