Moussa Sy ou l’art de rester maire : comment il s’est servi de Karim Wade pour séduire Macky Sall

Le week-end passé, Moussa Sy participait en première ligne à une manifestation de la mouvance présidentielle tenue dans sa commune.

Pour masquer l’opération de séduction, on a placé la manifestation sous le faux-nez des « colonies de vacances pour les enfants des Parcelles Assainies ». Amadou Bâ et Mbaye Ndiaye étaient également présents au bal des masqués, là où seules les montagnes ne se rencontrent pas. Tous les deux lui ont publiquement demandé de rejoindre Benno Bokk Yakaar. Une semaine plus tôt, le journal Les Echos révélait que M. Sy devait participer à une réunion secrète convoquée par Ousmane Tanor Dieng, dans la perspective de la succession de Khalifa Sall. « Finalement, le maire des Parcelles Assainies n’a pas fait le déplacement. Les participants l’ont appelé au téléphone avant la réunion, mais il n’a pas répondu », précisaient, cependant, nos confrères.

N’empêche, la corrélation entre les deux informations, qui se recoupent l’une l’autre, indexe une conspiration machiavélique. En réalité, adepte du jeu d’ombres, le maire a bien mûri son plan depuis plusieurs mois déjà.

Pour souvenir, dans un entretien accordé au quotidien Le Populaire le lundi 22 janvier 2018, il appelait, spectaculairement, l’opposition à se ranger derrière Karim Wade en direction de la présidentielle de 2019. Dans un commentaire publié le même jour, Dakaractu dénichait anguille sous roche. « Double-jeu entre Khalifa et Karim : Moussa Sy cherche-t-il à se rapprocher de Macky ? », s’interrogeait le texte. L’homme, qui fut un proche de Pape Diop, lui-même jadis typé pro-Idy, a toujours été hostile à la Génération du Concret.

Le 23 juin 2011, il avait rageusement et courageusement demandé le retrait du fameux projet de loi, prenant son camp à contre-pied.

Toutes choses qui prédisaient à croire que l’édile des Parcelles Assainies cherchait, par cet appel à Karim, à se démarquer de Khalifa Sall, après deux défaites consécutives : au référendum de 2016 et aux dernières législatives. « On se rappelle que lors du meeting de clôture tenu aux Parcelles Assainies en juillet 2017, Amadou Bâ avait tendu la main à Moussa Sy pour la conclusion de l’armistice », écrivions-nous encore. Mieux, soulignait le commentaire : « Ce dernier, naguère virulent à l’endroit de Macky Sall, était aphone jusque-là. Fantasme ou réalité : il se susurre dans les salons parcellois que l’ancien homme de confiance de Pape Diop ne cracherait pas sur une nouvelle offre de partenariat de l’Apr ».

La manœuvre, chez Moussa, vise à miser sur une victoire de Macky en 2019 et, le cas échéant, conserver son fromage de maire. Ce qu’il ne peut pas, selon toute vraisemblance, obtenir d’un autre allié.

Toutefois, un ralliement de ce dernier, relié aux autres défections ayant affecté Taxawu Dakar, pourrait induire une relecture du rapport de force dans le département de Dakar où Benno peine à dépasser la barre des 40 % depuis sa naissance. Cela, compte tenu du poids électoral des Parcelles Assainies.

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