«Nous allons veiller a ce qu’on respecte les règles d’une présidentielle crédible et transparente»

Elu pour quatre ans le week-end dernier, le nouveau secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) compte sur la modernisation du mode de fonctionnement de son organisation pour mener à bien sa mission.  

Joint au téléphone hier, mardi 2 octobre, Sadikh Niass qui assurait jusque-là l’intérim depuis le décès d’Aboubacry Mbodj en 2017, entend également rapprocher les acteurs politiques autour de l’essentiel, surtout le processus électoral en perspective de la présidentielle de 2019, tout en veillant à l’organisation d’une élection crédible et transparente. Même s’il a fait savoir qu’il y a des avancées en matière de droits humains au Sénégal, Sadikh Niass avoue tout de même qu’il reste beaucoup à faire.

Après deux ans d’intérim, vous êtes confirmé secrétaire général de la Raddho. Quelles sont vos priorités ?

Les priorités pour mon mandat, c’est de moderniser le mode de fonctionnement de l’organisation au contexte. Parce qu’il y a un contexte qui est marqué par de nouvelles menaces, de nouvelles thématiques concernant les questions de sécurité, de lutte contre le terrorisme, de la migration et de la traite des personnes, surtout celle des enfants mais aussi des questions liées à l’exploitation des ressources naturelles. Ce sont donc des nouvelles pratiques sur lesquelles nous allons réorienter notre action en plus des missions traditionnelles de la Raddho qui consistaient à la protection, à la promotion et à la défense des droits de l’homme. Voilà autant de questions que nous allons intégrer dans le cadre de notre action. Nous en avons discuté. Il y a aussi une ouverture vers la décentralisation des droits de l’homme à l’intérieur du Sénégal. Parce que les violations des droits de l’homme ne concernent pas seulement la capitale ou les capitales régionales mais il y a des violations dans les régions. C’est le lieu de mettre l’accent sur le renforcement de nos observatoires parce que la Raddho a des représentations au niveau des 14 régions du Sénégal. Dans chaque région, on a un observatoire de la Raddho.

A quelques mois de la présidentielle de 2019, le landerneau politique s’agite de plus en plus et on n’entend pas beaucoup la société civile. Qu’est-ce qu’on peut attendre de la Raddho pour un rapprochement du pouvoir et de l’opposition en perspective d’une élection apaisée ?

Ce n’est pas qu’on n’entend pas la société civile mais elle a tenté. On se rappelle très bien les efforts consentis dans le cadre d’une coalition qui avait regroupé la Raddho et beaucoup d’autres organisations. On avait une médiation entre le pouvoir et les acteurs politiques. Chaque camp avait promis de donner suite à cette médiation. Il disait qu’il était ouvert au dialogue politique. Le Président de la République avait même reçu des représentants de la société civile dans ce cadre mais le dialogue a échoué au Sénégal du fait d’une rupture de confiance. C’est la confiance qui existait d’antan entre les acteurs politiques, ce minimum de confiance qui doit exister pour que les gens puissent dialoguer. On ne peut pas se mettre ensemble autour d’une même table pour dialoguer avec des gens qui se méfient. Donc, c’est ça qui a un peu changé.

Maintenant, si le Président appelle au dialogue, d’aucuns disent est-ce que c’est sincère ?

D’autres disent est-ce qu’on va dialoguer sur tout ou sur une partie. Il y a autant de questions qui font qu’effectivement avec cette rupture de confiance avec les acteurs politiques, le dialogue est en panne au Sénégal et cela fera partie de notre chantier. Nous allons tout faire pour réunir effectivement la société civile autour de ce programme, rapprocher les acteurs politiques autour de l’essentiel, surtout le processus électoral. Cela sera un grand chantier pour nous parce que nous sommes à quelques mois des élections et on sait qu’à l’approche des élections, il y a toujours  des frissons, autant pour la classe politique que la société civile. Donc, nous allons veiller à ce que tout se passe dans la transparence et qu’on respecte les règles d’une élection crédible et transparente.

Comment voyez-vous la situation des droits humains au Sénégal ?

Comme je l’ai toujours dit : il y a des avancées mais il y a beaucoup d’inquiétudes. Ce qui vaut une certaine vigilance avec un soubassement d’absence de dialogue politique autour du processus électoral pour dire qu’il y a beaucoup de rupture de consensus autour du processus électoral. Mais également ces temps-ci, on a noté des cas de tortures, de bavures policières, des morts d’homme en détention. Les longues détentions préventives, les conditions exécrables de détention dans les prisons autant de faits qui militent pour un recul des droits de l’homme au Sénégal. Il y a des points sur lesquels l’Etat a fait des avancées mais une organisation de défense des droits de l’homme n’est pas là pour faire le bilan de l’Etat. Dans ce sens, il y a l’accès aux bourses familiales et autres. Sur ce plan, on peut dire qu’il y a quelque chose. S’y ajoutent les infrastructures qui font aussi partie du cadre de vie. Mais du point de vue des institutions, de l’indépendance de la justice, des droits civils et politiques, les interdictions de manifestations et de marches, je pense qu’il y a un recul des droits de l’homme au Sénégal.

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