Retour sur la dernière conversation téléphonique entre Kadhafi et Me Wade

L’assassinat du guide Libyen, Mouammar Kadhafi est de plus condamné par l’opinion nationale. Et les derniers rebondissement qui ont conduit à la garde à vue de Sarkozy ont fait dire à certains responsables  de l’APR, que le président Me Abdoulaye Wade doit étre entendu. Exclusif.net fidèle à sa ligne, celle de la vérité vous relate la Transcription de la dernière conversation téléphonique entre le Président Maître Abdoulaye WADE et le Colonel Libyen Mouammar Kadhafi. Le mercredi 9 mars 2011 à 16h30. Maître Abdoulaye WADE à Paris, Kadhafi à Tripoli. 

L’Interprète de Kadhafi : Mes respects, M. le Président, c’est l’interprète du Guide

Président Wade : Bonjour, comment allez vous ?  Kadhafi m’a appelé tout à l’heure, je voudrais lui parler

Interprète : Très bien  M. le Président je vais vous le passer tout de suite.

Président WADE : Bonsoir comment ça va ?

Kadhafi : Comment ça va mon frère ?  As Salamou Aleikoum

Président WADE : ça va … Hier votre Premier Ministre m’avait appelé.  Vous vouliez me dire quelque chose ?

Kadhafi : Oui.  Je voudrais demain que la prise de position africaine soit très forte pour qu’on mette un terme aux ingérences étrangères au Conseil de Paix et de Sécurité qui va se réunir demain à Addis ; c’est au niveau des Chefs d’Etat. …. Je ne sais pas si le Sénégal est membre ?

Président WADE : non le Sénégal n’est pas membre.

Kadhafi : je voudrais que vous déployiez, M. le Président,  tous vos efforts pour que la prise de position africaine soit vraiment très forte pour qu’on puisse arrêter les convoitises coloniales.  Puisque vous n’avez pas pris contact avec moi ces derniers jours, je tenais à vous donner plus de clarté sur les images que vous recevez qui ne sont pas très claires chez vous.

Je voudrais vous dire exactement de quoi ça retourne.

Comme vous le savez, il y a des cellules dormantes d’Al-Qaïda qui se sont infiltrées en Libye petit à petit.  Il y a parmi elles des Egyptiens, des Palestiniens et aussi des libyens qui étaient à Guantanamo et au Pakistan.

Ils ont formé des cellules dormantes ici en Libye et ils ont exploité la situation égyptienne et tunisienne.  Comme une sorte de paravent pour qu’on ne puisse pas découvrir qu’il s’agit d’Al-Qaïda.

Ils ont pris d’assaut les casernes et les commissariats de police.  Les casernes et les commissariats de police étaient en paix car il y avait de l’ordre et ils ne s’attendaient pas à ces attaques surprises.  Ils avaient des armes et se sont attaqués aux policiers, aux agents de police et aux soldats des casernes.  Ils ont raflé des armes ; ils ont répété encore une fois les mêmes attaques ; c’est-à-dire que les choses se sont répétées pendant deux ou trois jours.

Il y avait des morts, des victimes de part et d’autre, c’est-à-dire les soldats et les policiers qui se défendaient et aussi les assaillants qui attaquaient.

Le nombre exact des victimes ne dépasse pas 150 personnes de toutes parts.  Donc, nous avons été vraiment surpris par ces actions car nous n’avons pas l’habitude d’y faire face car la paix était de mise, le pays était en paix et le peuple exerçait le pouvoir.

Nous ne voulions pas que cette nouvelle sorte à l’extérieur et nous voulions étouffer les choses.  On a essayé de ne pas parler de cette question pendant 4 ou 5 jours et nous n’avons pas fait attention, si vous voulez, au volet médiatique.  Nous ne voulions pas que la question sorte à l’extérieur.

Mais comme c’était une cellule qui relevait d’Al-Qaïda, elle était vraiment bien orchestrée.  Ils ont tiré avantage de ces jours de silence pour nous.  Ils ont envoyé par le truchement de téléphones portables des informations à l’extérieur pour dire qu’il y a des manifestations pacifiques, qu’on leur a tiré dessus et qu’il y avait des milliers de victimes, alors que nous n’avions absolument  pas attaché beaucoup d’importance à la situation et n’avons pas fait attention à ces mensonges, et soudain on s’est aperçu que le monde entier était contre nous, même des Ambassadeurs libyens.  On a découvert que le monde avait des informations qui n’étaient pas vraies.

Les informations sont arrivées en vitesse aux Nations Unies et le Conseil de Sécurité a pris une Résolution contre nous.  Nous nous sommes aperçus que notre Représentant aux Nations Unies était recruté par les Services secrets américains, c’est pourquoi il a demandé, n’est-ce pas, la condamnation de son pays et il s’est réfugié chez les Américains, chez les Services de Renseignements américains.

Le Brésil, l’Inde, les membres africains du Conseil de Sécurité, le Gabon, l’Afrique du Sud, le Nigeria ont été surpris.  Comment peut-on prendre une décision de cette manière.  Je leur ai dit  : « vous condamnez la Libye sans venir ici en Libye, sans vérifier sur le tas ».

« Comment vous pouvez prendre une telle décision sur la base d’appels téléphoniques ou médiatiques ? »  Ils m’ont dit que celui qui a envenimé et empiré la situation c’est notre Représentant aux Nations Unies dont je vous ai dit tout à l’heure qu’il a été recruté par les Américains à notre insu.  C’est lui qui avait demandé la condamnation de son pays, c’est-à-dire la Libye et même à ce moment là, Monsieur le Président, nous n’avions pas vraiment pris connaissance des images qui circulaient à l’extérieur.

Actuellement, M. le Président, ces bandes ont envahi la région de Benghazi ; ils ont attaqué les prisons et libéré les prisonniers, les criminels, les prisonniers de droit commun, c’est-à-dire les voleurs …
ils ont armé ces gens là ; ils ont choisi des jeunes gens et leur ont distribué des cachets hallucinogènes.  Ces jeunes ont occupé certaines rues.

Mais j’aimerais vous dire que tout ce que le monde vient d’apprendre sur la Libye n’a pas véritablement de base.  Car les gens d’Al-Qaïda  ne peuvent pas organiser de manifestations paisibles, pacifiques et n’ont même pas de demandes précises et ne veulent négocier avec personne.

Ils ont, si vous voulez, capturé des Avocats, des Officiers comme otages et ils leur ont demandé de mettre en place un Conseil à Benghazi et ont pris contact avec les pays étrangers pour leur dire qu’il faut traiter avec le Conseil, pour qu’on puisse transformer la région en une sorte d’Emirat islamique.  Puis après ils vont, je suis sûr M. le Président, se débarrasser de ces Avocats, de ces  Juristes, de ces Officiers, car ce sont des otages entre leurs mains.

Il me semble que les Etats-Unis, la France, l’Angleterre ont des convoitises par rapport au pétrole et ils savent qu’ils ont pris avantage pour exploiter cet incident et commencent à menacer d’utiliser la force contre la Libye.

Vous avez-vous-même appris l’adoption d’une Résolution qui n’est vraiment pas raisonnable.  C’est une résolution basée sur des rapports médiatiques ou des reportages.  Quand on a ouvert les portes aux correspondants et aux journalistes, le m
00..onde a commencé à connaître la vérité, mais la campagne de mensonges continue toujours.  Ce sont vraiment des choses  qu’on ne peut pas croire, incroyables.

C’est ce que je voulais vous dire …..

Président WADE : je vous remercie pour les explications que vous venez de me donner.

En fait lorsque cette affaire a éclaté, nous avons tous essayé d’avoir des informations.  Il faut voir comment nous avons été informés de l’extérieur. Nous sommes informés par la presse, par les journalistes qui ont des correspondants sur place et par des TV.

Maintenant je voudrais vous dire que les membres du Conseil de Paix et Sécurité de l’Union Africaine qui représentent les Chefs d’Etat ne sont pas par nature hostiles à la Libye  S’ils ont été amenés à prendre une décision c’est parce qu’ils ont été convaincus par les images et les articles qui étaient écrits par les journalistes présents en Libye.

Quand vous allumez la Télévision vous voyez des images de l’armée libyenne qui tire sur des civils ; vous voyez depuis 3 ou 4 jours les avions libyens bombarder des civils.  Ce sont des procédés absolument inacceptables.

Personnellement, cela me fait mal au cœur de voir un Chef d’Etat Africain jeter des bombes sur des civils parmi lesquels il y a des femmes et des enfants.

Kadhafi : Cela ne s’est pas produit de la sorte…Il s’agit de résistance contre les bandes armées uniquement….

Président WADE : je vais devoir te dire quelque chose.  Tu sais que moi je suis un homme de vérité et un homme libre par rapport à tout le monde et, en plus, je suis musulman, et, à mon âge, un musulman ne ment pas ; il dit la vérité et je suis Président de l’OCI.

Quand il y a une tragédie comme celle-là je dois dire ce que je ressens dans mon cœur.

Je voudrais ajouter qu’avec la Libye, et toi Kadhafi particulièrement, nous avons souvent travaillé ensemble dans le cadre de l’Union Africaine pour faire avancer les Etats-Unis d’Afrique, mais tu n’as jamais rien fait au Sénégal. Tu n’as pas fait une seule école, tu n’as pas fait une seule université, tu n’as pas fait une seule maternité et je suis aujourd’hui libre de te dire ma pensée.

Je sais qu’il y a des pays où tu as fait beaucoup de choses ;  cela ne me regarde pas et je trouve que c’est très bien.

Mais en tout état de cause, par rapport au Sénégal, il y a eu des promesses mais après rien.  Je voudrais te dire que c’est avec toute ma liberté que je te dis ce que je voudrais te dire.

J’ai été vraiment meurtri par les images à la TV de certaines villes de Libye qui sont bombardées par des avions ; on ne va pas me dire que les journalistes ont inventé cela !

Je vais te dire mon sentiment, c’est que tu es avec des gens qui ne te disent pas la vérité.  Ils ne te rapportent pas la vérité.  Quand des hommes comme moi qui ne te doivent rien te parlent, il faut considérer que c’est uniquement par esprit de la vérité et dans l’intérêt de l’Afrique.

Dans tous les pays, et ce n’est pas seulement en Afrique, il y a des populations qui sont mécontentes  mais le rôle du Gouvernement est de gérer plus ou moins ce mécontentement.  S’il y a eu mécontentement en Egypte, en Tunisie et dans certains pays arabes aujourd’hui, c’est parce qu’il s’agit des mêmes populations.

Kadhafi : il y a beaucoup d’investissements Libyens en Afrique.  La Lybie est en train de bâtir l’Afrique.

Président WADE : « C’est indiscutable.  Tu es en train d’investir en Libye, ça je ne le conteste pas.  Tu as fait de gros investissements en Libye.  Nous, ce que nous attendons de la Lybie aujourd’hui, ce ne sont pas des hôtels, vieux que tu rafistoles, qui ne sont même pas des hôtels neufs, mais des routes, des chemins de fer … c’est ce que nous attendons de la Libye. Ce que je dis là est vrai aussi pour l’Algérie qui préfère garder ses milliards de dollars aux Etats-Unis.».

Kadhafi : si on arrête la résistance contre ces bandes armées cela ne va pas aller.

Président WADE : on n’a pas dit cela.  J’ai dit qu’il faut proclamer le cessez-le-feu.  Moi, c’est sur l’Union Africaine que je peux agir ; je peux demander qu’une Commission parte en Libye immédiatement.

Kadhafi : Si je lance le cessez-le feu pour 24h, les groupuscules de Ben Laden ne vont pas obtempérer.

Président WADE : il faut annoncer le cessez-le feu pour  24 h ; si dans les 24h, il y a des tirs de l’autre côté, on peut comprendre, mais  il faut faire le premier geste.  Nous allons les écouter et leur demander ce qui se passe ?  Quelles sont leurs revendications ?

Kadhafi : Le Nigeria a bien combattu des groupuscules dans le Delta du Niger ! La Mauritanie a également combattu les groupes armés.  La Russie a bien détruit la Tchetchénie !

Président WADE : il ne faut pas prendre l’exemple des peuples qui ont détruit leur population.  Dans le cas du Nigeria, j’avais pris position contre les compagnies pétrolières dont les pipelines traversent des zones pauvres pour exporter leur pétrole vers l’extérieur, sans même se soucier du sort des populations dont ils dégradent parfois les terres au point de les rendre inaptes à l’agriculture.

Kadhafi : tout le peuple libyen est avec moi contre ces bandes armées; nous voulons nous débarrasser de ces bandes armées qui sont venues de l’étranger.  Vous pouvez venir ici pour vérifier.

Président WADE: Je peux envoyer des gens mais ce que je demande à l’heure actuelle c’est la déclaration de cessez-le feu de Mouammar Kadhafi au moins pour 24 heure et moi, immédiatement après, je prends les dispositions pour parler avec les autres et leur demander d’arrêter.

Kadhafi : le peuple libyen crie et m’appelle tout le temps pour me dire de le débarrasser de ces bandes armées.

Président WADE : Je comprends que la Libye lutte contre le terrorisme car je suis moi-même un anti terroriste, mais pour revenir au problème de la Libye, il faut proclamer le cessez-le-feu.

Kadhafi : Il faut voir vous-même les attitudes du peuple libyen ; il faut écouter les femmes et les enfants ; ils disent qu’ils ne peuvent pas fréquenter l’école, sortir dans les rues et faire des achats car ils ont peur des bandes armées.  Ils ne peuvent même pas faire des achats ;

Président WADE je voudrais savoir si tu acceptes que l’Union Africaine envoie une Commission ?

Kadhafi : bien sûr que j’accepte !

Président WADE : je vais demander cela mais n’empêche que tu dois déclarer le cessez-le-feu et nous aussi, de notre côté, allons demander aux autres d’arrêter.  Toute guerre  doit se terminer par la négociation.

Kadhafi : Je dois convaincre les populations libyennes de ne pas faire la guerre aux bandes armées….

Président WADE : Je n’ai pas dit cela, j’ai dit que même s’il y a une révolte intérieure, le gouvernement ne doit pas bombarder des civils, des  femmes et des enfants sous prétexte de combattre des terroristes.

Kadhafi : ce sont des mensonges qu’on a fait circuler partout et on veut laisser ces bandes armées occuper les gisements de pétrole, les brûler… Est ce que vous êtes d’accord M. le Président ?

Président WADE : je ne suis pas d’accord du tout car le Pétrole appartient à l’Afrique et à tous les africains. Je peux faire immédiatement une déclaration sur une grande TV pour dire qu’il ne faut pas aller brûler les puits de pétrole car c’est une richesse qui appartient à l’Afrique.  Cela je vais le faire.

Kadhafi : Vous pouvez dire que c’est le droit de l’Etat libyen de protéger ses ressources.

Président WADE : Non, je ne prends pas position comme cela.  Je vais leur dire de ne pas brûler les puits de pétrole.  Ce n’est pas à moi de défendre l’Etat Libyen qui est assez fort pour se défendre  tout  seul.  Je ne suis pas mandaté par l’Etat libyen mais par ma conscience car je veux la paix en Afrique.

Kadhafi : on avait commencé à les combattre quand ils se sont dirigés vers les gisements de pétrole.

Président WADE : sur cette question je ferai une déclaration.  Mais s’ils prennent le pétrole pour aller déposer l’argent dans les banques occidentales sans  que l’Afrique puisse en profiter, je prendrai la même attitude.  Nous sommes le même continent.  Nous sommes le même peuple.  Certains regardent dans leur sol s’ils ont du pétrole ; Ils  gardent leur argent pendant que les peuples africains crèvent de faim et se mettent à mendier sur le plan international.  Ce que je dis est valable pour le Gouvernement algérien qui a plus de 600 milliards de dollars dans les banques occidentales pendant que les africains et des Algériens meurent de faim.

Il faut qu’on arrête cette histoire là : l’argent de l’Afrique doit être investi en Afrique et pas ailleurs.

Kadhafi: c’est vrai M. le Président…

Président WADE : Moi, je n’ai de compte nulle part, dans aucun pays du monde.  Je leur ai dit si vous trouvez de l’argent à mon nom, vous n’avez qu’à le prendre.  Je suis un homme libre c’est pour cela que je parle comme cela.  Il faut ramener les milliards de dollars en Afrique.

L’Afrique a besoin de chemins de fer, de routes, d’écoles….  Nous, les petits pays faisons tellement d’efforts pour construire des écoles, des universités…J’ai quatre universités au Sénégal, je n’ai pas de pétrole je n’ai rien. Les gens qui ont du pétrole ne font rien pour nous et préfèrent mettre leur argent dans les pays occidentaux.

Kadhafi: M. le Président, moi aussi je suis comme vous.  Je n’ai pas d’argent à l’extérieur.

Président WADE : mais l’Etat libyen a de l’argent à l’extérieur…

Kadhafi : c’est vrai….

Président WADE : je crois qu’il serait sage de l’investir en Afrique au lieu de le placer n’importe où dans le monde. L’Afrique a besoin de ses ressources.

Qui a donné le droit de creuser le sol et de dire le pétrole m’appartient, alors que les frontières ont été faites par les colonialistes.  On combat les frontières terrestres alors qu’à l’intérieur des sols, s’il y a du pétrole, chacun se permet de dire que « le pétrole m’appartient ».  C’est cela qui va faire la révolution dans toute l’Afrique car ceux qui ont de la chance de trouver du pétrole ne l’utilisent pas pour les peuples africains.  C’est cela le problème.  En fait, ce sont les pays développés, qui gardent l’argent dans leurs banques, qui en profitent pour financer leur économie.  Il faut arrêter cela et faire revenir l’argent de l’Afrique en Afrique.

Kadhafi : d’accord M. le Président, Merci beaucoup M. le Président

Président WADE: Au Revoir


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