Et si Khalifa Sall faisait face à son destin…

La crise qui secoue le Ps joue pleinement en faveur de Khalifa Sall. Maire de Dakar et leader d’une coalition qui a fait ses preuves aux Locales et à l’élection pour le Hcct, Sall doit se résoudre à prendre son destin en main et à tracer sa propre trajectoire.

Khalifa Sall finira-t-il par prendre son destin en main ? Cette question est légitime. Depuis, en effet, l’arrestation le 4 janvier dernier de Bamba Fall et d’autres militants socialistes, la fracture qui traverse le Parti socialiste est béante. Elle oppose deux camps que rien ne peut plus visiblement rapprocher. Deux bords se dressent face à face. Mais aussi deux leaders : Ousmane Tanor Dieng et Khalifa Sall. Les deux ténors sont tous du Parti socialiste même si le bon sens interpelle vigoureusement le maire de Dakar. Et c’est pour lui demander quand au juste il se débarrassera de sa rose.

Certes, les militants d’un même partagent en commun une idéologie, aspirent à un destin commun et acceptent de se sacrifier pour le triomphe de leurs idées. C’est un combat qui génère la fraternité, l’amitié et une réelle complicité. Les ruptures sont ainsi douloureuses. Des vies bâties au prix de moult sacrifices s’écroulent tout d’un coup. Si Khalifa Sall tient à tout prix à se mettre à l’abri de telles afflictions il se trompe alors de monde. Là, hélas, c’est la politique. Ce qui prévaut ce sont les intérêts. Des amitiés plus solides se sont fracassées au contact des ambitions antagoniques. Senghor et Dia ont dû se séparer faute d’une convergence politique impossible à réaliser. Ce qui désunit Tanor et Khalifa est autrement plus grave. Bamba Fall et compagnie sont poursuivis pour: « tentative d’assassinat, violences et voies de faits, destruction de biens appartenant à autrui, injures publiques et menaces de mort. Au regard de l’accusation, les deux camps sont partis pour être inconciliables.

Victorieux aux dernières Locales, Khalifa Ababacar Sall a incontestablement les cartes de son bonheur en main.

Tout lui permet d’installer le doute au Parti socialiste. Notamment le camp réfractaire à l’alternance au sommet. Il s’agit essentiellement de ce groupe de militants autour de Tanor Dieng qui forme une sorte de gangue impénétrable. Avec la vérité des urnes du 29 juin 2014, tout devient possible au Ps. Même le pire, pour les pro-Tanor ! Khalifa Sall qui avait fait arrêter le processus de l’élection du secrétaire général, à la veille du congrès des socialistes préparait, visiblement, l’avenir. Son avenir. Il tenait à hériter d’un appareil politique encore solide et bien implant. Le maire de Dakar, alors Président du Comité national de pilotage et d’évaluation des opérations de vote(Cnpe) avait, dans un communiqué, mis fin aux opérations électorales. « Au terme des échanges, le camarade Khalifa Ababacar Sall, président du CNPE des opérations de renouvellement, a décidé de l’arrêt de la compétition électorale, dans l’intérêt supérieur du Parti socialiste », annonçait la radio RMD. En vérité, le bloc socialiste commençait à se fissurer. Car, Me Aïssata Tall Sall, adversaire d’Ousmane Tanor Dieng avait commencé à dénoncer des irrégularités. Aujourd’hui, il doit se rendre à l’évidence : impossible de réunifier le Ps. Il n’y a pour autant rien pour s’en mortifier. Parce que le temps des grands partis est révolu. Pis, ces grandes formations politiques sont toujours sous la menace de scissions et autres rébellions face au parti au pouvoir qui cherche constamment à les fragiliser.

Et puis quel leader politique n’aurait, en effet, pas aimé être à la place de Khalifa Sall ? Maire de Dakar, Sall, leader de parti, aurait une solide avance. L’Alliance pour la République (Apr) qui s’est incliné aux Locales de 2014 devant Khalifa Sall, actuel maire de Dakar contraint Macky Sall à être un président de la République sans prise sur la capitale. Dakar qui abrite le palais de la République sous le contrôle d’un parti naissant ! Un mandat entier sans Dakar ? C’est l’incroyable destin de Macky Sall. Ce n’était jamais arrivé depuis l’indépendance. Le maire de Dakar a toujours été sous la coupe réglée du parti présidentiel. Une parfaite allégeance au chef de l’Etat au point qu’on se demandait si le premier magistrat de la ville avait une autorité. Les libéraux, champions en mixtion institutionnelle en étaient arrivés à faire du maire le président de l’Assemblée nationale.

C’est donc le moment ou jamais pour Khalifa de consacrer la rupture et de prendre son destin en main.

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