Malaise du secteur de la location automobile : De la vente à la location de véhicules d’occasion…

autoUne épidémie de mévente gagne les agences formelles de location de véhicules
Au début des années 90 est apparu au Sénégal, particulièrement dans la région de Dakar, le phénomène de la commercialisation de véhicules importés, destinés à la vente. Au fil du temps, cette activité a pris des proportions importantes du fait de sa rentabilité grandissante. C’est dire que la filière de véhicules d’occasion au Sénégal avait pris une part importante de marché. Ayant connu un dynamisme sans précédent, le secteur est devenu une vache à lait, aussi bien pour les hommes d’affaires (immigrés pour la plupart), que pour l’État qui en tire profit grâce à de nombreuses taxes et impôts…
Justement comme dans la majorité des pays en développement, le marché de l’automobile d’occasion est domine celui du neuf, parce que proposant des tarifs plus abordables pour les consommateurs à faibles revenus.
Occasionnelle et artisanale à ses débuts, la filière a fini de se formaliser. L’État a conçu pour le secteur un cadre réglementaire et des structures de contrôle. Il est devenu un secteur économique florissant avec des réseaux bien tissés et des correspondants bien installés. Activité génératrice de revenus tant pour les hommes d’affaires que pour les finances publiques, la vente de voitures d’occasion représente également une aubaine pour les populations des pays développés comme pour ceux en développement.
Vers l’érection de la clandestinité érigée en règle
Mais avec la prolifération de ce que les sénégalais ont fini d’appeler «les parking de vente de véhicules venant… », la tendance florissante a laissé place à des méventes de plus en plus courantes.
La supériorité de l’offre sur la demande traduite par la multiplication des parkings, a fini par plomber une activité pourtant très dynamique et rentable il y a seulement quelques années.
C’est dire que l’euphorie a cédé la place au doute. Et le doute a inspiré des solutions de sortie de crise…
Une crise qui trouvera son salut dans la reconversion à la location auto, un chemin que les gérants de ces parkings n’auraient jamais dû pouvoir emprunter. en piétinant au passage les lois et règlements qui régissent la location de véhicules.
La morosité économique ambiante a conduit à la reconversion des vendeurs de véhicules d’occasion
Partout dans la capitale sénégalaise, principalement sur les grandes artères, il est loisible de constater d’énormes stocks de voitures invendues et il s’en rajoute d’autres tous les jours, rendant de plus en plus compliquée la situation de leurs propriétaires.
Autant dire que cette situation fort incommodante a aussi des conséquences économiques, environnementales et sanitaires notoires, dont ne tiennent forcément pas compte les clients.
Quand les acteurs avouent leur illégalité :
«Nous nous investissons de plus en plus dans la location de voitures. Parce que la vente ne marche marche plus. Il nous arrive de rester plusieurs mois sans même concrétiser la vente d’une seule voiture», avoue avec amertume ce gérant de parking trouvé sur la VDN. «Nous sommes dans l’obligation de nous reconvertir dans la location de véhicule. Sinon nous courons directement à notre faillite », ajoute-t-il, non sans reconnaître qu’il est effectivement dans l’illégalité.
Même son de cloche cet autre vendeur de véhicules d’occasion que nous avons rencontré du côté de la Zone A. «Au début il m’arrivait de vendre entre deux et trois véhicules par semaine, mais à l’heure actuelle, je n’arrive même pas à voir de clients », se lamente-il avant de dire qu’il n’a de choix autre que la location.
Quid de la violation de la réglementation en vigueur ? Notre interlocuteur argue que même les institutions publiques se plaisent à venir louer ses véhicules.
Nous nous sommes rendus sur un autre site de vente de véhicules d’occasion importés vers Pikine (sur l’autoroute), et là également, on conclut avec la plus grande facilité sans aucune gêne son contrat de location de voiture. Ici aussi, on n’a pas besoin de s’embarrasser des formalités administratives courantes pour exercer l’activité de location de véhicules.
L’ampleur est tellement grande et grandissante que cette activité à eux prohibée, contribue à faire sombrer chaque jour un peu plus les agences professionnelles et reconnues de location de véhicules.
Ces dernières qui se disent victimes d’une concurrence déloyale vivent se trouvent dans l’obligation de licencier des centaines de personnes au moment où les gérants de parking grattent considérablement sur leurs chiffres d’affaires dans la plus parfaite illégalité. Car ne payant ni taxes ni impôts, encore moins de dépenses liées au personnel.
Un pied de nez aux agences formelles de location de voiture :
«Je trouve anormal et injuste ce que nous font vivre les gérants de parking de vente de véhicules d’occasion. Ces derniers ont fini complément de plomber et de désarticuler notre activité », se désole M. Ndiaye, Administrateur général d’une agence de location de voitures.
«J’ai simplement envie qu’ils sachent que nous avons investi des centaines de millions dans ce secteur en achetant des véhicules neufs et qu’eux se contentent d’importer des voitures de seconde main, d’origine souvent douteuse, qu’il loue à des prix défiant toute concurrence », s’étrangle de colère cet autre gérant d’agence ayant pignon sur rue en centre ville. Ne voulant nullement parler de prix, il souligne que de toute manière, les vendeurs de véhicules devenus par la force des choses, loueurs de voitures, offrent des prix largement plus bas. Mais justifie-t-il, cela est dû au fait que ces derniers ne paient aucune taxe liée à leur activité qu’il qualifie de « frauduleuse ».
La dénonciation d’une grosse arnaque :
Cette réduction massive des prix, déplore-t-il, est aussi à l’origine d’une grosse « arnaque » dont sont victimes les organisations gouvernementales et non gouvernementales qui organisent souvent des rencontres internationales ou même nationales. « Figurez-vous que nous recevons tous les jours des demandes de renseignement de prix que nous ne concluons jamais. Parce que tout simplement, certains proposés à l’organisation de ces événements jouent à fond sur la carte de l’arnaque », dénonce-il, non sans indiquer que le modus operandi est simple : il suffit juste demander le vrai prix de la location quotidienne d’une voiture, pour aller ensuite conclure avec une de ces agences informelles à un prix défiant toute concurrence et d’encaisser le surplus.
« Drôle de situation dans laquelle nous nous trouvons », ironise M. Ndiaye qui demande aux autorités compétentes d’agir avant qu’il ne soit trop tard pour un secteur important de l’économie sénégalaise qui engrange des milliers d’emplois.
L’État est donc interpellé pour mettre de l’ordre dans secteur qui a fini d’être complément désarticulé par l’incursion de centaines de personnes qui sont loin de connaître les contours de la location de voiture.

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