HOMMAGE : «Fils»… (Par Cheikh Mbacké Guissé)

Certains arrivent, d’autres partent.
Certains accostent sur la rive, d’autres abattent leurs dernières cartes.
Certains sortent du ventre de leur mère après l’épreuve du col. D’autres se désolent, s’excusent auprès du sol, et s’isolent vers le royaume des idoles.
Certains naissent, d’autres meurent.
Certains se pointent , d’autres se retranchent dans leur dernière demeure.
Certains se posent et causent en cherchant la conséquence de la cause. D’autres, en paix reposent après une pause.
Certains embrassent la vie avec des cris car surpris. D’autres ferment la dernière page du livre qu’ils ont écrit.
Certains apprennent la vie après le séjour dans la poche maternelle. D’autres, telles des hirondelles rejoignent le ciel à tir d’ailes.
Certains se posent des questions sur leur avenir. D’autres ne sont plus que souvenirs à venir dans le Devenir.
Certains savourent la symbiose entre l’esprit et la matière. D’autres s’évadent de la Dianoia dans le secret des cimetières où ils se terrent sous terre.
Certains s’ennuient dans le factuel du présent. D’autres se figent dans le passé pour faire de leur âme un divin présent.
Certains partent après avoir fait de vieux os. D’autres nous tournent le dos plutôt quand ils sont ados.
Certains sont encore là. D’autres dans l’au-delà
Certains sont… D’autres étaient, comme ce garçon dont le voyage nocturne nous a donné des frissons.
Oui, la mort d’un être cher, qu’il soit ami sincère, mère, père ou frère est à jamais inscrite sur notre chair. C’est clair et souvent nous voyons son visage effacé de la terre, en éclairs, lorsque nous fermons les paupières.
Le passé roule comme une pierre et dans le présent souffrant abreuvé par l’arrière, nous revivons hier lorsque le disparu avait une santé de fer et quand, subitement, il n’était que corps sur une civière conduit vers les cimetières. Notre mémoire est prisonnière.
Dans ce même présent, nous nous demandons si l’être cher eSt enfin arrivé au paradis loin de l’enfer. Alors des prières notre cœur profère pour que le Seigneur le récupère et le préfère dans son paradis loin de Lucifer.
Notre esprit se libère mais notre inquiétude reste entière. Voilà pourquoi notre souffrance en errance à cause de l’absence ne peut se taire. Alors dans le présent, le passé cassé du trépassé revient par une sorte de porte fracassée et nous nous souvenons de celui qui est devenu fleur plantée dans les cimetières, destination finale de la matière.
L’eau retourne toujours à la mer blessant et laissant la pluie amère se souvenir de cette goutte perdue vers l’atmosphère. « My boy », il y a des artistes tristes de la mort qui cherchent encore à comprendre pourquoi la nuit, lorsque les âmes montent, les chiens ne peuvent s’empêcher de hurler.
Eux dont on dit qu’ils voient les anges n’ont pas peur d’assister au transport du mort. Non, ils célèbrent en fait la montée des cœurs vers leur dernière demeure lorsque le corps meurt et que nous devenons éternel dormeur, comme l’autre du val. «Pâle dans son lit vert ou la lumière pleut», triste festival.
Dors bien Serigne là bas, auprès de Saliou, ton Serigne…

Cheikh Mbacké Guissé

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