Péril démocratique : L’Etat-Apr « nargue » le Sénégal de la nation

Après avoir longtemps fait figure de référence en Afrique, la démocratie sénégalaise fait aujourd’hui pale figure. Au moment où le peuple broie du noir et s’inquiète de l’instrumentalisation de la justice qui assombrit de plus en plus son avenir,  l’Etat-Apr pour sa part, grisé par les effluves enivrants du pouvoir semble vivre dans un Sénégal de rêve.

Y aurait-il un Sénégal de l’Etat-Apr et un Sénégal de la Nation ? C’est tout comme, car à entendre les sorties du Pm Boun Abdallah Dione et celle de Omar Youm le dircab du Chef de l’État, nous avons comme l’impression que ce n’est pas du même Sénégal dont il s’agit. Selon le Pm Boun Abdallah Dione : «Le Sénégal, sous le Président Sall, continue d’être une démocratie majeure, mais il est en même temps un État de droit, c’est à dire un pays où le droit s’applique de la même manière, à tous les citoyens sans distinction d’aucune sorte.»

Oumar Youm, pour sa part, affirme  sans sourciller : « Aujourd’hui plus que jamais, l’État est décidé à combattre la corruption et la mal gouvernance. Ce combat est impersonnel. Il faut que les gouvernants sachent qu’ils ne sont pas élus ou nommés pour vivre de la sueur des populations sans être inquiétés ».

Finalement, c’est comme si les politiques ne vivent plus la même réalité que les Sénégalais lambda. Le Sénégal dont parlent ces dirigeants est-il le même que celui où le maire de la capitale Khalifa Sall est emprisonné pour détournement d’un milliard 800 millions Fcfa, au moment où le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, empêtré dans le scandale du Prodac qui a englouti plus de 29 milliards Fcfa, se la coule douce ? Le Sénégal dont parlent le Pm Boun Abdallah Dione et Omar Youm, est-il le Sénégal où le President refuse de lever le coude sur des dossiers qui accablent ses proches ?

Le Sénégal dont ils parlent, est-il le Sénégal où la Justice est instrumentalisée au point de pousser les magistrats à monter au créneau pour dénoncer l’immixtion intempestive de l’Exécutif dans les affaires du judiciaire ? Pour dire que ces dirigeants prennent les populations pour ce qu’elles ne sont pas. Car le constat unanime est que de nos jours, la démocratie sénégalaise qui faisait la fierté de ses fils est mise à rude épreuve par l’État Apr, ce qui suscite inquiétude et crainte pour l’issue de la présidentielle de 2019.

Obnubilé par un second mandat qu’il tient vaille que vaille à obtenir, le Président Sall, comme un rouleau compresseur, écrase tous ses adversaires qui se dressent sur le chemin qui mène vers le second mandat. Et les actes qu’il pose aujourd’hui menacent gravement la paix et la stabilité du pays. Il est temps que les actes qui tendent à mettre en péril nos précieuses richesses que sont la paix et la stabilité cessent.

Car personne, fut-il le président de la République, n’a le droit de  mettre  en péril notre commun vouloir de vie commune pour des intérêts inavoués. Le Chef de l’État est avant tout un homme comme les autres, mais qui occupe une fonction importante. Et cette importante fonction fait de lui  le  père spirituel de la nation, ce qui veut dire que tous ses compatriotes sont ses « enfants ».

Donc, ce qui est attendu de lui, c’est qu’il évite de faire du favoritisme en mettant tout le monde au même pied, étant entendu qu’il incarne la nation. Ce qui doit aussi le pousser à faire preuve d’ouverture et de dépassement pour créer un consensus avec son opposition, sur les grands sujets qui concernent le pays.

La paix et la stabilité du pays en valent la peine. Comme le disait le Général Lamine Cissé« le Sénégal a atteint un seuil  de démocratie enviable pour tout le continent, qui le met au niveau de certains pays du Nord. Il ne faut pas que cela nos échappe. Il faut travailler pour que tout ce que nous avons appris et réalisé soit désormais un acquis permanent qui puisse prospérer ( … )»

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