Sacré Sénégal ! (Par Mouhammadou Moustapha Diop )

Arrêtons-nous juste un instant sur cette parole assez populaire : rewmi du takk ndax makk ni noofi naan (la guerre ne sévira jamais dans ce pays , car nos patriarches y ont prié)). Voilà une manière d’inventer l’histoire pour abolir une règle de Dieu. D’abord, disons ceci : personne ne s’obstine à penser que les prières ne sont pas des moyens pour nous éviter la guerre, mais peuvent-elles nous exempter de notre rôle actif qui nous garantira une paix durable ? En toute bonne logique, tout homme doué de raison doit savoir que la prière s’accompagne d’acte dans la tradition divine. Aussi, si tu médites cette parole populaire, alors ne peut-on pas dire qu’elle nous interdit de facto de traiter avec les causes ? Alors, si c’est vrai, ne pourrait-on pas dire que makk ni tabax nanu (nos patriarches ont bâti), alors pourquoi nous continuons à construire pour mettre en valeur l’espace ? Alors pourquoi, ne contentons-nous pas seulement de leurs actes ?

La prière est une arme formidable pour le musulman mais elle s’accorde de façon admirable avec la vérité de Serigne Abdoul Ahad Macké : Yalla du la defal mukk loo meun (Dieu ne se chargera jamais de la fonction que tu dois assumer). Méditons sur le discours que Dieu adressa à Maryam (Marie), lorsque, prés d’accoucher, elle se réfugia sous le palmier : « Secoue ( en attirant) vers toi le tronc du palmier afin d’en faire tomber sur toi des dattes mûres. » ( Coran, 19 : 25). Le haut palmier était en moment-là dénué de tout fruit. Dieu fit croître dans l’instant des dattes mûres. Or il est évident que Dieu , Lequel gratifia Maryam ( Marie) de ce miracle, en passant outre l’ordre établi des causes secondes et des agents des causes, aurait pu tout aussi bien faire tomber ces dattes mûres jusqu’à elle au moment voulu. Mais bien que nous sachions tous qu’Il est capable, Il lui dit : « Secoue le tronc du palmier ! » Il s’agissait juste d’une simple fonction dont Dieu la chargeait et qu’elle devait assumer dans le cadre des lois et de l’ordre des choses. En cette histoire, chacun pourra reconnaitre le rôle de Maryam (Marie). C’est aussi pareil entre makk ni (patriarches) et nous. C’est à nous de matérialiser leurs prières en nous engageant à semer la justice. La paix ne pourra être réelle qu’avec la justice. L’harmonie d’une société ne sera réelle qu’avec la justice. Alors, continuons à toujours rêver qu’on peut récupérer l’héritage de nos patriarches sans assumer notre fonction c’est-à-dire le devoir de cultiver la justice.

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