Hommage public et solennel de l’Etat et de la Nation aux Lionnes du Basket-ball : Leçons et enseignements pour le sport sénégalais (par Adama Thiam)

blue

Le basket-ball féminin sénégalais, en  renouant avec le succès continental à Yaoundé, après les douloureuses désillusions de 2011 et 2013 ainsi que la sortie sans gloire des Jeux-Africains, vient de rallumer la flamme du succès dans un contexte et un environnement où le curseur est plus proche du spleen que d’autre chose. Ce  n’est pas surprenant que notre communauté nationale toute entière exprime satisfaction et joie  et vibre à l’unisson,  dans un concert de louanges et d’approbation heureuse, pour saluer et magnifier la prouesse de nos héroïques Lionnes. Il n’est des lors pas étonnant que le Premier des Sénégalais, monte en  ligne de front et donne le la, de façon d’autant plus  spéciale d’ailleurs que, l’hommage aux Lionnes va sans doute pour la première fois, se dérouler, curieusement, en deux tableaux de réception dont l’ultime séance permettra probablement de déterminer  la portée relativement au devenir de la discipline et peut-être plus globalement de l’avenir du sport sénégalais. En dernière minute nous apprenons du reste que ce deuxième tableau de réception est reporté à une date ultérieure. Rien d’étonnant  à cela car, la même fibre qui faisait éprouver aux Sénégalais la joie et le bonheur de la victoire a Yaoundé, les torturait de façon  antithétique et de manière plus lancinante et tragique à MOUNA où, se jouait et se joue encore un drame qui affecte toute la oumah islamique dont notre pays, touché au plus profond de sa chair. En effet, nombre de nos chers compatriotes, foi ardente en bandoulière, partis répondre avec entrain et enthousiasme, à l’appel de DIEU, ont rencontré les effets de SES immuables décrets.

Souffrances, tristesse, douleur, compassion et prières demeurent l’unique lot qui nous reste. Alors, élevons tous ensemble, nos communes prières pour que le MAITRE des êtres et des choses, le CONNAISSEUR du visible et de l’invisible, le MISERICORDIEUX et le TOUT-MISERICORDIEUX, le DETENTEUR  de la rémission et de la félicité, accorde  à nos chers disparus de Mouna et à  tous nos morts, l’accès aux étages supérieurs des hauts-paradis et cela, par l’intercession de l’éminent Effaceur des pêchés, notre Guide et Seigneur  Mouhammad descendant d’Adnan(PSL).

Dans ce contexte si lourd, le report de la cérémonie d’hommage aux Lionnes est amplement justifié car, le sport n’est pas une enclave  à part, au contraire, comme le note Albert CAMUS: « La Culture sportive qui reflète la vie sportive, tient comme elle au temps et au milieu où elle se développe. Il est possible de se refugier quelques heures sur un petit stade loin des bruits du monde, mais la vie de ce stade, de ses pratiquants et de ses spectateurs, est dans le siècle ».

Pour ma part, j’avais voulu m’associer, par cette contribution, a l’hommage public et solennel de l’Etat et de la Nation  à nos braves Lionnes mais plus encore, lancer et susciter un large et utile  échange  sur des points fondamentaux qui commandent l’avenir de notre sport national et qui exigent attention vive, choix lucides et engagement résolu.

Le report de la cérémonie ne me semblant pas, outre mesure, occulter l’intérêt qui s’attache  à l’analyse des symboles liés à l’organisation de cette cérémonie d’hommage, je donne ici, suite  à  cette intention.

Cependant, parler de l’organisation  de pareilles cérémonies, c’est d’abord noter en la forme, qu’il n’y a rien de visiblement  nouveau sous le soleil, ni dans les traditions éprouvées de notre République, ni dans l’histoire multiséculaire du sport. Pindare, célèbre poète lyrique , par de nombreux poèmes, a sauvé de l’oubli, nombre de manifestations de célébrations de vainqueurs des Jeux sacrés de la Grèce antique et nous convainquait  déjà que : « Le salaire est doux  à tous les hommes pour leurs œuvres, au berger comme au laboureur,  à l’oiseleur comme  à celui que nourrit la mer: c’est pour se défendre contre   l’horrible faim que chacun se prodigue. Celui qui dans les jeux du stade ou sur le champ de bataille a conquis la gloire enivrante, quel plus haut salaire pour lui que d’être loué par ses concitoyens et par les étrangers ».

C’est ensuite rappeler que, le rite est assez ancré dans nos traditions républicaines, particulièrement au profit des Lionnes du basket-ball de plusieurs générations qui, dans la période de grisaille du sport sénégalais, maintenaient haut le flambeau et continuaient de faire briller nos couleurs. Faut-il également le rappeler, c’est encore et toujours pour les mêmes Lionnes que, le Président Abdou DIOUF ,du haut de son imperium, déclarait : « Le Sénégal qui bouge, qui avance et qui gagne, est le Sénégal des jeunes et des femmes ».Le même refrain optimiste vaudra aussi pour les Lions du basket-ball qui, le 4 aout 1997,après le travail exceptionnel du Ministre  Ousmane PAYE et de ses collaborateurs, de Feu Ibou DIAGNE, président de la Fédération et des siens, redonnent  à notre pays la coupe d’Afrique de basket des garçons qui depuis lors, a déserté nos terres. Au surplus, pourrait-on y ajouter la solennelle réception toujours par le président Abdou DIOUF de notre équipe de karaté brillamment victorieuse des championnats d’Afrique  de la discipline de 1997  à cotes desquels, ceux de 2014 font très pale figure. Tout comme enfin, la réception par le Président Abdoulaye WADE de Mamadou Ali NDIAYE et Fodé NDAW, vainqueurs aux championnats du monde de Munich de karaté et d’Amy Mbacké THIAM, brillante championne du monde d’athlétisme  à Edmonton. Sans oublier les Lions du football pour leur élogieux parcours de 2002.

En décidant donc  de retrouver les Lionnes et leur encadrement, avec les corps constitués, en séance publique et solennelle d’hommage, sous les ors de la République, en présence de leur parents, amis et compatriotes, le Chef de l’État, le Président Maky SALL , comme  à l’accoutumée, vivifie une grande tradition et confère  à leur victoire, une consécration symbolique et une résonance  très fortes qui la rattachent aux hauts faits de la lignée familiale, de l’épopée communautaire et  nationale et constitue en dernier ressort, un levain au renforcement et  à la réactivation de notre sentiment  d’identité nationale, celle d’un grand pays, présent hier et aujourd’hui sur la scène du monde, qui gagne et qui compte et qui, face  à l’avenir, dresse sa table avec confiance et espérance .La consécration des hauts faits sportifs de nos représentants, outre le gain immédiat en terme d’image et de résonance, de motivation et de mobilisation ,contribue  à mettre en valeur les qualités morales , athlétiques et techniques qui rendent possibles les brillants résultats et donne en exemple  à la jeunesse, ceux et celles qui les réalisent ,comme modèles  à suivre : »Un champion non seulement illustre son sport mais il le crée »(GIRAUDOUX).

Il n’est pas insensé de penser que nombre de nos braves Lionnes qui nous valent le succès de Yaoundé, ont peut-être chopé le virus en regardant d’un œil admiratif, leurs glorieuses devancières , sur divers théâtres d’opérations d’Afrique, conquérir, avec panache, technique ,force, adresse et élégance, des palmes et couronnes pour la République et  la Nation ,et en revenant, d’être couvertes d honneurs et de gloire, au point d’inscrire la saga des Lionnes dans la légende et de susciter respect ,considération, envie, vocation et ambition.

Mais cette victoire, comme toutes les autres victoires dans d’autres disciplines sportives, au delà de l’euphorie, doit nous rappeler que nous la devons essentiellement  à l’exceptionnelle qualité de nos fils et filles, aujourd’hui comme hier, sans que nous ayons forcement fait tout, tout ce qu’il fallait faire pour. C’est pourquoi, en relevant l’annonce du  Chef de l’Etat : «Pour cette performance, je prends l’engagement que dés l’ouverture de la saison 2016, dans le prochain budget, nous allons inscrire les crédits nécessaires  pour la construction d’un stade de basket moderne  à la dimension de notre basket », j’ai eu comme le sentiment d’un déclic. La fulgurance de cette annonce a  semblé faire voler en éclats le compact mur de glace que la super structure argentière de Peytavin a toujours érigé face aux nécessités et exigences d’investissements adaptés du sport  de haut niveau, ou peut-être plus encore, au delà de Peytavin, »l’auguste réveil » pour enfin, entendre ,voir et comprendre les vives exigences de notre sport .Enfin, cesser de le marginaliser, de le considérer simplement comme activité frivole et de loisirs et  à tout le moins ,comme Bromberger pour le football, de le considérer comme « une bagatelle sérieuse ».Sous ce rapport, il convient de noter combien dans la continuité de notre Etat républicain, le sport et les sportifs ont toujours bénéficié de l’attention et de la considération des autorités :de SENGHOR présidant les championnats nationaux d’athlétisme et chantant l’athlète Yacine MBAYE à  Maky SALL  remettant drapeau et prodiguant encouragements de veille de campagne ou recevant les sportifs de retour de victoire.

A l’inverse, ce qui a toujours manqué, c’est la traduction conséquente de cet intérêt en mesures significatives d’allocation de ressources et d’investissements  à la hauteur des exigences de notre politique sportive.

Les hauts dirigeants de notre pays doivent tous savoir que malgré sa stature, son prestige et son rayonnement en Afrique, le Sénégal n’a jamais organisé les Jeux -africains et ne peut les organiser dans le  moyen terme. Ils doivent savoir que le Sénégal se contente d’être juste toujours présent au grand rendez-vous de la Jeunesse africaine alors que depuis toujours nous avons  fait inscrire au frontispice de notre loi fondamentale : « de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine ».Sous ce rapport, il n’est pas inutile de méditer sur le cas du Congo qui vient d’abriter les récents jeux-africains .En effet, voila un pays qui en trois ans, a fait sortir de terre la remarquable cite olympique de Kintelé avec un stade de 60000 places, un village olympique, un palais des sports, un club nautique et de nombreuses autres infrastructures pour un coût de plus de 380 milliards de FCFA. Investissements colossaux pour recevoir dignement la jeunesse africaine mais aussi volonté ardente de s’inscrire dans un futur de développement et de modernité .On en arrive d’ailleurs, face  à tant de gigantesques efforts,  à imaginer le Président MAKY SALL, rencontrant son grand-frère le président Sassou NGESSOU , et s’excusant, presque gêné, que ses représentants aient  barré la route aux siens dans deux disciplines chères au Congo: le football et le handball. Tout le monde peut s’imaginer que, le succès de nos jeunes footballeurs, qui me semble t-il, n’a pas encore été salué et apprécié  à sa juste valeur chez nous, aurait eu une résonance exceptionnelle sur les rives du Congo, singulièrement en ces temps où le pouvoir  cherche à rallier la plus large audience pour les choix politiques majeurs qui se profilent.

Le brillant succès du football sénégalais, soit dit en pas sant, qui sonne  comme une juste et méritée récompense pour un football qui était à cinq minute du purgatoire et qui, divine résurrection, est comme  transfiguré par la grâce. Pourvu que ca continue, s’amplifie et dure. Mais les Jeux-africains dont il serait intéressant de faire le bilan sportif relativement  à ceux de Maputo, ont aussi révélé d’autres agréables  surprises en plus de celle du football, la  remarquable performance des sports boules et le bon parcours de l’escrime qu’il faut relever pour les apprécier et rendre hommage aux pratiquants, encadreurs et dirigeants. Ces importantes et  inhabituelles performances ont d’ailleurs largement masqué le ressac du sport sénégalais entre Maputo et Brazza. En saluant singulièrement les dévoués et actifs dirigeants de l’escrime sénégalaise, comment ne pas évoquer la mémoire de mon incomparable ami feu Abdoul Wahab BA qui en fut l’inspiré rénovateur au Sénégal et le dynamique   propagateur en Afrique au sud du Sahara.

Les hauts dirigeants de notre pas doivent aussi savoir que malgré le rôle remarquable joué par le président SENGHOR dans la conception et la naissance de la Francophonie et malgré le rôle exceptionnel du président Abdou DIOUF dans sa consolidation, sa visibilité politique, son ouverture au monde et aux questions essentielles qui l’assaillent, notre pays, le pays de SENGHOR et de DIOUF n’a pas encore abrité les Jeux de la Francophonie. Plus près de nous, nos frères du Niger ont déjà offert leur hospitalité. Dans deux ans ce sont nos frères ivoiriens qui prendront le relai. En parlant d’ailleurs du relai ivoirien, comment ne pas rappeler ce souvenir de la somptueuse cérémonie de clôture des Jeux de la francophonie de Nice, avec le phénoménal succès  à  l’échelle planétaire du Président OUATTARA  »clôturant en beauté » les Jeux avec le groupe Magic System. La où le formidable potentiel  »dynamo-culturel » de notre pays, fait de sons, de rythmes et de danses, en présence  du Président Maky SALL et du président Abdou DIOUF, pouvait, au contraire, avoir de plus légitimes prétentions de visibilité et d’aura. Mais enfin, comme il s’agissait d’ADO  qui compte parmi les plus  »sénégalais » des Ivoiriens, la pilule était  plus fraternellement facile à avaler. En tout cas le fait est la, dans deux ans, la Côte-D’ivoire se donnera les moyens d’abriter les jeux de la Francophonie. Le Sénégal attend encore.

C’est en recensant de nombreuses questions du genre et en faisant justice  à tous les dirigeants des administrations qui n’ont jamais ménagé leur capacité de propositions pour que les choses changent et évoluent positivement que,  la décision du Chef de l’Etat de bâtir un » stade moderne de basket ‘dès 2016 sonne peut-être comme un réveil. Réveil pour s’inscrire dans le sens de l’histoire. Réveil pour faire comme les autres et notamment les pays frères proches qui, en la matière, ont fait des pas très importants.

C’est dans ce cadre que, je me surprends presque à vouloir faire un parallèle  entre le Président Maky SALL et le Général De GAULLE. En effet, l’idée est que, partant de situations de fortes émotions opposées, ils en tirent les mêmes enseignements et déploient les mêmes actions. En effet, l’on se souvient de cette morose parenthèse de la participation de la France aux jeux-olympiques de Rome en 1960, avec juste un gain de cinq médailles dont aucune en or. Pour un député français « Les JO de Rome ont humilié notre jeunesse  à la face du monde ».Très vive colère du General De GAULLE pour qui: « Si la France brille  à l’étranger par ses penseurs, ses savants, ses artistes, elle doit aussi rayonner par ses sportifs. Un pays doit être grand par la qualité de sa jeunesse et on ne saurait concevoir cette jeunesse sans un idéal sportif ».

Et tout le monde sait aussi que pour le General, « La France n’est la France que dans la grandeur ».Il était des lors compréhensible que cette lourde contreperformance des JO de Rome, ne suscitât que colère et amertume. Le General, en homme d’action énergique, répondit par la mise en place d’un vaste programme de développement sportif confié  à son ministre Maurice Herzog, en matière de constructions d’équipements, d’engagement plus dense de l’éducation nationale dans la formation sportive  à l’école, de l’érection de l’INSEP comme base de sports de haut niveau ,donnant presque l’essentiel des médailles françaises et le tout amplifié par une politique de décentralisation engageant  communes, départements et régions.

Toute cette politique porta ses fruits, singulièrement  vers les années 80 et 90  et replaça la France dans le peloton de tête du sport mondial.

Ainsi donc, le General de GAULLE part d’une colère pour sonner la révolte et mettre en œuvre un vaste plan de redressement, mon voeu est que le Président Maky SALL lui, parte de l’émotion positive de l’exploit de nos très braves Lionnes et de tous nos talentueux sportifs qui, dans des conditions difficiles, réalisent des prouesses, pour mettre en œuvre un plan de consolidation, de développement et de progrès du sport sénégalais résolument tourné vers l’avenir.

Ce plan devrait d’abord, au moins régler définitivement ,la question du rôle et de la place du sport dans la vie nationale et aider  à dégager une ligne d’orientation stratégique validée par le plus grand  consensus possible, au lieu de noter comme on l’a vu avec la deuxième alternance, en trois ans, pratiquement trois projets dont le premier:   Sénégal  horizon 2022, semblait allier vision et ambition, alors que le second projet baptisé Nouvelle Politique Sportive a très rapidement fait long feu, tandis que la déclinaison du troisième projet semble manquer de netteté et de visibilité. Il convient des lors de faire le point et de fixer définitivement et clairement le cap.

Ce plan devrait ensuite,  aider  à l’adoption d’un ambitieux ,rationnel et équilibré programme d’aménagement d’infrastructures sportives pluri catégorielles prédisposant notre pays dans un avenir proche,  à une démocratisation plus poussée de la pratique sportive et le capacitant  à abriter des compétitions de rang continental voire mondial. Sans doute notre pays n’a-t-il pas les ressources pétrolières du Congo pour prétendre  à un investissement du niveau  du complexe olympique de Kintelé(380 milliards de FCFA), à l’inverse, les 2,5 milliards FCFA annoncés  pour le stade de basket ,alors que  d’aucuns parlent de palais des sports, sont nettement insuffisants en terme de volume d’investissements dans le secteur, au regard des besoins et exigences. Etre utile, soutenir, appuyer des politiques publiques c’est surtout maintenir intacte la capacité d’analyse, d’évaluation et d’expression honnête et transparente de ce que l’on croit juste, bon et efficace pour notre pays.

C’est aussi et surtout, une grande vision ambitieuse et généreuse, chevillée  à la réalité qui fait que le sport moderne est définitivement partie constituée de notre culture et de notre existence et depuis cinquante ans, nous montre, dans une courbe ascendante,  « qu’il n a que des pas de devant ».A titre illustratif, on peut signaler l’ambiance des coupes d’Afrique ou du monde  de football  ou de basket quand notre pays y participe. En ces moments la, presque toute la vie nationale est rythmée par  l’événement : le monde du travail, des médiats et celui de l’école s y adaptent au gré du programme et du parcours de nos représentants. Quand sur le terrain la bataille fait rage, le résultat indécis, l’anxiété à son comble, c’est tous les Sénégalais qui se sentent concernés car, que l’on aime le foot, le basket ou pas, le problème est simple : « c’est nous » contre « eux».En ces moments fatidiques où l’émotion est à fleur de peau,  ou la fibre patriotique est fouettée au paroxysme, on donnerait tout pour gagner. Gagner pour avoir le cœur léger, la tête haute, le regard fier, gagner pour  chanter, danser, rire et à la face du monde, faire monter ses couleurs  et  exécuter son hymne national. Dans la « guerre symbolique » qu’est devenue la compétition sportive de haut niveau, ces moments la n’ont plus de prix. Ils scellent le destin d’un pays, renforcent la cohésion sociale, restituent le sentiment de confiance que tout reste possible pour qui veut et agit et réactive l’espérance en des lendemains heureux.  Par conséquent, autant faire les choix et investissements requis pour se situer dans cette voie. C’est me semble-t-il, ce retour d’informations qui peut aider  à apprécier, corriger et efficacement mettre en perspective les choses. Dans ce sens d’ailleurs, il est très intéressant de faire le parallèle entre les modestes 2,5 milliards du stade moderne de basket/palais des sports et les 25 milliards de l’arène de lutte, pour noter le déséquilibre. Sil ne s’agit que de construire une salle de basket, ça peut tenir la route. Pour le palais des sports tel qu’il est attendu depuis longtemps, c’est autre chose.  Car, il doit être clair, net et précis que notre pays ne peut et ne doit pas mettre 25 milliards dans une arene. A mon sens tout au plus entre 5 et 7 milliards. Cela, d’autant plus que notre principal fleuron, le stade SENGHOR, qui a trente ans d’âge, n’a jamais fait  l’objet d un   lifting à la mesure de l’usure du temps et  de ses dégradations, pour le mettre au point, nonobstant les petites interventions qui sont faites et qui restent, somme toute, dérisoires. Si maintenant, il y a d’autres projets liés ou dans la périphérie de l’arene nationale, il convient très clairement de les énoncer et de les spécifier au regard de leur utilité publique singulière, en ramenant l’arene de lutte dans sa spécifique dimension. En parlant d’ailleurs d’arène et de lutte, comment ne pas s’arrêter pour saluer, apprécier et magnifier l’apport inestimable de tous nos brillants lutteurs de toutes les générations, à  l image d’Isabelle SAMBOU, au palmarès sportif général de notre pays .Et comment également, par delà eux, ne pas saluer l’action lucide, déterminée et dans la durée, de leurs dirigeants, hommes de grande qualité, qui sont  à la base de l’important bond qualitatif de la lutte dans notre pays.

Pour en revenir  au plan d’équipement, il convient de préciser que ce  doit être une affaire de première importance. C’est Arnold TOYNBEE qui nous indique que: « Une civilisation nait ou subit une mutation chaque fois qu’elle est en butte  à un défi que lui lancent soit la nature, soit les hommes, la mutation qui se produit est précisément la  »réponse  »au défi ».Dans cette question de l’aménagement des infrastructures de notre pays, nous avions raté la première phase de mutation au milieu des années 90 quand le grand projet de complexe olympique, à cote du stade Léopold S.SENGHOR, qui devait abriter le palais des sports, l’arene nationale et la piscine olympique, a vu son envol brisé par la décision de domicilier  la piscine au Point E. La  suite, c’est la dilapidation à pas forcés, des importantes réserves foncières du stade dont les effets nourrissent encore l’actualité .La seconde phase de la mutation, me semble-t-il, devrait, se fondant sur les raisons invoquées dans le  parallèle   entre Maky SALL et le General de GAULLE, pousser le premier  à saisir l’ambitieux projet de ville nouvelle  à Diamniadio, pour y intégrer un grand projet évolutif d’infrastructures sportives de haut standing qui constituerait un pôle sportif de premier plan entre Dakar-Thiès-Mbour, doté  de toutes les commodités, capable d’accueillir des joutes africaines et mondiales et matrice d’une mégalopole résolument jeune et tournée vers l’avenir.

Ce plan devrait enfin, décider de l’allocation de ressources financières conséquentes pour accompagner les politiques de développement sportif, promouvoir une préparation et une gestion ciblée de notre élite représentative ,soutenir les projets de professionnalisation de certaines disciplines porteuses, singulièrement le football, au regard de ses capacités de création d’emplois et de ressources mais aussi de relèvement du niveau technique et d’organisation pouvant considérablement influer sur l’état de  notre pratique sportive et son  ranking. De même la politique de formation des cadres et de développement des ressources humaines pour faire face aux besoins et exigences du sport moderne.

La lancinante question des ressources financières pour le sport, repose le principe de l’affectation de 1/100 du budget national au lieu des montants actuels qui sont alloués, qui ne sont ni  à la hauteur des besoins, ni  à la mesure du standing que doit défendre notre pays.

Le sport et particulièrement le sport de haute compétition, reste et restera toujours une vitrine  à nulle autre pareille, un lieu et un moment d’affirmation de l’existence et de la présence d’un  pays parmi les nations connues, estimées et respectées non pas seulement  pour leurs PIB, taux de croissance ou autres instruments économiques et financiers ,mais par delà les statistiques de toutes sortes, par la hardiesse, le talent, la volonté, la technique et le courage de ses filles et fils ,pour rivaliser voire dompter des grands du monde comme ce fut le cas pour nos représentants :  à Munich pour le karaté en 2000,  à Edmonton pour l’athlétisme en 2001,deux fois champions du monde en pêche sportive face aux Américains et Européens, en 2001 en Espagne et 2003 a Dakar,  à Séoul face  à la France et  à Oita face  à la Suède en football en 2002 ,plus près de nous, la sensation forte de progrès  à Séville de notre basket  s’offrant la Croatie. Ces moments la encore une fois, gomment les différences et limites de toutes sortes et restaurent un fort sentiment de fierté et de bonheur mais encore plus le sentiment que tout reste possible ,que tout peut être fait et réalisé pour notre pays ,qu’il s’agit d’y croire et résolument, courageusement, opiniâtrement de faire face, de sauver la face. Sauver la face, comme le souligne Malraux, « c’est faire son devoir jusqu’au bout et attendre l’événement quel qu’il soit ».C’est la, tout le sens, toute  la valeur et toute la portée des symboles attachés  à la célébration de l’exploit de nos vaillantes Lionnes : un appel permanent au dépassement, au surpassement, partout et toujours. Il convient donc de savoir vivement gré au Chef de l’Etat d’honorer ceux et celles qui ont  honoré la nation. Mais il convient aussi de rappeler et d’avoir à l’esprit tous nos autres enfants  qui n’ont pas ménagé leurs talents et leurs forces, pour également tresser, dans d’autres disciplines sportives, d’autres lauriers pour la couronne de la République. Sans doute l’impéritie des uns et des autres et la grande puissance de la super structure communicative peuvent-elles amener, dans le champ social, à valoriser tel aspect au détriment de tel autre. Cependant, il s’impose d’avancer ensemble, sans laisser personne sur le bord de la route. Exercice certes toujours difficile, mais pas au dessus des forces de qui  veut bien faire en tenant naturellement compte des spécificités et des différences .Dans ce cadre d’ailleurs, il me semble  singulièrement utile de  saluer  et  d apprécier le grand combat mené par des femmes  et des hommes au profit de l’inclusion et de l’épanouissement de nos enfants victimes de déficiences intellectuelles. Quand spécialement, ceux la reviennent de Los Angeles, auréoles de gloire, ils ne montrent pas simplement que ce sont  aussi des champions, mais ils font un formidable appel d’air au profit de  tous ceux qui ,dans les sombres alcôves, vivent des difficultés ,des situations de réclusion et de souffrance  et des drames que les mots décrivent peu et que leur courage  à eux ,la spécificité et  la qualité de leur parcours, aident  à transformer positivement, grâce au soutien visible et affirmé  de leurs parents, encadreurs et cette fois- ci, plus que par le passé,  à l’engagement personnel noté et salué de Monsieur Matar BA, Ministre des Sports. L’Etat protecteur, l’Etat inclusif, doit pouvoir mesurer l’intérêt qui s’attache  à encourager et  à amplifier cet utile et noble combat et  à lui donner plus d’appui et plus de lumière.

Gagner dignement, loyalement, honnêtement pour la gloire de notre pays doit être le leitmotiv de tous nos sportifs.

Dans ce sens, il me plait d’évoquer le propos tenu récemment sur une chaine télé par le grand champion Yekini Yahya DIOP. Il indiquait (si j’ai bien compris) qu’en venant  à Dakar, il était dans une petite pièce  à 15000 Cfa et que maintenant qu’il avait réalisé l’important parcours socio- matériel qu’il avait fait, s’il descend encore dans l’arene, son ambition est et reste la recherche de la victoire : le  »NDAM ».Plus que tout. Bel exemple pour tous les pratiquants et dirigeants qui ont l’insigne honneur de porter et de défendre nos couleurs. Pour avoir  été parmi les  leaders appelés   à conduire  les affaires, quand DIEU, dans SA grâce infinie ,honorait notre cher pays des résultats et palmarès sportifs les plus reluisants de ces vingt dernières années, je puis avec force, indiquer  à la jeune génération,  combien le message  de Yekini reste l’élément moteur pour construire les succès et gloires qui marquent notre pays et le font accéder  à un stade supérieur  à l’ordinaire des choses .Et également  rappeler combien cette mystique doit continuer de nous inspirer et de nous galvaniser afin de toujours    permettre a notre sport, de rester la source inextinguible de « création de soi par soi, l’agrandissement de la personnalité par un effort qui peut tirer beaucoup de peu, quelque chose de rien, et ajouter sans cesse  à ce qu’il y avait déjà de richesse au monde ».

Encore une fois, bravo a à nos chères Lionnes et  à leur encadrement ,et surtout vivement que le Président Maky SALL se hisse  à la hauteur de la mutation apportée par le General de GAULLE au sport  français, pour, dans un surgissement historique, par des mesures stratégiques fortes et inédites, installer définitivement le sport sénégalais sur la rampe de lancement , dans la promotion d’un système pensé ,cohérent, méthodique et organisé et non dans la voie d’un  »mbaboor » dont les effluves fugaces s’évaporent toujours avec la rosée du matin.

Très sportivement
Adama THIAM
Ancien Conseiller a la Primature
Ancien Directeur de Cabinet au Ministère des Sports
Ancien Directeur de la Haute Compétition
[email protected]

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici