Gamou de Doxoba de Feu le vénéré El Hadj Socé Ndiaye : à la découverte d’un puits, d’un djinn et d’un baobab surréalistes

Youssou Ndour avait avalé plus de 600 kilomètres, emprunté une piste, à l’époque, ô combien sinueuse, pour le dénicher, se prosterner sous ses pieds et le chantonner sur un air mélodieux. On était dans les années 80.

Lui, c’est Feu le très vénéré El Hadj Socé Ndiaye, communément appelé «Boroom Doxoba». La simple évocation de son nom renvoie à un Surhomme. Un érudit d’une dimension incommensurable. Parcouru de toutes et de tous, aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger.

Dans le cadre de ses reportages sociétaux, Actusen.com, qui a profité de la célébration de son gamou annuel “‘nuit commémorant la naissance du Prophète Mohammed (PSL)”, vous plonge dans Doxoba. Un village plein de symboles, à l’image de son fameux baobab, son célèbre puits et de la quatrième épouse de Feu le vénéré Saint homme, qui n’était ni plus ni moins qu’une djinn. Plus connue sous “Djinn Maïmouna”. Découverte

C’est un certain 1910, à Doundodji, dans le département de Linguère, qu’est né un don du Ciel. Un Surhomme. Débordant de connaissances du Saint Coran. Son nom : El Hadj Socé Ndiaye. Né de l’union entre Aly Yacine et Sokhna Meïssa Sall, il fît très tôt, c’est-à-dire à l’âge de 12 ans, juste après la disparition de son père, le tour de certains foyers religieux Mbeuleukhé, Ndiossy, respectivement distants de quarante et de cinq kilomètres de la Commune de Dahra Djolof. Avant de déposer, plus tard, ses baluchons dans la capitale du “Tidianisme”, en l’occurrence Tivaouane.

De ce périple qui lui a valu se taper des centaines de kilomètres, El Hadj Socé Ndiaye n’avait qu’un seul objectif : la maîtrise du Saint Coran et des préceptes de l’Islam. En 1942, alors qu’il venait de souffler ses trente-deux  bougies, il créa Doxoba, une Cité pas comme les autres. Avec un baobab, un puits et…une demeure de sa 4e épouse, un “djinn. Qui, jusqu’au moment où ces lignes sont en train d’être couchées, gardent toutes leurs parts de spécificité.

Mardi 22 décembre 2015, il est 12 heures. Le soleil est au zénith à Dokhoba, village religieux situé à 8 km du chef-lieu du département de Linguère. Les lieux grouillent de monde. Les fidèles sont venus des quatre coins du Sénégal et de certains pays voisins pour y célébrer le “Gamou” (nuit commémorant la naissance du Prophète Mohammed ‘PSL)”.

Le local respire la pureté. Il n’en fallait pas moins que ça. Eu égard à la dimension de Feu le vénéré Saint homme qui l’a fondé. Les différents sites devant accueillir les pèlerins sont balayés proprement par les populations. Avec beaucoup  d’égard. Dans la foulée, l’envoyé spécial de Actusen.com se dirige vers la demeure de Serigne Amath Ndiaye, un des fils de Feu l’éminent marabout. Ici, la salle d’attente regorge de monde.

Le Comité d’organisation veille au grain. On n’hésite pas à nous frayer un chemin. De blanc vêtu, le maitre des lieux, après avoir fait connaissance avec votre serviteur, lui fait un signe de la main. Et l’installe, confortablement, à ses cotés.

Borduré de la générosité et de la simplicité de son illustre défunt géniteur, Serigne Amath Ndiaye, sourire aux lèvres, nous taquine. Histoire de nous mettre à l’aise.  « Vous voulez encore des informations concernant notre père », nous lance-t-il. Avec toute la chaleur humaine, qui fut une marque déposée de Feu El Hadj Socé Ndiaye, “Borom Doxaoba”.

A sa question, l’envoyé spécial de Actusen.com répond par l’affirmative. Sous le regard hagard de plusieurs fidèles. Déjà aux anges à l’idée de savoir qu’ils vont, peut-être, assister à l’histoire de Feu l’érudit qui sera contée par l’un de ses fils. Pour les fidèles, avant-goût de la soirée religieuse ne saurait être meilleur que cette discussion à bâtons rompus entre le marabout et son hôte du jour.

“Les miracles d’El Hadji Socé Ndiaye se passent de commentaires. Et reposent sur trois facteurs», nous confie Serigne Amath

El Hadj Socé Ndiaye n’aimait pas les choses mondaines. Détaché des jouissances terrestres, «dès son arrivée à Doxoba, Feu notre père s’est consacré à trois choses, après avoir découvert le baobab. Il s’est d’abord occupé du traçage des cimetières. Puis, la foi en bandoulière, il érigea la mosquée. Et c’est ensuite seulement qu’il pensa à trouver une concession à sa famille», ajoute-t-il.

BAOBABLe Baobab de Doxoba : c’est “Gouy-gou reuy-gui du fameux tube de Youssou Ndour”, qui s’y rendait très souvent, incognito

Beaucoup n’ont jamais mis les pieds à Doxoba, mais ont, peut-être, eu la chance d’entendre parler de ce fameux baobab. C’est un grand baobab multiséculaire, qui se situe au centre du village. Le visiteur, qui débarque dans le village, est forcément impressionné par son caractère gigantesque.

 «Dès son arrivée, il a dit que ce baobab m’est offert par le Créateur. Il le baptisa Médinatou Doxoba. Il a vécu quelques mois sous le baobab, y faisait certaines pratiques mystiques, mais il nous avait strictement interdit d’y prendre un bain rituel. En réalité, il y avait plusieurs baobabs dénommés Rabikh, Ahfaane, mais le plus célèbre d’entre eux est Médinatou Doxoba”, conte Serigne Amath Ndiaye.

Ce baobab est passé à la postérité, quand le chanteur Youssou Ndour, qui commençait à peine à crever l’écran, lui a dédié une chanson. Pour la petite histoire, la star planétaire avait l’habitude d’avaler des centaines de kilomètres, pour se rendre à Doxoba, la plupart du temps, incognito bien sûr.

IMG_20151222_164543Quand Fama Ndiaye, sa première épouse, est tombée dans ce puits mythique, c’est le Feu Saint homme qui était à des milliers de kilomètres des lieux, qui l’a captée et déposée dans un coin, où l’eau ne l’a pas touchée

En 1956, Laurent Marcel Wiltord, Gouverneur du Sénégal d’alors, lui fit forer un puits par l’entremise de Bouna Ndiaye, qui avait usé de toutes ses relations politiques. Chose surprenante, quelque temps auparavant, le Saint homme avait déjà désigné le site aux techniciens.

L’accès à ce puits était formellement interdit aux femmes. C’étaient nous les garçons qui nous chargions de la corvée d’eau. Pour preuve, nous confie son fils Amath Ndiaye, «à son départ à La Mecque, il nous avait réitéré ses recommandations. Seulement, suivant le dicton, selon lequel quand le chat n’est pas là, les souris dansent, nous négligeâmes de puiser de l’eau.

Un jour, contre son gré, faute de liquide précieux et pour étancher notre soif, ainsi que celle des animaux, sa première épouse Soxna Fama Ndiaye s’y est rendue. Malheureusement, ce qui devait arriver arriva, car celle-ci tomba dans le puits. Aussitôt, ce fut la ruée vers les lieux ! Mais lorsque nous avons fait entrer quelqu’un dans le puits, pour la sauver, à notre grande surprise, notre tante Soxna Fama Ndiaye n’avait même pas touché l’eau. Tout comme, elle n’avait aucune blessure. C’était miraculeux !”

Dans l’imagerie populaire, lorsque sa première épouse tombait dans le puits, c’est “Borom Doxoba”, qui était déjà à des milliers de kilomètres et en route pour La Mecque, qui l’a captée et déposée dans un coin dudit puits. Et à son retour de La Mecque, les populations désireuses de dissimuler ce qui a failli être un drame, ont voulu taire cet épisode. Mais ce fut peine perdue. Car c’est le Saint homme, lui-même, qui leur a raconté, jusque dans ses moindres détails, tout le film du déroulement des opérations. Qui l’eut crû?

DUNENdiaga Ndiaye, fils du défunt : “Djinn Maimouna, la quatrième épouse d’El Hadj Socé Ndiaye, préparait le repas sur une dune de sable, et se muait en serpent, quand le Surhomme recevait des invités”

El Hadji Socé Ndiaye est réputé pour son ésotérisme. Il avait épousé un génie femelle. C’était sa quatrième épouse. De l’avis d’El Hadj Ndiaga Ndiaye, grand chanteur religieux et non moins fils de l’érudit, « ses enfants s’étaient familiarisés à badiène Maïmouna. Ceux qui ne le croient pas n’ont qu’à aller visiter sa maison » avertit-il.

La case de Djiné Maïmouna est située au nord-est du village (voir photo). Aujourd’hui, c’est un lieu de pèlerinage incontournable pour tout visiteur à Doxoba. Entre anxiété et émerveillement, votre serviteur fait le tour de la maison et aperçoit la case hermétiquement fermée. Elle n’est ouverte qu’aux ayants-droit.

Serigne Amath renchérit : «tante Maïmouna Sall, que j’ai connue et fréquentée, préparait les repas sur une dune de sable. L’odeur de la cuisson embaumait tout le village».

Lui emboitant le pas, Ndiaga Ndiaye, un autre fils de Feu le vénéré raconte : «lorsque des visiteurs frappaient à la porte de Feu le Saint homme qui les invitait à entrer, Djiné Maimouna prenait la forme d’un serpent lové et se couchait à même le sol. Quand Mame Socé sentait que son interlocuteur avait peur, il lui disait quelques mots et elle (sa quatrième épouse muée en serpent) quittait les lieux, avant de revenir plus tard.

Plein d’humour, Ndiaga Ndiaye, qu’on ne présente plus aux adeptes des cérémonies religieuses, ajoute : «un jour, les petites filles de Feu le marabout sont allées lui rendre visite, elles ont trouvé de la bouillie dans la chambre et elles voulaient coûte que coûte en goutter. Il les informa sur le ton de la plaisanterie que c’est leur co-épouse (grand-mère) qui avait préparé le mets. Et celle qui en a goûté a passé un sale quart d’heure…

Ndiaga Ndiaye : “Badiène Maïmouna” est toujours en vie, car les djinns peuvent vivre jusqu’à mille ans”

Plus les années passent, plus “Badiène Maîmouna” (tante Maimouna) continue de tenir compagnie à la progéniture du défunt Saint homme. “Elle est encore vivante”, nous dit Baaye Ndiaga, comme l’appellent affectueusement ses fils, parce que les djinns peuvent vivre jusqu’à mille ans. Sa mère vivait à Khol Khol avant de venir à Doxoba.

Et Amath Ndiaye d’en rajouter cette couche : “moi, je l’ai souvent fréquentée et j’ai mangé à moult reprises ses repas. Notre père nous indiquait des prières à réciter, afin de la côtoyer et je n’ai jamais eu de problème, mais mon frère, qui ne respectait pas les précautions d’usage, en a, un jour, payé les frais. D’ailleurs, il en traine un traumatisme, jusqu’à présent.

Dans tous les cas, “Badiène Maïmouna” est une réalité forte à Doxoba. Où elle est vénérée aussi bien par les descendants de Feu le vénéré El Hadj Mame Socé que par les milliers de fidèles, qui affluent vers la localité qui garde toute sa part de sacralité.

Mamadou Moustapha Ndiaye, Envoyé Spécial à Doxoba

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