Mohammed VI : « Nous n’ignorons pas que nous ne faisons pas l’unanimité au sein de l’UA»

Le roi du Maroc a fait un discours en clôture du 28e sommet de l’Union africaine pour célébrer le retour du royaume chérifien dans l’organisation.

Son arrivée était attendue fébrilement, mardi 31 janvier, chacun sachant qu’une visite royale peut être annulée au dernier moment. Le roi du Maroc, Mohammed VI, dont le pays a été accepté hier au sein de l’Union africaine (UA) comme 55e membre, est finalement arrivé en début d’après-midi au siège de l’organisation panafricaine pour assister à la cérémonie de clôture du 28e sommet de l’institution. En costume sombre et turban doré, le monarque a prononcé un discours très offensif, censé marquer le caractère historique de ce moment.

« Il est bon le jour où l’on rentre chez soi », a commencé le souverain, en référence au départ de son pays de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), décidé par son père Hassan II, il y a près de trente-trois ans, après l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Réaffirmant qu’un tel départ était « nécessaire », le dirigeant a ensuite longuement mis en avant la politique mise en œuvre par le Maroc en direction du continent depuis son arrivée sur le trône en 1999 : « Près d’un millier d’accords conclus », « 46 visites royales dans 25 pays africains », des projets dans le domaine des infrastructures, de l’agriculture, de l’environnement.

« Que les richesses de l’Afrique profitent à l’Afrique »

« Certains avancent que, par cet engagement, le Maroc viserait à acquérir le leadership en Afrique. Je leur réponds que c’est à l’Afrique que le royaume cherche à donner le leadership », a lancé Mohammed VI, avant d’en venir aux débats houleux qui ont entouré sa réintégration au sein de l’UA. Une dizaine de pays, dont l’Afrique du Sud et l’Algérie, y étaient en effet réticents. « Nous n’ignorons pas que nous ne faisons pas l’unanimité au sein de cette noble assemblée », a-t-il reconnu, avant de lancer un message d’apaisement, promettant que son « action concourra, au contraire, à fédérer et à aller de l’avant ».

A l’image de ses discours prononcés à l’étranger ces dernières années, le souverain marocain n’a pas manqué de donner des accents panafricains à son intervention. « Il est temps que les richesses de l’Afrique profitent à l’Afrique », a-t-il martelé, pointant la part de responsabilité du colonialisme dans les maux actuels du continent. « L’Afrique est aujourd’hui dirigée par une génération de leaders décomplexés (…) qui agissent avec détermination, fermeté et conviction, sans se soucier d’être notés ou évalués par l’Occident », a-t-il expliqué, avant de tacler très directement les Etats-Unis et l’Europe.

« Depuis plusieurs années, le taux de croissance de certains pays du Nord ne dépasse pas celui de certains pays africains ; la faillite de leurs sondages révèle combien ils ont perdu toute capacité de comprendre les aspirations de leurs peuples ! » Or, a poursuivi le monarque, ces pays « s’arrogent le droit de nous dicter leur modèle de croissance ! ». Concluant son intervention par un appel à la solidarité entre pays africains, le roi a rapidement quitté la salle quelques minutes après son discours, alors que la cérémonie de clôture se poursuivait.
lemonde.fr

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