Emmerson Mnangagwa : retour sur le parcours du nouvel homme fort du Zimbabwe

Surnommé le « crocodile » pour son intransigeance, Emmerson Mnangagwa est présenté comme le probable futur successeur de Robert Mugabe. Pilier de la lutte pour l’indépendance dans les années 1960, il s’est imposé comme un des hommes les plus puissants du Zimbabwe, tant sur le plan politique qu’économique.

Son limogeage du poste de vice-président, le 6 novembre, a été l’élément déclencheur de la prise de pouvoir par l’armée au Zimbabwe. Compagnon de lutte de Robert Mugabe depuis les années 1960, pilier du régime avant d’en être écarté, Emmerson Mnangagwa est considéré comme l’un des hommes les plus riches du pays. Il pourrait devenir le nouvel homme fort de l’ère post-Mugabe.

Retour sur le parcours de celui qui est considéré comme « l’homme le plus craint du Zimbabwe derrière Mugabe ».

• Années 1960 : la formation

En 1963, Emmerson Mnangagwa intègre les rangs de la ZANU, pour participer à la guerre d’indépendance. Il fait partie des premiers combattants envoyés en Égypte, puis en Chine, pour être formé et entraîné militairement.

A son retour, il prend la tête d’un petit groupe et gagne le surnom de « crocodile », pour son intransigeance.

En 1965, la condamnation à de la prison

Avec son petit groupe de combattants, Emmerson Mnangagwa est arrêté, torturé et condamné à dix ans de prison. Selon certaines sources, c’est lors de cette incarcération qu’il crée des liens étroits avec Robert Mugabe.

Pendant quatre décennie, les deux hommes marchent ensuite main dans la main. A sa libération, Mnangagwa est expulsé vers la Zambie où il étudie le droit.

• Années 1970 : le combattant pour l’indépendance

Débutée en 1972, la guerre pour la libération du Zimbabwe prend fin en 1979 avec les accords de Lancaster House. Aux côtés de Robert Mugabe, alors chef de la guérilla contre le gouvernement de Ian Smith, Mnangagwa est un des leaders de la ZANU. En 1980, l’indépendance de la Rhodésie du Sud est proclamée. Lors des premières élections, en mars 1980, la ZANU emporte la majorité des sièges du parlement, Robert Mugabe devient premier ministre.

• Années 1980 – 1990 : un des piliers du régime Mugabe

 

 

Dès son accession au poste de premier en ministre en 1980, puis au palais présidentiel, en 1987, Robert Mugabe fait de Mnangagwa l’un des hommes les plus puissants du régime. Ministre de façon quasi continue jusqu’en 2014 (sauf entre 2000 et 2005 où il est président du Parlement), il est d’abord chargé de la Sécurité, puis de la Justice, des Finances, du Logement rural et enfin de la Défense.

À partir de 1982 : début de la guerre civile et soupçons d’exactions

Avec la fin de l’alliance entre la ZANU de Joshua Nkomo et la ZAPU de Robert Mugabe, une sanglante guerre civile éclate. Dans la région du Matabéléland, la répression fait plus de 10 000 morts.

Ministre de la sécurité nationale, Mnangagwa était alors responsable de la Central Intelligence Organisation (CIO), le service de renseignements auteur de nombreuses exactions. Certains de ses anciens compagnons l’ont décrit comme « cruel » et intraitable.

• Années 2000 – 2010 : de dauphin désigné à vice-président limogé

 

 

En 2008, alors que Morgan Tsvangirai devance Robert Mugabe lors du premier tour de la présidentiel, l’opposition est victime d’intimidations et de violences, faisant plusieurs dizaines de morts. Mnangagwa est considéré comme l’un des ordonnateurs de cette répression.

À partir de 2014, le successeur désigné de Mugabe

En 2014, Mwangagwa succède à Joice Mujuru au poste de Premier vice-président du Zimbabwe. Plus que jamais, le « crocodile » est considéré comme le successeur désigné du président Robert Mugabe.

6 novembre 2017, le limogeage

Le 6 novembre 2017, Mwangagwa est à son tour écarté du pouvoir par le président, notamment victime des ambitions de Grace Mugabe, la première dame. Il est limogé de son poste de vice-président mais aussi du parti au pouvoir, la Zanu-PF, pour « manque de loyauté, de respect, de malhonnêteté et de manque de sérieux .» Parti en exil, il affirme avoir été menacé, dénonce les méthodes du clan Mugabe et promet de revenir au pays pour diriger le parti présidentiel.

Le 14 novembre au soir, l’armée prend position dans des points névralgiques d’Harare, Robert Mugabe dit être « détenu » à sa résidence.
Jeune AFRIQUE

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