L’adieu du Sénégal à Barack Obama

L’adieu du Sénégal à Barack Obama

Barack Obama s’en va. Après huit années de présidence, il quitte la Maison Blanche ce 20 janvier. Même si pour beaucoup il n’a tenu qu’une partie de ses promesses, Sénégalais et Américains ont voulu montrer à quel point il était exceptionnel pour le monde.

Souleymane Jules Diop : « Il a fait de l’Amérique un pays de rêve»

« Je n’ai jamais attendu de Barack qu’il fasse des choses exceptionnelles, non. Je l’ai dit dans la conclusion de mon livre. Il est, en tant que président, fils de la crise. L’année de son élection, je me souviens, j’avais visité des zones comme Flint, au Michigan, avec mon ami Aboubacar Cissoko. On vendait certaines maisons à 500 dollars. La ville, jadis prospère grâce à l’automobile, était devenue une ville fantôme, occupée par les rats. J’ai vu des gens abandonner leurs maisons, quitter leurs villes parce qu’ils ne pouvaient plus payer leurs prêts bancaires. C’était un désastre, une période sombre. Barack a quand même ramené la croissance, ramené l’emploi en faisant baisser le taux de chômage. Juste pour cela, on devrait le bénir. Il a redonné à l’Amérique son leadership, il en a refait un pays de rêve et un exemple pour le monde entier. Malheureusement, l’aile droite du parti républicain, soutenue par le tea party, n’a pas collaboré.

\

Ailleurs, naturellement, il a échoué. Il n’a pas fermé Guantanamo, malgré ses tentatives, avec l’aide de pays comme le Sénégal, qui a accepté de recevoir des personnes venues de cette prison. Son fameux discours du Caire, qui devait être le fondement d’une nouvelle géopolitique dans le Moyen Orient, est resté lettre morte. Il a fait une dernière tentative récente, avec une initiative portée courageusement par le Sénégal. Sur la Libye, il a lamentablement échoué, il l’a reconnu. Son indécision a créé une situation sans précédent en Syrie, au Yemen. Son départ précipité d’Irak a été une catastrophe qui a causé la naissance de Daech. En Libye, il a lui-même avoué son erreur stratégique. Ses errements ont permis à Poutine d’asseoir son leadership au plan international. Retenons tout de même les accords sur le nucléaire iranien, la reprise historique des relations avec Cuba comme bons points.

« Il a permis à Poutine d’asseoir son leadership »

Au plan intérieur, les racistes ont repris du poil de la bête. Et au lieu de sonner une nouvelle ère de progrès au plan des valeurs, j’ai peur que nous soyons face à un recul et une Amérique nationaliste fermée sur elle-même.

Mais Barack, disons-le, avait d’abord une mission de sauvetage de l’Amérique et malgré les cris d’orfraie de l’Amérique raciste qui a vite repris le dessus, il a réussi sa mission. Les américains sont plus heureux qu’au moment où arrivait Barack. Contre l’avis du Congrès, des républicains, il a limité les pouvoirs des banques, financé le secteur automobile pour empêcher sa disparition. Il a initié, moins d’un an avant son arrivée, un plan de relance de l’économie de près de 800 milliards de dollars. Les 500 milliards, c’étaient des investissements publics pour créer de l’emploi, relancer la consommation et donc la croissance; il a permis aux américains pauvres d’accéder aux soins grâce à l’Obama Care. Les Américains retiendront sa tentative de permettre à chaque américain d’accéder aux hôpitaux, où ils n’arrivaient que pour les urgences. Grâce à lui, 20 millions d’Américains peuvent se soigner. C’est près d’un américain sur 10.

Pour l’Afrique, en dehors de Power Africa, une initiative que l’on n’est même pas sûr d’arriver à son terme, il n’a rien fait. Nous retiendrons surtout les initiatives de Clinton pour l’Agoa et Bush pour le MCC.

En définitive, l’élection de Barack a été un bien pour l’humanité, même si dans son pays, cela n’a pas fait reculer les murs du racisme. Je me souviens encore de ses pas de danse, lors de sa visite à Dakar, il a joué du Jembé avec Mbaye Dièye Faye. C’était quand même l’homme le plus puissant de la planète qui dansait avec nous ! Il aime notre pays, notre président et il avait promis de venir passer une partie de sa retraite à Dakar. J’ai envie de le lui rappeler. Il sera accueilli comme chez lui. Si Barack n’était pas de parents kenyans, j’aurais juré qu’il était sénégalais. Barack est un leader né, c’est un leader fait. Un homme d’un charisme extraordinaire, facile à aimer. Des hommes comme lui, l’humanité en produit rarement. »

Ousmane Sène, Directeur Warc : « On va regretter Obama comme on a regretté Nelson Mandela »
ousmane sene (1)

« Les huit années de présidence de Obama n’ont pas donné tout ce qui avait été prévu ou espéré. Aussi bien aux Etats-Unis qu’en Afrique. Mais je ne pense pas que cela soit une raison pour dire que la Présidence de Obama a été décevante. Tout dernièrement, sur le plan de l’économie et celui du droit des citoyens, il a laissé un bilan plutôt positif. Quand Obama prenait le pouvoir le taux de chômage des Etats-Unis était de 7,8%, il quitte la présidence avec un taux de 4,5%. Il a hérité d’une économie très chancelante et il a réussi à la remettre sur les rails. Selon beaucoup, il a fait en sorte que le visage de l’Amérique soit beaucoup plus accepté. Aujourd’hui, le drapeau cubain flotte à Washington Dc et le drapeau américain à la Havane. On ne sait pas ce que Trump fera par rapport à cela mais ce dégel est significatif.

Dans le secteur de la santé, il a laissé Obama Care, même si Trump menace de discontinuer ce programme. Mais, il faut reconnaître que c’est un programme qui a permis à 20 millions d’Américains de se soigner sans avoir de problèmes. Auparavant, ces millions n’espéraient pas tomber malades parce qu’ils n’avaient pas les moyens de se soigner. C’est presque le double de la population du Sénégal.

En Afrique, il est venu ici au moins deux fois. Il a tenu des discours qui étaient quand même un baume au cœur. Il a mis en place un programme qui s’appelle YALI (Young African leader initiative), qui pour la partie Afrique francophone et lusophone a comme objectif de renforcer les capacités, le sens civique au niveau de plus de 8 000 jeunes Africains. Autant la formation se fait ici qu’il y a des cohortes qui se font aux Etats-Unis. Nous avons ainsi une masse critique de jeunes africains qui ont été à bonne école par rapport aux efforts de développement en Afrique.

 

« Un leader qui nous ressemble »

Obama c’est aussi quelqu’un qui force le respect. Si vous dites Obama, vous parlez du premier Président noir des Etats-Unis, d’un des présidents les plus intelligents, un des leaders les plus respectés dans le monde. Il y a de quoi être fier ! Le premier Président noir avec des racines africaines très fortes, qui a eu à diriger le pays le plus puissant au monde avec un bilan positif sans jamais se trouver dans une situation embarrassante. Nous avons une fierté morale à le regarder ce président qui nous ressemble.

L’adieu du Sénégal à Barack Obama

Barack Obama s’en va. Après huit années de présidence, il quitte la Maison Blanche ce 20 janvier. Même si pour beaucoup il n’a tenu qu’une partie de ses promesses, Sénégalais et Américains ont voulu montrer à quel point il était exceptionnel pour le monde.

Souleymane Jules Diop : « Il a fait de l’Amérique un pays de rêve»

jules diop

« Je n’ai jamais attendu de Barack qu’il fasse des choses exceptionnelles, non. Je l’ai dit dans la conclusion de mon livre. Il est, en tant que président, fils de la crise. L’année de son élection, je me souviens, j’avais visité des zones comme Flint, au Michigan, avec mon ami Aboubacar Cissoko. On vendait certaines maisons à 500 dollars. La ville, jadis prospère grâce à l’automobile, était devenue une ville fantôme, occupée par les rats. J’ai vu des gens abandonner leurs maisons, quitter leurs villes parce qu’ils ne pouvaient plus payer leurs prêts bancaires. C’était un désastre, une période sombre. Barack a quand même ramené la croissance, ramené l’emploi en faisant baisser le taux de chômage. Juste pour cela, on devrait le bénir. Il a redonné à l’Amérique son leadership, il en a refait un pays de rêve et un exemple pour le monde entier. Malheureusement, l’aile droite du parti républicain, soutenue par le tea party, n’a pas collaboré.

Ailleurs, naturellement, il a échoué. Il n’a pas fermé Guantanamo, malgré ses tentatives, avec l’aide de pays comme le Sénégal, qui a accepté de recevoir des personnes venues de cette prison. Son fameux discours du Caire, qui devait être le fondement d’une nouvelle géopolitique dans le Moyen Orient, est resté lettre morte. Il a fait une dernière tentative récente, avec une initiative portée courageusement par le Sénégal. Sur la Libye, il a lamentablement échoué, il l’a reconnu. Son indécision a créé une situation sans précédent en Syrie, au Yemen. Son départ précipité d’Irak a été une catastrophe qui a causé la naissance de Daech. En Libye, il a lui-même avoué son erreur stratégique. Ses errements ont permis à Poutine d’asseoir son leadership au plan international. Retenons tout de même les accords sur le nucléaire iranien, la reprise historique des relations avec Cuba comme bons points.

« Il a permis à Poutine d’asseoir son leadership »

Au plan intérieur, les racistes ont repris du poil de la bête. Et au lieu de sonner une nouvelle ère de progrès au plan des valeurs, j’ai peur que nous soyons face à un recul et une Amérique nationaliste fermée sur elle-même.

Mais Barack, disons-le, avait d’abord une mission de sauvetage de l’Amérique et malgré les cris d’orfraie de l’Amérique raciste qui a vite repris le dessus, il a réussi sa mission. Les américains sont plus heureux qu’au moment où arrivait Barack. Contre l’avis du Congrès, des républicains, il a limité les pouvoirs des banques, financé le secteur automobile pour empêcher sa disparition. Il a initié, moins d’un an avant son arrivée, un plan de relance de l’économie de près de 800 milliards de dollars. Les 500 milliards, c’étaient des investissements publics pour créer de l’emploi, relancer la consommation et donc la croissance; il a permis aux américains pauvres d’accéder aux soins grâce à l’Obama Care. Les Américains retiendront sa tentative de permettre à chaque américain d’accéder aux hôpitaux, où ils n’arrivaient que pour les urgences. Grâce à lui, 20 millions d’Américains peuvent se soigner. C’est près d’un américain sur 10.

Pour l’Afrique, en dehors de Power Africa, une initiative que l’on n’est même pas sûr d’arriver à son terme, il n’a rien fait. Nous retiendrons surtout les initiatives de Clinton pour l’Agoa et Bush pour le MCC.

En définitive, l’élection de Barack a été un bien pour l’humanité, même si dans son pays, cela n’a pas fait reculer les murs du racisme. Je me souviens encore de ses pas de danse, lors de sa visite à Dakar, il a joué du Jembé avec Mbaye Dièye Faye. C’était quand même l’homme le plus puissant de la planète qui dansait avec nous ! Il aime notre pays, notre président et il avait promis de venir passer une partie de sa retraite à Dakar. J’ai envie de le lui rappeler. Il sera accueilli comme chez lui. Si Barack n’était pas de parents kenyans, j’aurais juré qu’il était sénégalais. Barack est un leader né, c’est un leader fait. Un homme d’un charisme extraordinaire, facile à aimer. Des hommes comme lui, l’humanité en produit rarement. »

Ousmane Sène, Directeur Warc : « On va regretter Obama comme on a regretté Nelson Mandela »
ousmane sene (1)

« Les huit années de présidence de Obama n’ont pas donné tout ce qui avait été prévu ou espéré. Aussi bien aux Etats-Unis qu’en Afrique. Mais je ne pense pas que cela soit une raison pour dire que la Présidence de Obama a été décevante. Tout dernièrement, sur le plan de l’économie et celui du droit des citoyens, il a laissé un bilan plutôt positif. Quand Obama prenait le pouvoir le taux de chômage des Etats-Unis était de 7,8%, il quitte la présidence avec un taux de 4,5%. Il a hérité d’une économie très chancelante et il a réussi à la remettre sur les rails. Selon beaucoup, il a fait en sorte que le visage de l’Amérique soit beaucoup plus accepté. Aujourd’hui, le drapeau cubain flotte à Washington Dc et le drapeau américain à la Havane. On ne sait pas ce que Trump fera par rapport à cela mais ce dégel est significatif.

Dans le secteur de la santé, il a laissé Obama Care, même si Trump menace de discontinuer ce programme. Mais, il faut reconnaître que c’est un programme qui a permis à 20 millions d’Américains de se soigner sans avoir de problèmes. Auparavant, ces millions n’espéraient pas tomber malades parce qu’ils n’avaient pas les moyens de se soigner. C’est presque le double de la population du Sénégal.

En Afrique, il est venu ici au moins deux fois. Il a tenu des discours qui étaient quand même un baume au cœur. Il a mis en place un programme qui s’appelle YALI (Young African leader initiative), qui pour la partie Afrique francophone et lusophone a comme objectif de renforcer les capacités, le sens civique au niveau de plus de 8 000 jeunes Africains. Autant la formation se fait ici qu’il y a des cohortes qui se font aux Etats-Unis. Nous avons ainsi une masse critique de jeunes africains qui ont été à bonne école par rapport aux efforts de développement en Afrique.

« Un leader qui nous ressemble »

Obama c’est aussi quelqu’un qui force le respect. Si vous dites Obama, vous parlez du premier Président noir des Etats-Unis, d’un des présidents les plus intelligents, un des leaders les plus respectés dans le monde. Il y a de quoi être fier ! Le premier Président noir avec des racines africaines très fortes, qui a eu à diriger le pays le plus puissant au monde avec un bilan positif sans jamais se trouver dans une situation embarrassante. Nous avons une fierté morale à le regarder ce président qui nous ressemble.

J’aurai bien aimé avoir une seconde entrevue avec lui mais ce n’est pas perdu. Quand il est venu au Sénégal, il a promis au Président Sall de revenir. Mais, tous savaient qu’il le ferait quand il finirait son mandat. Espérons qu’il aura une Fondation au service de l’Afrique et qu’il reviendra pour que nous ayons encore l’occasion de lui serrer la main. A défaut, de le voir et d’applaudir à ses discours. On va regretter Obama, le maitre de la parole. Obama, avec son allure athlétique, jeune. On va regretter Obama comme on a regretté Nelson Mandela. Mais pas dans le même sens, parce que nous lui souhaitons une longue vie. »

Walter Carrington, ancien Ambassadeur : « La meilleure chose qu’il a réalisée pour l’Amérique…»

L’adieu du Sénégal à Barack Obama

Barack Obama s’en va. Après huit années de présidence, il quitte la Maison Blanche ce 20 janvier. Même si pour beaucoup il n’a tenu qu’une partie de ses promesses, Sénégalais et Américains ont voulu montrer à quel point il était exceptionnel pour le monde.

Souleymane Jules Diop : « Il a fait de l’Amérique un pays de rêve»

jules diop

« Je n’ai jamais attendu de Barack qu’il fasse des choses exceptionnelles, non. Je l’ai dit dans la conclusion de mon livre. Il est, en tant que président, fils de la crise. L’année de son élection, je me souviens, j’avais visité des zones comme Flint, au Michigan, avec mon ami Aboubacar Cissoko. On vendait certaines maisons à 500 dollars. La ville, jadis prospère grâce à l’automobile, était devenue une ville fantôme, occupée par les rats. J’ai vu des gens abandonner leurs maisons, quitter leurs villes parce qu’ils ne pouvaient plus payer leurs prêts bancaires. C’était un désastre, une période sombre. Barack a quand même ramené la croissance, ramené l’emploi en faisant baisser le taux de chômage. Juste pour cela, on devrait le bénir. Il a redonné à l’Amérique son leadership, il en a refait un pays de rêve et un exemple pour le monde entier. Malheureusement, l’aile droite du parti républicain, soutenue par le tea party, n’a pas collaboré.

Ailleurs, naturellement, il a échoué. Il n’a pas fermé Guantanamo, malgré ses tentatives, avec l’aide de pays comme le Sénégal, qui a accepté de recevoir des personnes venues de cette prison. Son fameux discours du Caire, qui devait être le fondement d’une nouvelle géopolitique dans le Moyen Orient, est resté lettre morte. Il a fait une dernière tentative récente, avec une initiative portée courageusement par le Sénégal. Sur la Libye, il a lamentablement échoué, il l’a reconnu. Son indécision a créé une situation sans précédent en Syrie, au Yemen. Son départ précipité d’Irak a été une catastrophe qui a causé la naissance de Daech. En Libye, il a lui-même avoué son erreur stratégique. Ses errements ont permis à Poutine d’asseoir son leadership au plan international. Retenons tout de même les accords sur le nucléaire iranien, la reprise historique des relations avec Cuba comme bons points.

« Il a permis à Poutine d’asseoir son leadership »

Au plan intérieur, les racistes ont repris du poil de la bête. Et au lieu de sonner une nouvelle ère de progrès au plan des valeurs, j’ai peur que nous soyons face à un recul et une Amérique nationaliste fermée sur elle-même.

Mais Barack, disons-le, avait d’abord une mission de sauvetage de l’Amérique et malgré les cris d’orfraie de l’Amérique raciste qui a vite repris le dessus, il a réussi sa mission. Les américains sont plus heureux qu’au moment où arrivait Barack. Contre l’avis du Congrès, des républicains, il a limité les pouvoirs des banques, financé le secteur automobile pour empêcher sa disparition. Il a initié, moins d’un an avant son arrivée, un plan de relance de l’économie de près de 800 milliards de dollars. Les 500 milliards, c’étaient des investissements publics pour créer de l’emploi, relancer la consommation et donc la croissance; il a permis aux américains pauvres d’accéder aux soins grâce à l’Obama Care. Les Américains retiendront sa tentative de permettre à chaque américain d’accéder aux hôpitaux, où ils n’arrivaient que pour les urgences. Grâce à lui, 20 millions d’Américains peuvent se soigner. C’est près d’un américain sur 10.

Pour l’Afrique, en dehors de Power Africa, une initiative que l’on n’est même pas sûr d’arriver à son terme, il n’a rien fait. Nous retiendrons surtout les initiatives de Clinton pour l’Agoa et Bush pour le MCC.

En définitive, l’élection de Barack a été un bien pour l’humanité, même si dans son pays, cela n’a pas fait reculer les murs du racisme. Je me souviens encore de ses pas de danse, lors de sa visite à Dakar, il a joué du Jembé avec Mbaye Dièye Faye. C’était quand même l’homme le plus puissant de la planète qui dansait avec nous ! Il aime notre pays, notre président et il avait promis de venir passer une partie de sa retraite à Dakar. J’ai envie de le lui rappeler. Il sera accueilli comme chez lui. Si Barack n’était pas de parents kenyans, j’aurais juré qu’il était sénégalais. Barack est un leader né, c’est un leader fait. Un homme d’un charisme extraordinaire, facile à aimer. Des hommes comme lui, l’humanité en produit rarement. »

Ousmane Sène, Directeur Warc : « On va regretter Obama comme on a regretté Nelson Mandela »
ousmane sene (1)

« Les huit années de présidence de Obama n’ont pas donné tout ce qui avait été prévu ou espéré. Aussi bien aux Etats-Unis qu’en Afrique. Mais je ne pense pas que cela soit une raison pour dire que la Présidence de Obama a été décevante. Tout dernièrement, sur le plan de l’économie et celui du droit des citoyens, il a laissé un bilan plutôt positif. Quand Obama prenait le pouvoir le taux de chômage des Etats-Unis était de 7,8%, il quitte la présidence avec un taux de 4,5%. Il a hérité d’une économie très chancelante et il a réussi à la remettre sur les rails. Selon beaucoup, il a fait en sorte que le visage de l’Amérique soit beaucoup plus accepté. Aujourd’hui, le drapeau cubain flotte à Washington Dc et le drapeau américain à la Havane. On ne sait pas ce que Trump fera par rapport à cela mais ce dégel est significatif.

Dans le secteur de la santé, il a laissé Obama Care, même si Trump menace de discontinuer ce programme. Mais, il faut reconnaître que c’est un programme qui a permis à 20 millions d’Américains de se soigner sans avoir de problèmes. Auparavant, ces millions n’espéraient pas tomber malades parce qu’ils n’avaient pas les moyens de se soigner. C’est presque le double de la population du Sénégal.

En Afrique, il est venu ici au moins deux fois. Il a tenu des discours qui étaient quand même un baume au cœur. Il a mis en place un programme qui s’appelle YALI (Young African leader initiative), qui pour la partie Afrique francophone et lusophone a comme objectif de renforcer les capacités, le sens civique au niveau de plus de 8 000 jeunes Africains. Autant la formation se fait ici qu’il y a des cohortes qui se font aux Etats-Unis. Nous avons ainsi une masse critique de jeunes africains qui ont été à bonne école par rapport aux efforts de développement en Afrique.

« Un leader qui nous ressemble »

Obama c’est aussi quelqu’un qui force le respect. Si vous dites Obama, vous parlez du premier Président noir des Etats-Unis, d’un des présidents les plus intelligents, un des leaders les plus respectés dans le monde. Il y a de quoi être fier ! Le premier Président noir avec des racines africaines très fortes, qui a eu à diriger le pays le plus puissant au monde avec un bilan positif sans jamais se trouver dans une situation embarrassante. Nous avons une fierté morale à le regarder ce président qui nous ressemble.

J’aurai bien aimé avoir une seconde entrevue avec lui mais ce n’est pas perdu. Quand il est venu au Sénégal, il a promis au Président Sall de revenir. Mais, tous savaient qu’il le ferait quand il finirait son mandat. Espérons qu’il aura une Fondation au service de l’Afrique et qu’il reviendra pour que nous ayons encore l’occasion de lui serrer la main. A défaut, de le voir et d’applaudir à ses discours. On va regretter Obama, le maitre de la parole. Obama, avec son allure athlétique, jeune. On va regretter Obama comme on a regretté Nelson Mandela. Mais pas dans le même sens, parce que nous lui souhaitons une longue vie. »

Walter Carrington, ancien Ambassadeur : « La meilleure chose qu’il a réalisée pour l’Amérique…»
1

La meilleure chose que Obama a réalisée est dans le domaine de la santé. Il s’agit de l’Obama Care. Trump a promis de mettre fin à ce programme. Ce qui serait très dommage pour les 20 millions d’Américains qui en bénéficient.

Il va beaucoup nous manquer. C’est un président très distingué pour qui j’éprouve un réel sentiment de fierté. Je ne pense pas que l’on aura à nouveau un Président comme Obama.

L’adieu du Sénégal à Barack Obama

Barack Obama s’en va. Après huit années de présidence, il quitte la Maison Blanche ce 20 janvier. Même si pour beaucoup il n’a tenu qu’une partie de ses promesses, Sénégalais et Américains ont voulu montrer à quel point il était exceptionnel pour le monde.

Souleymane Jules Diop : « Il a fait de l’Amérique un pays de rêve»

jules diop

« Je n’ai jamais attendu de Barack qu’il fasse des choses exceptionnelles, non. Je l’ai dit dans la conclusion de mon livre. Il est, en tant que président, fils de la crise. L’année de son élection, je me souviens, j’avais visité des zones comme Flint, au Michigan, avec mon ami Aboubacar Cissoko. On vendait certaines maisons à 500 dollars. La ville, jadis prospère grâce à l’automobile, était devenue une ville fantôme, occupée par les rats. J’ai vu des gens abandonner leurs maisons, quitter leurs villes parce qu’ils ne pouvaient plus payer leurs prêts bancaires. C’était un désastre, une période sombre. Barack a quand même ramené la croissance, ramené l’emploi en faisant baisser le taux de chômage. Juste pour cela, on devrait le bénir. Il a redonné à l’Amérique son leadership, il en a refait un pays de rêve et un exemple pour le monde entier. Malheureusement, l’aile droite du parti républicain, soutenue par le tea party, n’a pas collaboré.

Ailleurs, naturellement, il a échoué. Il n’a pas fermé Guantanamo, malgré ses tentatives, avec l’aide de pays comme le Sénégal, qui a accepté de recevoir des personnes venues de cette prison. Son fameux discours du Caire, qui devait être le fondement d’une nouvelle géopolitique dans le Moyen Orient, est resté lettre morte. Il a fait une dernière tentative récente, avec une initiative portée courageusement par le Sénégal. Sur la Libye, il a lamentablement échoué, il l’a reconnu. Son indécision a créé une situation sans précédent en Syrie, au Yemen. Son départ précipité d’Irak a été une catastrophe qui a causé la naissance de Daech. En Libye, il a lui-même avoué son erreur stratégique. Ses errements ont permis à Poutine d’asseoir son leadership au plan international. Retenons tout de même les accords sur le nucléaire iranien, la reprise historique des relations avec Cuba comme bons points.

« Il a permis à Poutine d’asseoir son leadership »

Au plan intérieur, les racistes ont repris du poil de la bête. Et au lieu de sonner une nouvelle ère de progrès au plan des valeurs, j’ai peur que nous soyons face à un recul et une Amérique nationaliste fermée sur elle-même.

Mais Barack, disons-le, avait d’abord une mission de sauvetage de l’Amérique et malgré les cris d’orfraie de l’Amérique raciste qui a vite repris le dessus, il a réussi sa mission. Les américains sont plus heureux qu’au moment où arrivait Barack. Contre l’avis du Congrès, des républicains, il a limité les pouvoirs des banques, financé le secteur automobile pour empêcher sa disparition. Il a initié, moins d’un an avant son arrivée, un plan de relance de l’économie de près de 800 milliards de dollars. Les 500 milliards, c’étaient des investissements publics pour créer de l’emploi, relancer la consommation et donc la croissance; il a permis aux américains pauvres d’accéder aux soins grâce à l’Obama Care. Les Américains retiendront sa tentative de permettre à chaque américain d’accéder aux hôpitaux, où ils n’arrivaient que pour les urgences. Grâce à lui, 20 millions d’Américains peuvent se soigner. C’est près d’un américain sur 10.

Pour l’Afrique, en dehors de Power Africa, une initiative que l’on n’est même pas sûr d’arriver à son terme, il n’a rien fait. Nous retiendrons surtout les initiatives de Clinton pour l’Agoa et Bush pour le MCC.

En définitive, l’élection de Barack a été un bien pour l’humanité, même si dans son pays, cela n’a pas fait reculer les murs du racisme. Je me souviens encore de ses pas de danse, lors de sa visite à Dakar, il a joué du Jembé avec Mbaye Dièye Faye. C’était quand même l’homme le plus puissant de la planète qui dansait avec nous ! Il aime notre pays, notre président et il avait promis de venir passer une partie de sa retraite à Dakar. J’ai envie de le lui rappeler. Il sera accueilli comme chez lui. Si Barack n’était pas de parents kenyans, j’aurais juré qu’il était sénégalais. Barack est un leader né, c’est un leader fait. Un homme d’un charisme extraordinaire, facile à aimer. Des hommes comme lui, l’humanité en produit rarement. »

Ousmane Sène, Directeur Warc : « On va regretter Obama comme on a regretté Nelson Mandela »
ousmane sene (1)

« Les huit années de présidence de Obama n’ont pas donné tout ce qui avait été prévu ou espéré. Aussi bien aux Etats-Unis qu’en Afrique. Mais je ne pense pas que cela soit une raison pour dire que la Présidence de Obama a été décevante. Tout dernièrement, sur le plan de l’économie et celui du droit des citoyens, il a laissé un bilan plutôt positif. Quand Obama prenait le pouvoir le taux de chômage des Etats-Unis était de 7,8%, il quitte la présidence avec un taux de 4,5%. Il a hérité d’une économie très chancelante et il a réussi à la remettre sur les rails. Selon beaucoup, il a fait en sorte que le visage de l’Amérique soit beaucoup plus accepté. Aujourd’hui, le drapeau cubain flotte à Washington Dc et le drapeau américain à la Havane. On ne sait pas ce que Trump fera par rapport à cela mais ce dégel est significatif.

Dans le secteur de la santé, il a laissé Obama Care, même si Trump menace de discontinuer ce programme. Mais, il faut reconnaître que c’est un programme qui a permis à 20 millions d’Américains de se soigner sans avoir de problèmes. Auparavant, ces millions n’espéraient pas tomber malades parce qu’ils n’avaient pas les moyens de se soigner. C’est presque le double de la population du Sénégal.

En Afrique, il est venu ici au moins deux fois. Il a tenu des discours qui étaient quand même un baume au cœur. Il a mis en place un programme qui s’appelle YALI (Young African leader initiative), qui pour la partie Afrique francophone et lusophone a comme objectif de renforcer les capacités, le sens civique au niveau de plus de 8 000 jeunes Africains. Autant la formation se fait ici qu’il y a des cohortes qui se font aux Etats-Unis. Nous avons ainsi une masse critique de jeunes africains qui ont été à bonne école par rapport aux efforts de développement en Afrique.

« Un leader qui nous ressemble »

Obama c’est aussi quelqu’un qui force le respect. Si vous dites Obama, vous parlez du premier Président noir des Etats-Unis, d’un des présidents les plus intelligents, un des leaders les plus respectés dans le monde. Il y a de quoi être fier ! Le premier Président noir avec des racines africaines très fortes, qui a eu à diriger le pays le plus puissant au monde avec un bilan positif sans jamais se trouver dans une situation embarrassante. Nous avons une fierté morale à le regarder ce président qui nous ressemble.

J’aurai bien aimé avoir une seconde entrevue avec lui mais ce n’est pas perdu. Quand il est venu au Sénégal, il a promis au Président Sall de revenir. Mais, tous savaient qu’il le ferait quand il finirait son mandat. Espérons qu’il aura une Fondation au service de l’Afrique et qu’il reviendra pour que nous ayons encore l’occasion de lui serrer la main. A défaut, de le voir et d’applaudir à ses discours. On va regretter Obama, le maitre de la parole. Obama, avec son allure athlétique, jeune. On va regretter Obama comme on a regretté Nelson Mandela. Mais pas dans le même sens, parce que nous lui souhaitons une longue vie. »

Walter Carrington, ancien Ambassadeur : « La meilleure chose qu’il a réalisée pour l’Amérique…»
1

La meilleure chose que Obama a réalisée est dans le domaine de la santé. Il s’agit de l’Obama Care. Trump a promis de mettre fin à ce programme. Ce qui serait très dommage pour les 20 millions d’Américains qui en bénéficient.

Il va beaucoup nous manquer. C’est un président très distingué pour qui j’éprouve un réel sentiment de fierté. Je ne pense pas que l’on aura à nouveau un Président comme Obama.

Anthony Sinclair, citoyen américain : « Il a changé énormément de choses aux Etats-Unis »

Nous ne voulons pas un président raciste, sexiste ou pour qui peu importe ce que pense son peuple. Obama va beaucoup me manquer comme à beaucoup d’Américains. On ne peut pas changer, certes, le monde en un jour ou même huit ans, mais il a changé énormément de choses aux Etats-Unis. Surtout dans le domaine de santé. Nous sommes très fiers de son programme.

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici