Monsieur le Procureur, redonnez de la valeur à la vie de la petite Aissatou Diallo (Dr Cheikh Tidiane DIEYE)

Aissatou était studieuse et pleine de vie. Comme tous les enfants de son âge, elle avait aussi des rêves. Sa grand-mère en parle avec fierté et regrets. Sa mère, ses tantes, voisines et tous ceux et celles qui l’ont connu la décrivent comme une petite fille rayonnante et attachante. Son élan a été brisé. Sa vie n’avait pas assez de valeur pour certains.  

Ce lundi 23 octobre, sa famille a organisé une prière commémorant le huitième jour de sa disparition. C’est tout ce qui reste d’une fillette qui, il ya dix jours encore, vivait sa vie d’écolière de douze ans. Aissatou est partie pour de bon, laissant notre société avec ses propres tourments, ses fautes collectives béantes et ses lâchetés, jusqu’à la prochaine victime innocente. Ensuite s’en suivra la même clameur, le même concert d’indignation, le même buzz médiatique pendant quelques jours, et puis rien. Ce sera fini. Encore une fois.
Espérons que le cas d’Aissatou soit différent. J’ai rarement vu une vague d’indignation populaire et de récrimination aussi forte que celle qui a suivi la mort de cette petite fille. Et si Aissatou était un ange? Serait-elle venue tout juste pour nous jeter à la face des yeux la hideuse réalité que nous refusons de voir: notre société ne donne aucune valeur à la vie humaine, surtout celle des enfants.

Il est temps que tout cela cesse. Si nous n’y prenons garde, c’est notre nation qui verra son âme plonger dans les abysses de l’immoralité, happé par le culte de l’argent, l’irresponsabilité, le manque de rigueur et la paresse collective. Nous savons pourtant tous que partout où le vice a pris le pas sur la vertu, il s’en est suivi la décadence et la faillite morale, lits de toutes les violences et les extrémismes. Le mal existe partout il est vrai. Mais il ne doit jamais être banalisé. Ceux qui travaillent dans les hôpitaux où nous soignons nos malades, les écoles où nous éduquons nos enfants, les structures administratives où nous rendons la justice et organisons notre vie collective, et qui s’accommodent du laxisme, du fatalisme et de la médiocrité ne doivent pas prendre le dessus sur ceux qui s’acharnent à rechercher le meilleur.

C’est pourquoi, lorsque j’ai que vous avez ouvert une enquête, en vous autosaisissant, j’ai été très soulagé. Je nourris l’espoir de vous voir donner à cette enquête toute son importance pour situer les responsabilités sur la chaine d’actions déclenchées depuis l’entrée de la petite Aissatou à l’hôpital de Pikine jusqu’à sa douloureuse disparition.
La maman d’Aissatou est encore étranglée par la peine lorsqu’elle raconte le récit des 72 heures que sa fille a passé à l’hôpital. L’agent de garde qui, interpellé sur l’effroyable douleur d’Aissatou a répondu  » ET APRÈS »; celui qui l’a chassée de la chambre qu’elle occupait la nuit du vendredi, l’obligeant à se tenir debout et à marcher; et ceux qui ont empoigné la maman pour la chasser de l’hôpital ne méritent pas de rester dans cet endroit. Il vous est facile de les identifier. Ils n’ont ni la dignité ni l’humanité pour travailler dans un hôpital, encore moins pour s’occuper d’enfants.

Vos actes peuvent transformer beaucoup de choses.  Donnez de la valeur à la vie de cette fillette que nous avons laissé mourir.

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