L’ancien député Abdou Sané rejette l’intervention militaire et prône le bon voisinage

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L’ancien député Abdou Sané appelle les Sénégalais à rejeter une intervention militaire en Gambie, plaidant pour une diplomatie du « bon voisinage » entre les deux pays.

’’(….) refusons et rejetons ensemble cette [intervention]. Réclamons notre fraternité à la Gambie ! Affichons notre image tant vantée et chantée à travers le monde : Sénégal pays de paix et de dialogue. Dans les quatre coins du monde, nos valeureux soldats sont présents dans les missions d’extinction des foyers sous tension. Nous en sommes fiers !« , écrit l’ancien député libéral dans une contribution reçue à l’agence de presse sénégalaise.

Dans ce document intitulé « Evaluation de la politique diplomatique de bon voisinage du Sénégal dans le contexte de la crise postélectorale gambienne« , M. Sané plaide pour une diplomatie du bon voisinage avec la Mauritanie, le Mali, la Gambie et les deux Guinée.

« Travaillons ensemble à faire de nos voisins immédiats nos meilleurs partenaires car jusque-là notre diplomatie se plaît à citer comme principaux partenaires : la France, l’Arabie Saoudite, le Maroc« , écrit Abdou Sané, géographe et urbaniste, président de l’Association africaine pour la promotion de la réduction des risques de catastrophes

Le conseiller départemental de Ziguinchor rappelle qu’au lendemain de l’avènement du président Macky Sall à la tête de l’Etat, « il a été préconisé une politique de renforcement diplomatique prioritaire avec nos proches voisins (Gambie, Mauritanie, Guinée Bissau, Guinée, Mali et le Cap Vert)« .

« Le Sénégal, selon lui, n’a pas choisi ses voisins. C’est la volonté de l’histoire. »

Abdou Sané estime que « compris sous cet angle, le gouvernement du Sénégal doit développer alors des stratégies d’adaptation au voisinage en vue d’une meilleure cohabitation avec les voisins quel qu’en soit le prix« .

« Le bon voisinage est le meilleur gage pour un épanouissement des sociétés (paix, sécurité développement, entre autre)« , estime-t-il.

Au sujet de la crise politique en Gambie et de la perspective d’une intervention militaire de la CEDEAO, l’ancien député lance une série d’interrogations.

« Comment comprendre que des négociations impliquant la CEDEAO dans un conflit interne à la Gambie puissent se faire en dehors du Sénégal ? Au même moment comment comprendre [la décision] de confier au Sénégal le port d’armes pour [une intervention militaire] en Gambie ?. »

Abdou Sané relève que quand « il s’agit de négocier pour la paix, c’est au Nigéria de conduire la mission, mais quand il s’agit de l’intervention par la force, c’est au frère de sang de la Gambie [le Sénégal] d’être aux commandes« .

Selon lui, le Sénégal ne doit pas passer d’un pays ’’en mission de paix dans le monde’’ à un pays qui dirige les interventions militaires en Gambie.

« Ce pays [Gambie] est particulier, doit occuper une place prépondérante dans notre voisinage« , souligne Abdou Sané, ajoutant que « ce n’est pas par hasard que ce pays fut le premier à accueillir Macky Sall en tant que 4ème président du Sénégal« .

« La Gambie est une entité spatiale dans le Sénégal. La Gambie ne partage de frontière qu’avec un seul pays, le Sénégal« , rappelle-t-il, relevant que de Senghor à Abdoulaye Wade, « différentes approches ont été conçues en vue d’un bon voisinage et même d’une intégration, entre le Sénégal et la Gambie sans grand succès du reste« .

« C’est fort de ce constat que Macky Sall, alors nouvellement élu, a fait honneur à la Gambie en lui réservant sa première visite internationale. Tout le monde a apprécié cette belle initiative« , écrit Abdou Sané.

Il estime dès lors qu »’il fallait persévérer et faire preuve de patience, d’imagination ; concevoir toutes les stratégies susceptibles d’identifier minutieusement les causes d’incompréhension, en trouver les meilleures réponses et les traiter de la façon la plus diplomatique possible« .

L’ancien député rappelle que la Gambie « n’a pas vécu la même trajectoire politique » que le Sénégal et que « tous les régimes gambiens ont toujours manifesté des signes de susceptibilité vis-à-vis du Sénégal (complexe d’infériorité, peur d’être annexé,)« .

Dès lors, estime-t-il, « l’effort de compréhension et de patience ne peut venir que du Sénégal pour rassurer davantage les Gambiens et les aider à s’approprier progressivement les bonnes pratiques en matière de gouvernance politique« .

 

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