Quand les “Ndiambane” ENVAHISSENT TOUS LES COINS DE RUES

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TAMARIN, PAIN DE SINGE, MANGUES VERTES, MAAD…

Le commerce de «ndiambane» est devenu très fructueux. Ces mélanges à base de pain de singe, de mangues vertes ou de “maad” se vendent en effet comme de petits pains. Une nouvelle tendance alimentaire dont beaucoup raffolent, surtout les femmes et les enfants
A 11 heures, en cette matinée du mercredi, le marché «Sandika» à Pikine Tally Bu Bess, est plongé dans son décor habituel, c’est à dire brouillant et noir de monde. Et comme toujours, l’odeur nauséabonde chatouille les narines aussi bien des passants que des vendeurs et autres clients. Les commerçants, bien cramponnés derrière leurs comptoirs, guettent l’arrivée de potentiels clients qu’ils abordent avec amabilité.

Des camions garés çà et là, des manœuvres aux muscles saillants affichant des visages fatigués et dégoulinant de sueur, déchargent les marchandises. Sur les étals des commerçants, on est vite attiré par les mangues vertes ou celles qui sont greffées. Elles sont minutieusement achalandées sur les tables.

C’est dans ce décor qu’on s’est rapproché d’un commerçant devant un grand étal. Ce vendeur du nom de Modou Ndiaye, la quarantaine, s’affaire à compter ses recettes. Même si ces mangues ne sont pas assez mûres, le commerçant déclare recevoir beaucoup de clients. «Je suis vendeur dans ce marché depuis des années. Mais en cette période, on vend plus les mangues vertes ou celles qui sont greffées, mes clients viennent s’en procurer beaucoup. Je vends le kilogramme de mangue verte à 175 francs Cfa et pour les mangues greffées c’est 275 francs Cfa», informe Modou.

Les enfants et les femmes enceintes, principaux clients

Plus loin, nous croisons la dame Aminata Ndao. Elle se dit «bana-bana». Elle explique les raisons de sa présence sur ce lieu : «Je suis venue m’approvisionner pour remplir ma table. Ces temps-ci, ce sont les mangues qui font notre affaire. Parce qu’on s’en sort bien en les vendant au détail. On achète ici en gros, au kilogramme, le moins cher possible. Après, on le revend à 25 francs Cfa l’unité pour les mangues non vertes et 50 francs Cfa pour les mangues greffées. Ma clientèle est surtout composée d’enfants âgés entre 7 à 8 ans. Les femmes, surtout celles qui sont enceintes, en raffolent aussi. Et pour ne rien laisser au hasard, j’achète aussi du piment, du poivre en poudre et du sel pour le mélange qui va accompagner les mangues qui, il faut le dire, ne sont pas mûres».

Pour sa part, Abdoulaye Diallo, un autre jeune vendeur trouvé devant son commerce, donne les détails de son business. «J’épluche la mangue et ensuite j’en fais des tranches avant de les mettre dans un sachet en plastique que je vends entre 50 et 100 francs Cfa. Et je vous avoue que c’est un business très lucratif, surtout en cette période», confie-t-il.
A côté des mangues vertes, les «ndiambanes » ou «mélanges», à base de pain de singe (bouye), de tamarin (daxaar) ou de «maad», font aussi recette. En fait, la recette de fabrication de ces concentrés est quasiment la même. Le produit est trempé dans de l’eau tiède ou chaude. Ensuite, on frotte les noyaux entre eux pour détacher toute la chair. On obtient ainsi une purée bien épaisse.
Si c’est le tamarin, la purée est assaisonnée avec de l’oignon, du citron, des fruits de mer, des bouillons cubes, du piment, du sel et du sucre. Pour le pain de singe, c’estsouvent du sucre qu’on y ajoute. La mangue verte est aussi assaisonnée avec du piment et du sel.

Un commerce très lucratif et rentable

Il faut noter que les vendeurs y ajoutent d’autres ingrédients à leurs goûts. De quoi rendre ces «ndiambanes», piquants et bien épicés. Et ils sont vendus en pots ou sachets entre 50 et 1000 francs Cfa. Ce type d’aliment qui était le propre des femmes, est maintenant consommé par les hommes sans modération. On en vend dans tous les coins de rues, mais surtout dans les marchés, les stades, et surtout devant les écoles. C’est le cas dans cet établissement public à Guédiawaye où Adama Fall, une jeune dame aux formes généreuses, tient son commerce. «Je vends ces mélanges ( ‘ndiambanes’) depuis des mois. Je les associe avec des bonbons et autres. C’est un commerce qui marche bien en cette période. J’achète pour 500 francs Cfa de pain de singe et aussi du sucre que je mélange avec de l’eau, en y ajoutant du lait en poudre et des arômes pour donner plus de goût», informe-t-elle.

Pour le tamarin, renseigne-t-elle: «J’y mets du poisson fumé, des huîtres, du sel, du piment et du poivre. Les enfants n’achètent que ça. Je respecte les règles d’hygiène, et les restes je les garde au frais». La vendeuse avoue bien se frotter les mains. Mère Ndiaye vend, pour sa part, un mélange de mangues vertes devant la porte d’une école primaire de Guédiawaye. Elle confie : «J’épluche les mangues vertes avant de les cuire au petit feu, puis j’ajoute des ingrédients tels que sel, piment et poivre. Le pot est vendu à 100 francs Cfa et je m’en sors bien. Ça marche très fort, surtout auprès des écoliers qui en achètent à la récréation où à la descente».

Sabel Diop, ménagère, vend quant à elle trois sortes de mélanges : le «bouye», le «daxaar» et le «maad». «Pour le pain de singe le ‘bouye’, je mets de la boisson en poudre comme le ‘Foster class’ au lieu du lait en poudre. Parce que c’est cher et je fais plus de bénéfices. Si la marchandise reste, je garde ça et je la revends le lendemain. Même si je n’ai pas de frigo, je la mets juste dans un lieu bien ouvert et le couvre», fait savoir la vendeuse.

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