Polémique : un photographe hongrois s’inspire des migrants pour un shooting de mode

  
Un photographe hongrois, Norbert Baksa, a déclenché l’ire des internautes en publiant sur son blog des photos de mode mettant en scène un mannequin en situation de migrants. L’artiste se défend d’avoir « glamourisé » le drame des réfugiés.

Il affirme ne pas avoir voulu « glamouriser » la « terrible situation » des migrants. Et pourtant, en regardant sa série de photos intitulées « Der Migrant » (« Le migrant », en allemand), difficile de ne pas se poser de questions quant aux intentions de l’artiste hongrois Norbert Baksa.

— Norbert Baksa (@NorbertBaksa) 5 Octobre 2015

Seins nus, portable Chanel, talons hauts mais aussi fils barbelés, policiers, matraques, boue, saleté… Voici en substance les ingrédients de ce shooting de mode pour le moins particulier que l’artiste a publié sur son blog et sur son compte twitter, lundi 5 octobre. Le mannequin – magnifique et longiligne – est grimée en réfugiée chic et pose de manière lascive devant l’objectif du photographe. Elle joue une scène où elle est molestée par un policier, elle est assise sous les fils de fer barbelés – d’une clôture qu’on imagine être celle construite cet été en Hongrie à la demande du Premier ministre populiste Viktor Orban pour lutter contre l’afflux massif de migrants syriens.

Sans surprise, à peine publiées, ces photos ont immédiatement fait réagir les internautes sur les réseaux sociaux, les détracteurs dénonçant surtout l’indécence du projet. Mais Norbert Baksa, loin de s’excuser, assume son œuvre : non, il n’a pas voulu « glamouriser » la crise migratoire mais « faire réfléchir » le public sur cette problématique complexe. « Beaucoup d’artistes attirent régulièrement l’attention à travers des œuvres choc. Ces photos en sont un nouvel exemple », argue-t-il sur son blog.

A l’instar d' »Exhibit B », cette exposition qui avait fait polémique en 2014 en Europe en mettant en scène des Noirs dans des cages face au public en référence à l’esclavage, Norbert Baska a donc voulu « choquer » pour « interpeller ».

Mais là où le Sud-Africain Brett Bailey, auteur d’ »Exhibit B », voulait dénoncer l’horreur d’un système passé, le spectateur peine à comprendre la démarche du photographe. « Nous sommes envahis d’informations contradictoires à ce sujet […]. Personne n’a une connaissance précise de la situation dans son ensemble », explique le photographe dans son blog. « […] C’est précisément ce que nous avons voulu montrer : vous voyez une pauvre femme [réfugiée] mais qui est aussi très belle, et malgré la situation, elle porte des vêtements de qualité et possède un smartphone ». Les migrants joueraient donc un double jeu et se feraient passer pour ce qu’ils ne sont pas ?

« Je dis à mes détracteurs qu’il faut voir le problème [migratoire] sous un autre angle, d’autant plus que [ces réfugiés] ne vivent pas en Hongrie, conclut Norbert Baksa. […] Il est très difficile de comprendre […] si ces gens sont vraiment des réfugiés ou quelque chose d’autre ».

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