Akon: « Redéfinissons l’image de l’Afrique »

Nous vivons dans un monde où tout est une question d’image et de marketing. Les plus grands professionnels de l’univers sont les États-Unis . Ils ont fait de sorte que les États-Unis soient perçu comme le meilleur endroit au monde, un lieu où il fait bon vivre: la patrie de la liberté, le pays des vaillants, l’endroit où je vais poursuivre mes rêves…

Nous aussi, nous devons être capable de raconter nos propres histoires. Réalisateurs, producteurs de films , professionnels du divertissement, journalistes, c’est à vous qu’incombe la tâche de redéfinir la manière dont est perçue l’Afrique. Vous savez ce qui se passe ici, ce qui a de bien, de mal, de vraiment mauvais. Ce que vous choisissez de montrer c’est ce que le monde verra. Je peux vous dire qu’actuellement à Chicago, on déplore plus de morts que lors de la guerre en Irak. Mais vous ne verrez cette information nulle part. Il y a des choses aux États-Unis que vous ne saurez jamais, car ils vous montrent uniquement ce qu’ils veulent vous montrer. C’est une question d’intégrité nationale, il y a une certaine réputation que vous devez maintenir. Personne ne lave son linge sale en public. L’un des problèmes que nous avons en Afrique, c’est que lorsqu’une chose négative se passe, tous les journalistes s’empressent de relayer l’information. Puis cette histoire se déploie sur internet, d’autres chaines la récupèrent et la rediffusent. Prenons le Kenya par exemple, il y a eu deux attaques terroristes, et la nouvelle s’est répandue partout. Maintenant les gens ont peur d’aller au Kenya car une personne a tiré dans un centre commercial. Quand vous regarder sur internet, vous apprenez qu’il y a eu plus de 25000 attaques aux États-Unis. Mais vous n’êtes au courant que de cinq ou six d’entre elles.

Nous devons revoir notre image. Pour les gens l’Afrique c’est les zèbres, les tigres et les lions. Ils en sont au point de penser que l’Afrique est une immense jungle. L’image véhiculée de l’Afrique est celle de l’époque où l’on se battait encore avec des lances, du temps de Shaka Zulu. Mais lorsque tu regardes les États-Unis, ils te montrent Superman ou Batman. Où est notre Superman? Shaka Zulu devrait être un super-héros aujourd’hui. Donc nous devons raconter nos propres histoires.

Akon discours afrique

Je veux dire, même Jésus est blanc. Et vous y croyez. Et c’est compréhensible. Parce que si l’on vous apprend quelque chose depuis votre naissance, que vos parents vous enseignent cela, ça devient une réalité. Tu ne te dis pas que tes parents sont des menteurs, d’autant plus que leurs parents leurs ont enseigner la même chose. Car c’est l’histoire qui a été inventée pour qu’ils y croient. Nos livres d’histoire aux USA ne relatent que l’histoire de l’Amérique blanche, une culture empruntée à d’autres cultures.

L’Afrique doit enseigner l’histoire de nos ancêtres et les grandes choses qu’ils ont accompli. Ce sera le travail des réalisateurs et des producteurs de films de raconter ces histoires là. Comment voulez vous être perçus? Comment voulons-nous que cette histoire parvienne au reste du monde? La jeune génération doit y réfléchir. Lorsque vous observez le milieu du Hip hop aux États-Unis, tous les rappeurs sont riches, chaînes en or, Bentley, jolies filles en bikini au bord d’une piscine et dans une grande villa…Et quand leur clip est fini d’être tourné, ils appellent un Uber. Ils ne viennent pas avec la Bentley que vous avez vu à la télé. En revanche allez au Nigeria, il y a Wizkid, P-Square, Davido, tous ces gars qui conduisent une Mercedes ou une Bentley dont ils sont les propriétaires. Voilà la différence. Mais si nous ne leur montrons pas cela, ils ne sauront jamais. Ils penseront que nous quittons le tournage à dos de zèbres.

L’image doit être une priorité pour nous, nous devons défendre notre réputation. Si nous laissons les autres raconter les choses à notre place, il le feront de la manière dont cela les arrange. Nous devons raconter l’histoire de sorte qu’elle défende nos propres intérêts. Nous devons redéfinir notre image comme nous la percevons, et raconter notre histoire de sorte qu’ils la comprennent. Qu’ils se sentent suffisamment en confiance pour venir et investir.

Discours tenu lors du Youthconnektafrica s’étant déroulé au Rwanda, dans la ville de Kigali du 19 au 21 juillet 2017.

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