Italie : Converti à l’islam, chassé de chez lui, privé de son enfant : La tragique histoire de Justin-Mourtada

01_immigration04

Justin Antoine Ablefonlin est un père malheureux. Un homme désolé qui a vécu le meilleur et le pire en Italie. Ce pays qui l’avait accueilli vers la fin des années 90 veut lui prendre son fils. Un jeune Sénégalais de 12 ans qui est en train de payer la fin malheureuse de l’histoire d’amour qui unissait ses parents.

Parti du Sénégal, en tant que catholique, Justin Antoine s’est converti à l’islam. Un changement de religion accepté d’abord par son épouse restée au Sénégal qui changera d’avis une fois en Italie. Madame qui a bénéficié du permis de séjour de son mari ne veut plus d’un époux musulman. Justin sera chassé de chez lui, privé de la garde de son enfant qui s’est retrouvé « kidnappé” par les autorités italiennes sous prétexte que son épouse décédée en 2007 « l’avait offert à une famille italienne ». Aujourd’hui, il se bat pour récupérer son enfant dont la photo figure autant sur son passeport sénégalais que sur son permis de séjour italien. Mais la justice italienne lui donne deux alternatives : renoncer à la paternité jusqu’au dix huitième anniversaire du garçon ou le perdre à jamais. 
Depuis l’Ohio où il s’est « réfugié », il raconte ses drames et les péripéties du combat qu’il mène depuis 2007 pour rester le père de son enfant sénégalais. Un combat pour lequel, il a commis un autre avocat sénégalais et souhaite l’implication du gouvernement du Sénégal, faute de répondant au niveau consulaire en Italie. 

Ma rencontre avec Serigne Mourtada… 

« Je suis né dans une famille catholique mais, je me suis converti à l’islam en Juillet 1997 par le biais de Serigne Mourtada Mbacké ibn Khadimou Rassoul. J’ai informé ma mère et mon épouse de cette décision qu’elles n’agréaient pas au début. Mais après mon épouse, Sophie Pascaline Simone Mendef, l’a acceptée en me disant : « de toute façon c’est toi qui répondra devant Dieu ». Je l’ai fait venir en Italie par regroupement familial en décembre 2000. C’était le bel amour et elle a pu faire des études, l’auto-école. On vivait heureux avec notre enfant né en octobre 2001 qui porte le nom de mon père Cosme. 

Mais en 2004, je suis revenu au Sénégal au chevet de mon papa mourant. Lors de ce séjour, mon frère aussi a voulu se convertir à l’islam. Je lui suggérais de prendre le temps de réfléchir parce que c’est une question de conviction et non de mimétisme. Sa décision était prise mais mon voyage sur le Sénégal a coïncidé avec le décès de mon marabout. Une fois à Touba, c’est le défunt Serigne Saliou, dont il porte le nom, qui a converti mon frère à la religion musulmane. Grande alors a été ma surprise, à mon retour en Italie : sous l’influence de ma belle-mère, ma femme m’a réveillé à 3 heures de la nuit pour une « discussion sérieuse ». Elle m’a demandé de retourner à la religion catholique ou de divorcer car, elle n’a jamais voulu épouser un musulman. Or, je ne lui donne pas l’impression de vouloir renoncer à l’islam en aidant mon frère à se convertir. Cette nuit, je lui ai expliqué que l’amour qui nous liait n’était pas basé sur la religion. 

Ce qu’elle n’a pas voulu comprendre car, le lendemain, j’ai été appelé par un avocat italien qui m’a montré les copies de la carte d’identité et du permis de séjour de Sophie qui demande le divorce. Et que selon la loi italienne, je devais sortir de la maison que j’ai obtenue après huit années de sacrifices et de dur labeur au profit de ma femme et mon fils. En plus, je devais verser à Sophie 800 euros par mois alors que je gagnais entre 1000 et 1100 euros par mois. 

Chassé de chez moi et obligé de verser 800 euros chaque mois 

Je n’avais pas pour autant perdu espoir, surtout quand ma femme est tombée malade. Diagnostic des médecins : une grossesse de 3 mois. Mais comme sa mère lui a conseillé de ne plus avoir d’enfant avec le musulman que je suis, elle s’est fait avorter. Sans aucun remord. Pour toute explication, elle m’a dit qu’elle ne voulait plus de notre mariage. 

Désolé, je suis allé demander un visa pour les Etats-Unis car, même les interventions des membres du bureau de notre dahira n’ont pu lui faire renoncer à la demande de divorce. Alors je n’avais plus de choix, ne pouvant pas vivre avec 200 ou 300 euros par mois. J’ai expliqué à Sophie et à son frère avec qui elle vivait chez moi que j’avais besoin de m’éloigner pendant deux semaines pour réfléchir et qu’elle en fasse autant, le temps de mon séjour. Elle m’a répondu que personne ne pourra lui faire changer d’avis. Aussi m’avait-elle menacé de me séparer à jamais de mon fils. 

Alors je suis parti pour les Etats-Unis et j’y suis resté. Mais je lui envoyais 200 dollars par mois et des colis pour mon fils. Je gardais toujours les reçus parce que j’avais peur qu’elle dise un jour que je ne m’occupe pas de mon enfant. Sophie n’a jamais eu la chance d’avoir un vrai boulot en Italie alors que sa mère lui disait toujours qu’elle comptait sur elle pour lui payer une maison au Sénégal. 

Le corps de Sophie rapatrié, mon fils retenu en Italie 

Le 10 janvier 2007, un appel de son frère m’informe du décès de Sophie. J’ai envoyé les frais nécessaires pour le rapatriement du corps et le voyage de mon fils au Sénégal. Seulement Cosme a été bloqué à l’aéroport sur décision du Tribunal. Car Sophie, avant de mourir, a donné mon fils à une famille italienne. Ils ont donné mon enfant à une famille italienne sans mon accord puis ils m’ont envoyé des documents à signer et à retourner en 10 jours pour renoncer à mon fils jusqu’à l’âge de 18 ans. Ce que j’ai refusé de faire. 

Le 31 octobre 2012, j’ai été convoqué par le Tribunal Degli minorenni di Brescia qui m’a signifié deux options : soit je partage l’enfant avec la famille italienne et cette dernière ajoutera leur nom de famille (Pasini) dans le certificat de naissance de mon fils qui deviendra Cosme Uliano Ablefonlin Pasini (ce que j’ai encore refusé). Soit le Tribunal reprend l’enfant à la famille italienne, pour le placer dans les institutions d’adoption, et m’enlève le droit de paternité et je perdrai l’enfant à jamais parce qu’ils ne me donneront aucun détail sur lui. 

Alerte au gouvernement sénégalais 

Je souhaiterai aujourd’hui l’implication des autorités sénégalaises parce que mon enfant est un Sénégalais. Il n’a aucun document des services italiens et dispose d’un passeport sénégalais avec lequel il a voyagé sur le Sénégal en 2006. Je lance vraiment une alerte pour l’implication des autorités sénégalaises car, il y a plus de 200 cas de familles sénégalaises victimes de ces injustices de la part du gouvernement italien qui pour un rien te sépare de tes enfants. 

Je n’ai droit qu’à 2 heures de visite en présence de policiers et d’assistants sociaux. Ce qu’ils veulent c’est me faire renoncer à ma paternité pour pouvoir faire adopter l’enfant. Ils ont même saisi le Département américain chargé des immigrés pour des enquêtes sur ma personne et mon épouse avec qui je vis à Columbus. Même le Children’s Services international m’a convoqué. Mais les enquêteurs n’ont pu rien me reprocher. Il n’y a que mes empreintes et celles de mon épouse sur leur dossier qui est actuellement au Tribunal pour mineurs de Brescia avec le juge Francesca Caprioli. Je n’ai jamais signé un document pour donner mon fils à la famille Pasini et mon ex-femme qui l’a fait est décédée. Ce qu’elle avait fait juste pour recevoir de l’aide (argent) de cette famille. Tout ce que je veux, c’est reprendre mon fils que les Italiens ont kidnappé. A cet effet, j’interpelle le gouvernement sénégalais pour que mon fils soit rapatrié au Sénégal. 

En novembre 2012, j’ai interpellé le consul du Sénégal, sur recommandation de Cheikh Awa Ball Falilou, sur le cas de mon enfant Cosme Uliano Ablefonlin qui m’a conseillé de me rapprocher plutôt de mon avocat puisque cette affaire est pendante devant la justice italienne. Seulement, les tentatives de mon avocat italien pour joindre les autorités consulaires sénégalaises sont restées vaines. L’avocat sénégalais à qui j’ai confié ce dossier n’a lui fait aucun effort. 

Mon appel est lancé aux autorités sénégalaises en commençant par le ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, celui de la Justice Mme Touré, le Premier ministre, Abdoul Mbaye et le Président Macky Sall. Car toutes mes tentatives avec les autorités sénégalaises du Consulat en Italie sont restées vaines. Le dernier consul que j’ai saisi m’a dit ne pouvoir rien faire parce que l’affaire est pendante devant la Justice. Je voudrais qu’elles saisissent l’ambassade d’Italie au Sénégal pour savoir pourquoi on refuse de me rendre mon enfant et pourquoi je dois le partager avec la famille Pasini »

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici