Lamine Coura Guèye, la riche histoire d’un Patriarche et d’un Sénégalais d’exception

amine Guèye est un personnage historique sénégalais qui a été maire dans deux villes sénégalaises : Saint Louis et Dakar, avant d’être le premier président de l’Assemblée nationale. De son vrai nom Lamine Coura Guèye, il est né le 20 septembre 1891 à Médine dans le Soudan français, actuel Mali.


Son père était un riche commerçant saint-louisien, Brahim Guèye, membre d’une famille de notabilité de Saint-Louis au Sénégal. En bon Ndar Ndar, il étudie le Coran avant d’entrer à l’Ecole Faidherbe de Saint- Louis en 1903, pour obtenir le certificat d’Etudes primaires, puis le Brevet en 1907. En ces temps-là, on ne faisait que quelques années à l’école, l’enseignement était moins complexe.

A la fin de ses études, il devient instituteur-stagiaire à l’école Duval. Il passe également une licence de mathématiques, ce qui lui permet d’être enseignant en classe de mathématique à l’École William Ponty à Gorée. Il a comme élève un certain Félix Houphouët-Boigny, futur premier président de la République de Côte d’Ivoire.

Il enseigne pendant dix ans. Lamine Guèye étudie le droit en France durant la Première Guerre mondiale, devenant le premier juriste noir de l’Afrique française. Docteur en droit, il possède aussi deux DESS : droit privé en 1919 et droit romain en 1933. Durant la première guerre mondiale, Lamine Guèye étudie le droit en France et devient du coup, le premier docteur en droit de l’Afrique française avec deux DESS. Plus tard en 1933, il obtiendra un diplôme en droit romain.

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Il devient donc en 1922 avocat auprès des tribunaux des colonies. Il défend des amis politiques tels que Galandou Diouf au tribunal correctionnel contre Gaston Saucer. Amadou Dugay Clédor (maire de Saint-Louis) contre la Compagnie française de l’Afrique occidentale (CFAO). Parallèlement à ses activités d’avocat, il entre en politique en adhérant à la SFIO et devient maire de Saint-Louis en 1925. Mais il avait déjà fondé une décennie auparavant, une association dénommée «Aurore de Saint Louis » avec plusieurs de ses amis d’enfance.

C’est d’ailleurs son ami maire Amadou Duguay qui l’aide à devenir magistrat en intervenant auprès du gouverneur de l’AOF. Il devient magistrat en 1931 et sera pendant 6 ans, président de Chambre correctionnelle. En février 1937, il est nommé conseiller à la Cour d’appel de la Martinique. En 1940, il quitte la magistrature pour redevenir avocat et rentre au Sénégal.


Sa carrière Politique

En 1925, il devient maire de Saint-Louis. En 1924, il achète au député François Carpot, le journal L’AOF qui devient le support de ses campagnes politiques. Mais cela n’est pas suffisant car il échoue aussi bien aux élections législatives de 1928, battu par Blaise Diagne, puis aux élections municipales de 1929.

Déçu par ces revers politiques, il quitte le Sénégal pour occuper des fonctions de magistrat à l’île de La Réunion en 1931. Blaise Diagne meurt en 1934. Un mouvement de jeunes étudiants sénégalais lui écrit une lettre afin de l’inciter à revenir sur la scène politique. Lamine Guèye se représente aux élections législatives mais il est battu par Galandou Diouf.

Maire de Dakar pendant 16 ans

En 1935, il réorganise le Parti socialiste sénégalais afin d’y attirer la jeune élite sénégalaise (le PSS fut le premier parti politique moderne de l’Afrique francophone). Le premier congrès de ce parti se déroule au célèbre cinéma « Rex » sur la Place de l’Indépendance.

En 1945, il se présente aux élections municipales de Dakar et devient maire de Dakar avec son colistier L.S. Senghor. Il reste maire de Dakar pendant seize ans. Il devient sous-secrétaire d’État à la Présidence du Conseil du gouvernement Léon Blum (3), du 16 décembre 1946 au 22 janvier 1947.

La Loi Lamine Guèye

Avant le 1er juin 1946, n’avaient qualité de citoyens français que les ressortissants de statut civil français, à savoir: les habitants de France métropolitaine; les habitants de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Réunion, de l’île Sainte-Marie ( Madagascar) et de Saint-Pierre et Miquelon; une partie des habitants de la Polynésie française; les habitants des communes sénégalaises de Dakar, Gorée, Rufisque et Saint-Louis; les anciens ressortissants des cinq « comptoirs » français de l’Inde : Chandernagor, Pondichéry, Mahé, Yanaon, Karikal.

Et pour finir, une partie des habitants de l’Algérie, les Français originaires de métropole, les bénéficiaires du décret Crémieux accordant en 1870, la nationalité française à 35 000 « indigènes israélites » (décret abrogé en 1940 et rétabli en 1943), les bénéficiaires de l’ordonnance de 1944 créant, de manière très  restrictive, la citoyenneté française personnelle (non transmissible).

La loi Lamine Gueye, inscrite dans la Constitution de 1946, n’entraîna par pour autant l’universalité immédiate du suffrage, sous prétexte de difficultés administratives liées à l’établissement de l’état-civil. Le lent processus engagé par la loi Lamine Guèye était le retour de balancier de la colonisation engagée à partir de 1830 – suite à la perte de Saint-Domingue (Haïti) –, avec la conquête de l’Algérie.

Il allait immanquablement aboutir d’une part, à une immigration massive qui serait difficile à juguler, d’autre part, à l’universalité du suffrage et, donc, à la prépondérance du vote des colonies dans la vie politique française.

En ce sens il provoqua la décolonisation. Une partie de la classe politique française ne pouvait en effet, admettre l’idée d’une France « envahie » par les ressortissants des colonies et une Assemblée nationale française dont la moitié au moins des députés, seraient africains ou algériens.

Les opposants à cette évolution, rassemblés à partir de 1947 autour du RPF du général De Gaulle, eurent finalement gain de cause, ce qui entraîna la fin de la Quatrième république et une décolonisation jugée préférable à l’africanisation de la France.


Rupture avec Senghor

1948 fut l’année de la rupture entre Lamine Guèye et son protégé Léopold Sédar Senghor qui crée le Bloc démocratique sénégalais (BDS). Lamine Guèye a privilégié l’électorat des villes, tandis que Léopold Sédar Senghor investit les campagnes, ce qui lui permet de constituer une base électorale beaucoup plus large.

1958 vit la fusion du Parti socialiste sénégalais (PSS) avec le premier Bloc populaire sénégalais (BPS) de Léopold Sédar Senghor pour former l’Union progressiste sénégalaise (UPS). En 1951, il est battu aux élections législatives par Abbas Guèye (candidat senghoriste).

Il se retire involontairement en France afin de se soigner d’une grave maladie. Durant ce séjour, il est nommé délégué de la France à la représentation politique auprès des Nations-Unies.

Il revient en 1957 et prend la tête du Mouvement socialiste africain (MAS). Il devient directeur politique de la section locale sénégalaise, le Parti sénégalais d’action socialiste (PSAS).

Du 8 juin 1958 au 15 juillet 1959, il devient sénateur de la Quatrième République française. En 1958, dans le cadre des négociations de l’accès à l’indépendance, il s’unit avec Senghor face aux autres dirigeants africains qui favorisent l’autonomie pour chaque territoire de l’AOF plutôt qu’une structure fédérative.

Le Sénégal parvint ainsi à la création de la Fédération du Mali regroupant le Mali et le Sénégal. Le MSA et l’UPS fusionnent. Lamine Guèye devient directeur politique de l’Union progressiste sénégalaise (UPS). Il fait son entrée dans l’hémicycle comme député UPS à l’Assemblée constituante du Sénégal. Puis il devient président de l’Assemblée nationale du Sénégal indépendant.

En décembre 1962, de vives tensions opposent Senghor au président du Conseil, Mamadou Dia : les députés vont venir se réunir chez Lamine Guèye afin de destituer le gouvernement de Dia et sauver ainsi le régime de Senghor.

Lamine Guèye maintient une intense activité politique au sein du parti au pouvoir et reste président de l’Assemblée nationale jusqu’à sa mort le 10 juin 1968, à Dakar. Il est enterré auprès de son unique fils Iba, décédé en 1963 (NDLR :voir photo avec Nanette Senghor ci-dessous).

Source LE SOIR

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